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 Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]

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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyVen 13 Mar 2020 - 10:23
~ Ho non, tu ne voudrais pas que je te pourchasse…Personne ne voudrait~, pensai-je, alors que je vis avec un sourire satisfait tout l’effet de mes paroles sur lui. Son souffle s’est raccourci, et cette lueur dans son regard…Et ce sourire taquin qui me rappelle tant de choses, des choses infiniment plus concrètes que des promesses voilées.

- Je pourrais m’échapper mais…Je n’en ai pas envie.



***
**
*

Je m’éveillai au petit matin, entourée d’une douce chaleur. Il est toujours là. Il est endormi. Je prends garde de ne pas l’éveiller alors que je me redresse dans le lit, pour le regarder. Endormi, le visage détendu, il n’en est que plus séduisant. Je passe de longues secondes ainsi, sans bouger, observant son visage adoré, contemplant toutes ces cicatrices ornant son torse se soulever sous l’impulsion de sa respiration profonde et régulière. Une certitude s’imposa à mon esprit, aussi claire et précise que tout l’amour que j’éprouve : je pourrais tuer pour lui. Abattre quiconque lui ferait le moindre mal. Sans. La. Moindre. Hésitation. Une force tranquille s’installait petit à petit en tout mon être, une force qui me fit me lever de mon lit pour enfiler la chemise qui trônait négligemment sur le sol. Je me sentais forte, je me sentais prête à remuer le monde entier pour parvenir à mes objectifs. Debout, enveloppée par la chemise que j’avais quittée hier soir, je me rendis à la fenêtre pour observer l’horizon, les mains cachées dans les longues manches de ma chemise.

Les projets dont nous avons parlé hier soir se définissent peu à peu dans mon esprit. Le Labret est la seule option viable. Je ne peux rester en ville. Je ne peux rester indéfiniment ici. Et je refuse de revivre dans les faubourgs. Il nous faut notre « chez nous ». Mais comment s’y prendre ? Je ne connais absolument pas le Labret. Je n’y connais personne. Nous ne pouvons décemment débarquer sans couvrir un minimum nos arrières. Je veux une maison où nous pourrions vivre en relative sécurité. Je veux repartir de zéro et apporter mon aide là où on en a besoin. Peut-être que la milice là bas aurait besoin d’un soigneur ? Les dames, d’une personne qui s’y connait parfaitement en concoction de baumes divers ? Les paysans, d’une soigneuse proche d’eux, qui sait de quoi retournent leurs vies, les petits bobos et leurs grands malheurs ? Nous ne deviendrons pas riches, mais nous aurions au moins de quoi vivre décemment, sans devoir mendier notre pain. Jehan, lui, pourrait élever des chevaux, comme il l’a évoqué hier…

Un sourire étira mes lèvres, pendant que je regardais pensivement l’horizon, avant de revenir à la vision de Jehan endormi, en paix. Je n’ai jamais été si sûre de moi et c’est cette certitude qui me porte. Il faudra que j’en parle à Irène. La comtesse d’argent a bien plus de contacts que moi. Elle pourra certainement nous aider, je n’en doute pas une seconde.

A un mouvement du drap, je souris plus encore, murmurant depuis la fenêtre un doux :

- Bien le bonjour, Sire Marmotte.

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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyVen 13 Mar 2020 - 15:17
Son frère était allongé dans la neige, une grande cape pourpre sous lui, étendue comme un drap. La forêt était belle, sombre et calme autour de lu. Le jeune homme souriait en fixant les étoiles à travers la canopée. Une branche écrasée lui faisait relever la tête, et son sourire s’agrandit, tendre et aimant. Irène s’avançait vers lui, sa robe d’un blanc immaculé se confondait avec la neige donnant l’impression que son corps tout entier jaillissait du sol et glissait sur celui-ci.
Elle venait jusqu’à lui, calme et heureuse, le surplombant avant de s’installer à califourchon sur lui malgré l’ample tissu de sa tenue. Il tendait le bras effleurant son visage. Leur sourire était partagé, unique, mais sur deux visages. Mais quelque chose rôdait dans les bois. Dans l’ombre des arbres, des yeux jaunes scrutait le jeune couple, avide de ce qu’ils partageaient. La femme aux cheveux d’argent aperçu la créature et frissonna, son sourire se tordant sur ses lèvres.
Elle secoua la tête comme pour refuser une proposition qu’elle seule entendait. Son frère souriait toujours en la regardant.

Le regard jaune se fit plus insistant, se portant à l’orée de l’ombre prêt à bondir. Irène céda. Comme à contre cœur sa main trouva dans les replis de sa robe un stylet à la lame brillante comme la lune. A deux mains elle souleva l’arme, la pointe dirigée vers le torse de celui qu’elle aimait. La noirceur dans les ombres grogna. Et Irène frappa, encore et encore, toujours plus fort, réduisant le torse de son amant en une bouillie sanguinolente. Pourtant son frère souriait toujours alors qu’Irène se mettait à pleurer. Il l’attira contre lui, la rassurant comme on berce un enfant. Et elle pleurait, toujours plus.
Sa robe pure se souilla dans le sang, devint parfaitement rouge puis se mit à couler comme de l’eau, le sang s’étendant autour d’elle comme une flaque, une flaque qui avalait tout, imbibant le sol, les arbres, recouvrant la dépouille refroidie de son jeune frère. Bientôt il ne resta du monde qu’un océan de sang, et au centre de celui-ci on pouvait entendre les hurlements de désespoir et les pleurs d’Irène.

Jehan s’éveilla difficilement, il n’avait pas eu ce rêve depuis des années, il avait cessé des rêver après qu’il eut fait la première fois. Pourquoi aujourd’hui ? Il entrouvrit les yeux, cligna plusieurs fois pour s’habituer à la lumière. La voix l’éveilla tout à fait, le faisant regarder vers la fenêtre. C’était à cause d’elle, bien évidemment. Il avait cessé de vivre, et cette femme, debout dans la lumière matinale, réactivait en lui des choses qu’il avait enfoui. Il lui en fut reconnaissant. Vivre, même avec cela, était tellement plus agréable que la mort léthargique qu’il avait choisi jusqu’ici.

Bonjour. » Dit-il avec un sourire tout en grognant tandis qu’il étirait ses bras.

La vue de sa silhouette découpée à travers le tissu blanc par les raies de lumière était délicieuse pour se réveiller. Il l’observa quelques instants par pur plaisir gourmand, la tête posée dans sa main, redressé sur un coude, alors qu’elle regardait l’extérieur. Son envie d’être près d’elle ne put être ignoré très longtemps. C’était leur première nuit ensemble depuis des mois, et la seule chose qu’il sentait c’est qu’il ne pourrait s’en priver à nouveau une aussi longue période. A vrai dire à cet instant il se demandait s’il pourrait tenir jusqu’à ce soir.
Il sortit du lit, nu comme un vers, et vint se camper dans son dos, l’enlaçant dans ses bras puissants, la pressant contre lui avec douceur. Ses cheveux santé toujours bon la violette, mais aussi son odeur à elle, bien plus enivrante à son gout. Il ne se priva d’ailleurs pas de s’en remplir les poumons.

Tu ne m’as pas apporté de thé au lit femme ?! » Dit-il sur un ton réprobateur vraiment peu crédible.

Il rit devant son air, et inclina doucement son visage pour pouvoir l’embrasser. C’était le premier baiser de la journée. Le meilleur sans aucun doute… avant le suivant.

Bonjour mon amour. » Répéta-t-il en y mettant les formes cette fois-ci. « Bien dormi ? »

Lui se sentait frais et dispo, bien qu’il fût surpris d’avoir dormi si longtemps. Bien que peu avancée, la matinée était bien présente. Pour lui, toujours levé avant l’aube, c’était surprenant. La chaleur du corps contre lui chassa les dernières bribes de son rêve comme un vent chaud de début d’été fait tomber la neige des branches.
On frappa à la porte, avec une énergie surprenante et pourtant sans agressivité.

Dame Maisonfort ? La comtesse vous fait savoir qu’elle sera prête à vous recevoir pour votre leçon d’ici une heure, dans la bibliothèque. »

Il y eu un silence puis la voix reprit d’une voix beaucoup plus autoritaire, comme une mère grondant un enfant.

Jehan ! Je sais que tu es là-dedans ! J’ai entendu quelque chose tombé hier soir, gare à toi si tu as abîmé quelque chose ! Et ne laisse pas tes affaires traîner veux-tu ? »

Les pas s’éloignèrent dans le couloir à grande enjambée tonique sans lui laisser le temps de répondre, même s’il n’en avait aucunement l’intention. Il se retint juste assez longtemps de glousser pour s’assurer qu’elle n’était plus à portée d’oreille.

Ne t’inquiète pas, on s’habitue à sa sorcellerie, tout ce qui arrive dans cette maison, elle le sait. » Il lui déposa un baiser dans le cou. « Une heure encore… Cela nous laisse encore un peu de temps. Petit déjeuner ? Ou tu préfères te remettre au lit ? » Demanda-t-il avec le sourire de celui qui ne pense pas du tout à une sieste.

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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyVen 13 Mar 2020 - 22:58
Le voir s’extraire du lit avec toute la souplesse d’un chat est un spectacle que je ne me lasse pas de regarder. Son corps est outrageusement avantagé par les quelques rayons de lumière pâle qui illuminent ses muscles. Je ne parviens pas encore à me dire que cet homme sera mon époux. Je m’estime, à raison, infiniment chanceuse. Et c’est avec un sourire heureux que je sens l’étau de ses bras me serrer avec douceur. Sa petite plaisanterie me rappelle ô combien son sens de l’humour m’avait manqué, lui aussi. Sur le même ton, je lui répondis, le regard perdu vers l’horizon, amusée :

- J’attendais que tu le fasses pour moi mais tu as préféré dormir au lieu de prendre soin de ta fiancée. Donc non, je n’ai rien fait, ça me semblait tout à fait justifié !

Je suis secouée par un petit rire avant qu’il ne me vole un baiser. Puis un autre. Abandonnant la contemplation de l’horizon, je me blottis alors dans ses bras, les yeux fermés, ne cessant de sourire. M’imprégnant de son odeur, j’écoutais une fois encore les battements de son cœur, ce petit rituel qui ne me quitte plus. Jusqu’à ce que je sursaute, interrompue par les coups frappés à la porte. J’écoute, inquiète, puis soupire, rassurée. J’eus un regard pour Jehan, un Jehan qui venait d’être grondé comme le dernier des gamins. Je dissimulai un fou rire dans son torse.

- Gare à toi, elle ne plaisante pas on dirait !

Je haussai un sourcil. Alice sait donc tout ? Voilà qui est plutôt gênant. Je n’ai plus vraiment l’habitude de partager mon intimité avec qui que ce soit, alors l’idée qu’on aurait pu nous entendre la nuit dernière me fait rougir jusqu’aux yeux. Et si Irène avait tout entendu elle aussi ? Hem. A vrai dire je n’ai pas vraiment le temps d’y songer davantage. Le regard, le sourire de mon fiancé sont tout aussi explicites que sa proposition.



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptySam 14 Mar 2020 - 18:07


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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyDim 15 Mar 2020 - 21:30
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyMar 17 Mar 2020 - 13:58
Bien que son corps réagit aux caresses bien trop agréable du gants, et au regard intense de sa compagne. Son bas ventre en tension. Il trouva le courage d’opiné au bon sens de Flore. Il avait tant besoin de se gorger de sa présence, qu’il en perdait le sens commun. Heureusement pour eux, Flore gardait un peu plus la tête sur les épaules. Il l’attira contre lui, pour sentir son corps nu contre le siens encore quelques instants.

Tu as raison, nous avons tant de choses à rattraper et à vivre, il ne sert à rien de se presser. J’ai moi aussi des choses à faire pour la comtesse. »

Il la libéra de ses bras et se dirigea vers ses vêtements, éparpillés un peu partout sur le sol de la chambre. Ce qui le fit sourire.

Il y a des robes pour toi dans le placard. » Dit-il en indiquant le grand meuble intégré au bois épais du mur « Je pense que tu es suffisamment en forme pour quitter la chemise de nuit, même si elle te sied particulièrement. »

Il lui sourit, et son regard se promena sans gêne mais avec un désir évident sur son corps encore nu alors que lui-même se rhabiller à regret.

Les jardins me paraissent une bonne idée, nous pourront prendre un peu l’air avant de rejoindre notre lit. » Rigola-t-il. « Je passerais reprendre tes affaires aujourd’hui, j’ai déjà fait demander que la propriétaire de la chope les mette de côté. »

Elle l’aida à finir de s’habiller, nouant sa ceinture alors qu’il caressait son visage. C’était un moment simple mais d’une douceur exceptionnelle pour lui. Un instant d’un quotidien espéré. Dans la même veine, il fut un parfait poids mort lorsqu’elle enfila la sienne, passant son temps à caresser ses courbes et à embrasser son cou, ce qui lui valut des regards critique et des tapes sur les mains. Mais surtout des sourires équivoques et tendre. Arrivé enfin sur le palier de la chambre, lui tenant son épée, elle son ardoise et le livre d’alphabet, ils avaient fière allure, et sourire aux lèvres.
Il l’embrassa avec intensité, la soulevant presque entièrement du sol dans ses bras puissant. En la reposant il chuchota à son oreille.

J’ai hâte de voir le jour venir où tu devras agrandir tes robes à cause de notre amour. A ce soir mon amour. »

Après un dernier baiser volé, il s’enfuit dans le couloir pour accomplir ses tâches, non sans se retourner régulièrement pour la regarder avant qu’ils ne puissent plus se voir.

***

Lorsque la porte s’ouvrit Irène, attablée à un petit bureau d’étude, ne releva pas la tête immédiatement, plongée qu’elle était dans un document qu’elle annoté de nombreux commentaire rapide et précis. Barrant ou soulignant certains passages.
Elle indiqua d’un mouvement de la main le petit canapé qui faisait face à la table basse au centre de la pièce. Invitant son hôte à s’asseoir.

Bonjour Flore. » Fini-t-elle par dire, moins chaudement qu’elle ne l’aurait voulu. Agacée malgré elle par son retard et les raisons de celui-ci.

Je vous demanderais à l’avenir d’être là à l’heure, ou de me prévenir si vous souhaitez reporter une de vos leçons. Mon temps est limité, d’autres tâches m’attendent. »

Elle griffonna encore quelques instants avant de lâcher sa plume en soupirant. Elle se leva et vint prendre place sur le petit canapé près de son élève. Elle croisa ses mains sur ses jambes et posa un regard plus doux que ses mots sur Flore.

Pardonnez mon ton, ma nuit fut courte, mais vous n’avez pas à en faire les frais. Commençons voulez-vous ? Si vous me faisiez une série de lettres pour voir ce que vous avez retenu de nos exercices ?»
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyMar 17 Mar 2020 - 16:31
Je ne me rappelai que trop bien de ces robes. La comtesse m’avait fat essayer l’une d’elles, il y a de cela quelques mois. Un ensemble coloré, très joli, admirablement seyant mais qui ne lassait que peu de place à l’imagination. Je suis une femme modeste, j’ai toujours un peu de mal à enfiler ce genre de tenue, et je suis persuadée que Jehan ne sera d’aucune aide utile. Je choisis donc la plus simple d’entre elles, enfilant une robe teinte en rouge, lacée à la taille, et au décolleté laissant entrevoir la naissance de ma poitrine et ma chemise propre. Je dus frapper avec tendresse les mains empressées de Jehan, sourire aux lèvres. C’était déjà assez difficile de devoir sortir de cette chambre et d’enfiler cette robe, alors si en plus il essayait de me faire faiblir dans mes choix…

- Tu pourras l’enlever ce soir, je te le promets, mon amour.

J’avais de mon côté aidé mon fiancé à s’habiller, avant de remettre de l’ordre dans ma chevelure à l’aide d’un peigne trouvé là. Sur le palier, nous avons l’air tous deux de gamins ayant commis de grosses bêtises mais heureux de l’avoir fait. Je l’observe, ainsi que son épée, et ne peut résister longtemps au plaisir de le prendre dans mes bras, de l’embrasser. Mon cœur s’emballe à nouveau. Non, ce n’est pas raisonnable. Nous avons chacun des choses à faire, nous devons nous séparer et m’éloignant de mon côté, je ne peux m’empêcher de songer, la joie au cœur à ses dernières paroles. Si cela devait arriver, et les Trois savent à quel point j’attends cela avec impatience, je n’aurai plus rien à demander et aurai obtenu tout ce que j’ai toujours voulu. Une famille. Une vraie famille pleine d’amour et de rires d’enfants.

C’est donc les joues roses de bonheur et l’œil luisant que j’entre dans la bibliothèque, voyant Irène concentrée sur quelque chose de visiblement très important. M’indiquant froidement un canapé sur lequel m’asseoir, elle me salua ensuite encore plus froidement si c’est possible, avant de me reprocher mon retard. Je pris place sur le canapé, confuse et toute joie disparue. J’aurais bien voulu avoir une excuse valable, quelque chose à lui dire pour expliquer mais je ne trouvai rien de plus à dire qu’un :

- Pardonnez-moi…Nous n’avons pas fait attention à l’heure. Cela n’arrivera plus, je suis désolée.

Inutile de chercher des explications abracadabrantes. Elle SAIT. Avec tout le raffut que nous avons fait depuis hier soir, il est évident que la dame d’argent a probablement eu son compte de bruits gênants, ce qui me trouble plus encore si c’est possible.

- C…Ce n’est rien Irène, vous avez raison, je ne serai plus en retard. Je suis navrée pour votre nuit.

Et si c’était à cause de nous qu’Irène a si mal dormi ? Quelle horreur…Sortant mon ardoise, en silence, je pris le temps de retranscrire ce que j’avais retenu, réfléchissant longuement entre chaque lettre, me mordant la lèvre à chaque fois que j’hésitais. Je sentais le regard d’Irène sur ma progression et son silence me rendait encore plus confuse. D’abord un…un « a », tout rond avec une canne et un chapeau…Puis un « b », une grande goutte d’eau avec le petit trait sur le côté…Puis un…un « d », une petite pomme appuyée sur un mur…Ha et il y a le « f » ! comme dans mon nom, deux gouttes d’eau qui se disent bonjour…Et…Et…Je baisse les épaules, contrite.

- Je ne sais plus la suite…J’ai…J’ai oublié.

Je regarde l’ardoise, un peu perdue, avant de regarder Irène et de lui tendre l’ardoise. L’écriture est maladroite mais cela ressemble à des lettres, oui.

- Je crois qu’il faut que je revoie le tout…C’est difficile, il y a beaucoup à retenir et j’ai oublié les petits dessins qui me permettent de le faire.

Je dois paraître complètement idiote aux yeux de la comtesse. Je prends une grande inspiration avant de triturer mes doigts, gênée. Et dire que la journée avait si bien commencé. Je ne peux me retenir davantage et lui pose la question, rouge jusqu’aux yeux.

- Est-ce que…est-ce que nous vous avons réveillée ? C’est à cause de nous que vous avez mal dormi, Irène ?
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyMar 17 Mar 2020 - 17:25
Les yeux rivés sur les petits dessins, l’esprit s’évertuant à trouver le moyen pour Flore de retenir plus efficacement leurs cours, même si la seule pratique régulière semblait être la solution. Peut-être lui confié des petits exercices à pratiquer hors des leçons ? Afin qu’elle puisse œuvrer même sans sa présence ?
Elle était si intensément concentrée sur les traces blanches marquant la pierre noire, qu’elle ne comprit pas tout de suite la question de Flore. Elle resta muette quelques instants, puis fit de grands yeux ronds avant d’éclaté d’un rire si soudain et honnête qu’il la surprit elle-même, lui mettant les larmes aux coins des yeux. Elle reprit difficilement son calme et tapota la main de Flore.

Non ma chère, rien à voir avec vous. En réalité votre matinée fut bien plus notable que votre nuit si vous voulez mon avis. Mais vous n’êtes pas si bruyante que cela. On ne vous entend ni de mon bureau ni depuis ma chambre. Et puis, d’une certaine façon, un peu de vie fait du bien dans cette maison. »

Elle avait simplement passé sa nuit à étudier le cas de Clervie de Sombrelune, une menace autant qu’une opportunité, mais qui lui causait bien du souci dans tous les cas. Elle pressa une nouvelle fois la main de la jeune femme et lui redonna sa tablette d’ardoise.
Si elle avait surpris leur ébats, c’était il y a finalement peu de temps, quand elle avait voulu venir chercher elle-même son élève en voyant l’heure approcher. Ses joues avaient chauffé, et son imagination avec elle à l’entente de leurs soupirs gémissement, et presque cris. Elle s’était contentée de regagner son étude, ses sentiments mêlant agacement, jalousie et joie. Elle avait ordonné à Alice de leur faire parvenir de quoi se rafraîchir. Histoire que Flore puisse être quelques peu présentable si elle décidait finalement de venir.
Elle ouvrit le livre sur ses genoux.

Reprenons les une à une alors, ce sera notre objectif du jour, en fin d’après-midi, vous noterez toutes celles dont vous vous souvenez. Et je passerais voir cela, afin de voir la progression de votre mémoire. Nous ferons ainsi jusqu’à ce que vous puissiez toutes les noter sans effort notable. »

Elle indiqua au hasard des lettres parmi les pages, pour que Flore ne se serve pas de l’ordre pour se faciliter la tâche inconsciemment. Lui citant d’abord à l’oral et l’encourageant à retrouver sa forme en faisant appel à leurs exercices de la veille, et quand visiblement elle ne parvenait pas à la retrouver, alors elle lui montrait et prenait le temps de la redessiner avec elle.
Quand elle estimait que la redondance risquait de provoquait l’ennui ou la perte d’attention, elle lui proposait alors de choisir un mot de son choix et de chercher à l’écrire. D’abords en épelant les sons, puis en les décomposant pour voir quelles lettres pouvaient les produire en les combinant entre elles.
Alice vint leur déposer en silence mais un franc sourire aux lèvres, une théière bien chaude et odorante, ainsi que deux tasses avant de repartir vaquer à ses activités. Irène la remercia d’un hochement de tête sincère mais autoriser, ni elle, ni son élève à relâcher leur concentration.

Piouf » Laissa-t-elle échapper après avoir revu une troisième fois les dernières lettres de l’alphabet. « J’ai la gorge sèche, je vous sers une tasse ? » Demanda-t-elle en se penchant sur la table pour remplir l’un des contenants.


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Flore MaisonfortHerboriste
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyMar 17 Mar 2020 - 22:02
Ai-je dit une sottise ? Je l’ignore. En tout cas, j’ai dit quelque chose de drôle car le rire d’Irène se répand dans la pièce. Je pense que je ne l’ai jamais entendu rire de la sorte. Il y a même des larmes dans ses yeux…Elle tapote ma main comme pour me rassurer, ce qui ne me rassure pas du tout, que du contraire. J’avais vraiment peur de lui déplaire, de n’importe quelle manière et l’idée même d’avoir pu, d’une quelconque façon, interrompre son sommeil me faisait me sentir mal. A partir de là j’ignore ce qui me mit le plus mal à l’aise. Son rire, ou le fait de savoir que ma matinée a été, selon ses propres mots, plus notoire que ma nuit. Hem…Oui. En effet…C’est le moins que l’on puisse dire. J’eus un instant de rêverie en revoyant Jehan, ses gestes, ses regards, ses baisers, sa…ses…son…

- Hem…D’accord. Je suis ravie de savoir que nous mettons un peu de vie dans la maison. Et donc cette leçon…

Vite, changer de sujet avant que je ne me perde dans une contemplation extatique de mon fiancé en train de…Rhaaaaa ! Mais non ! Prenant l’ardoise, je m’applique alors, avec toute la concentration qu’il me reste, à tracer encore et encore, reproduire, effacer, recommencer, effacer, faire mieux, encore et toujours. Tout ce mécanisme, tout cet apprentissage est long, fastidieux, difficile pour moi mais après avoir rangé mes expériences torrides dans un tiroir fermé à clé le temps de mes leçons, je trouve un certain apaisement à écrire de la sorte, à tracer, à m’appliquer pour faire mieux. Me dépasser. Quant elle me demanda de choisir un mot à écrire, je choisis tout naturellement celui de Jehan. Le J écrit en majuscule me donna beaucoup de fil à retordre. Trop de boucles, que c’est compliqué, par les Trois…La suite fut plus aisée, quoiqu’étrange. Pourquoi écrire une lettre qu’on n’entend pas ? Cela n’a pas de sens…
Je ne levai pas un instant la tête à l’entrée d’Alice dans la pièce, trop concentrée. Ce furent les mots d’Irène qui m’extirpèrent de mon travail. Irène et une soif terrible d’avoir si fort travaillé et pendant si longtemps. Je déposai l’ardoise sur mes genoux et frottai mes mains avant de faire craquer mes doigts.

- Volontiers.

Je m’effondre un peu dans le canapé, pour la regarder de dos. La comtesse est vraiment splendide. Je ne peux m’empêcher de la regarder, elle dégage un magnétisme terrible, auquel je ne suis pas et n’ai jamais été insensible. Une question me vint à l’esprit et n’a pas le temps d’être filtrée par une quelconque bienséance.

- Irène…Pourquoi vous êtes tout le temps toute seule ?

C’est une question qui me trotte dans la tête depuis un bon moment déjà. Je ne parviens pas à comprendre comment il est possible qu’un tel joyau fait chaire reste si solitaire. Je n’ai jamais vu d’hommes autres que Jehan dans cette maison. Pas même un quelconque prétendant, ou même un petit soupirant. C’est comme si la vie de la comtesse se résumait à son bureau, nos leçons, et d’autres petites courses dont j’ignore tout. Et pourtant…la comtesse est gentille, patiente, magnifique, elle est riche. Elle a absolument tout pour elle alors pourquoi est-elle aussi seule ?
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyMer 18 Mar 2020 - 1:51
Encore une fois, la curiosité de Flore la pris de court, au point qu’elle fit tinter la porcelaine de la tasse en y cognant maladroitement le bec de la théière. Un geste qu’elle maitrisait cependant à la perfection depuis tellement d’années qu’elle ne pouvait se souvenir d’avoir appris à le faire. Elle s’efforça pourtant de finir de remplir les deux contenant sans renverser une goutte et reposa son fardeau. Elle tira machinalement sur le ruban toujours noué à son poignet. Visiblement Flore la questionnait d’un point de vue affectif, amoureux. Sans doute sa relation se renforçant avec Jehan, elle devait voir plus aisément encore l’absence de personne à son bras à elle.

Je ne suis veuve que depuis quelques mois Flore, devrais-je me trouver un beau capitaine pour oublier ma solitude ? » la taquina-t-elle avec un sourire.

A vrai dire elle avait bien fait cela à sa façon, mais en lieu et place d’un capitaine, elle s’était trouvée dans les bras d’une catin au gout de miel. Ombeline lui manqua à cet instant, pour une simple conversation avec son esprit vif, et plus encore. Aurait-elle l’audace de la faire venir ce soir ?
Elle devait cependant penser à un avenir plus si lointain que cela. Son veuvage n’avait que quelques mois de protection, ensuite elle serait encouragée à trouver un nouvel époux, et elle ne voulait surtout pas retomber sous la coupe d’un crétin ou d’un monstre. Pas encore.
Pas après tous les efforts et les sacrifices qu’elle avait faits.
Elle avait déjà des projets en tête, des noms sur une liste qu’elle n’avait écrite nulle part encore. Des avenirs possibles, des amis ou des ennemis à se faire pour garder le pouvoir qu’elle avait accumuler, et servir ses objectifs.
Des gens comme cela existaient, restait à les attirer dans sa toile, ou à tomber dans la leur de la bonne manière. Elle se rendit compte qu’elle fixait en silence le liquide sombre qui remplissait sa tasse. Un gout amer occupait sa bouche, comme si elle réduisait à un schéma politique une question qui ne concernait, dans la bouche de Flore, que son cœur. Elle eut une pensée pour la belle Sydonnie, que dirait-elle en la voyant tourner encore une fois autour d’un sujet pour ne pas y répondre ?
Elle l’imaginait déjà rouler son épaule et serrer les dents. Un jugement silencieux mais impérieux. Cela l’amusa de se la représenter. Une âme-sœur si différente.
Elle parla sans vraiment y réfléchir, esclave d’une soudaine impulsion.

Vous voulez vraiment avoir une réponse sincère à votre question ? » demanda-t-elle en fixant la jeune herboriste. Celle-ci opina du chef après une seconde d’une réflexion qui n’appartenait qu’à elle. Irène inclina la tête.

Très bien Flore. Alors je vais vous donner une réponse, mais une fois cela fait, nous n’en parlerons plus. » Elle glissa sur la banquette du canapé pour se rapprocher de Flore et lui prendre la main. « Fermez les yeux. »

Flore finit par s’exécuter. La comtesse de Valis souleva la main qu’elle tenait, la posant sur la peau douce bordant son corsage, au sommet de sa petite poitrine. L’herboriste pouvait sentir le cœur batte sous la chaire à un rythme tranquille et régulier. Les doigts de l’autre main de la comtesse glissèrent doucement le long du cou de Flore pour se poser sur sa nuque et doucement l’attirer vers elle. Leurs lèvres s’effleurèrent un instant, puis se touchèrent pour de bon. Irène fut d’une douceur infinie mais impérieuse dans son objectif. Son baiser n'avait rien à envier à celui de Jehan, il était seulement différent, moins vigoureux et intense mais plus sensuel et prévenant. Doucement sa langue caressa le bord de la lèvre de Flore qui s’abaissa, naturellement, comme lui avait appris Ombeline. Un réflexe naturel. Juste à la bordure des dents de l’herboriste, leurs langues s’effleurèrent l’espace d’un très court instant. Bien assez pour que la jeune femme près d’elle sente le goût légèrement sucré de vanille de la sienne.
Sous ses doigts la peau se réchauffa presque immédiatement et les battements du cœur s’accélérèrent sensiblement. Elle relâcha sa captive volontaire. Libérant sa main et ses lèvres. Elle se pencha et saisit sa tasse.

Voilà pourquoi je suis seule Flore. Car ce qui fait battre mon cœur n’est pas chose que je puis monter. »

Elle sirota une goutte pour effacer le fout agréable de plante de la bouche de Flore. Cela lui rappelait le lilas. Elle but une plus longue gorgée.

A quel mot passons-nous ? » Invita-t-elle Flore à choisir pour tenir sa promesse et poursuivre sa leçon.
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyMer 18 Mar 2020 - 10:53
Le bruit de cette porcelaine qui tinte m’incite à penser que j’ai encore été maladroite. Je me raidis un petit peu avant de baisser la tête. Je commence à bien connaître les silences de la dame d’argent, j’ai été trop curieuse. Pourtant…ma question n’avait pas pour but de la mettre mal à l’aise, je suis juste inquiète pour elle. Être seul si longtemps n’est bon pour personne. Et une personne telle que cette noble dame mérite elle aussi de vivre un peu de joie. Quel mal il y a-t-il à cela après tout ? Cependant, elle semble ne pas s’offusquer. Elle a même un petit sourire taquin en suggérant la présence d’un beau capitaine à ses côtés. Le soulagement s’affiche immédiatement sur mon visage. Il y a, pour ma part, quelque chose que je dois confesser.

- Nous ne sommes pas faits pour vivre seuls. J’ai attendu longtemps le retour de Jehan, j’ai désespéré. Vous savez…, dis-je très rouge soudain, j’ai, un soir, tenté de rompre ma solitude en acceptant une invitation à dîner, il y avait tant de monde. J’ai rencontré un tailleur, un homme gentil et doux, dans une grande maison située dans les faubourgs. Il était seul, moi aussi, nous…enfin…Nous nous sommes longuement embrassés. C’était intense. Et nous ne nous sommes pas revus, c’était…un moment magnifique dans une situation atroce. Je ne l’ai pas dit à Jehan…Mais…Quand on est persuadé d’être seul et abandonné, la moindre opportunité de rompre cette solitude prend des airs de magie. Et cette soirée hors du temps a été de la pure magie pour moi…Peut-être que vous devriez créer votre propre magie, Irène, personne ne pourra vous en blâmer. Moi, en tout cas, je ne blâmerais en aucune façon, parce que je sais ce que c’est d’être tout seul et en quête d’affection.

J’avais regardé mes genoux, pendant tout mon petit laïus. Il faudra que j’en parle à Jehan, je le sais, mais j’ai peur. Peur qu’il ne s’en aille, peur qu’il ne se méprenne à mon sujet. Je lui parlerai de ce tailleur au sourire magnifique et de ce petit coquillage monté sur une chaine d’argent. Mais…pas tout de suite. Là, je discute d’un sujet qui ne concerne qu’Irène, finalement, et je la regarde enfin. Elle me demande si je veux une réponse sincère.

- Evidemment, Irène.

Très intriguée par la réponse de la comtesse, je finis par faire ce qu’elle me demande, fermant les yeux en me posant un bon millier de questions en une fraction de seconde, ma main dans la sienne. Quelle révélation nécessite donc que je sois ainsi privée de la vue ? Est-ce donc si honteux ? Elle leva ma main pour la poser sur sa peau. Je sentais sous mes doigts pleins de craie blanche la douceur d’une peau fragile et délicate, une peau si fine que je pouvais sentir la moindre petite variation dans les battements de son cœur. Quand je sentis ses doigts se perdre sur ma nuque, j’en ressentis un immense frisson, quelque chose que je ne pouvais pas expliquer avec des mots. Sa main est douce, sa caresse l’est tout autant que ce geste qu’elle a, d’une tendresse folle, afin de déposer ses lèvres sur les miennes. J’aurais pu m’enfuir. J’aurais pu me lever et claquer la porte. Je n’en fis rien. Rien du tout. Je n’en avais pas envie et de toute façon mes jambes auraient refusé de le faire, coupées par une émotion toute nouvelle.

Ce n’est en rien comparable aux baisers de mon fiancé. Là où Jehan aurait manifesté son désir par un baiser intense et conquérant, il n’y a rien de tout cela ici. Rien si ce n’est une douceur infinie et une tendresse que je sentais dans les mouvements de la comtesse. Sous mes doigts, je sentis cette chaleur intense que je ne connaissais que trop bien maintenant et…son cœur qui bat à toute vitesse. La révélation me transperça l’esprit dans un éblouissement. J’allais lever la main vers elle, mais déjà, elle rompt la magie et se détourne de moi pour prendre une gorgée de sa tisane. Ma main s’abaisse, je ne sais pas quoi dire, perdue dans un balancier émotionnel intense. Je sens mon propre cœur battre à une vitesse folle et le rose s’afficher sur mon visage.

- …

Les mots de la comtesse me transpercent le cœur d’une peine atroce. Alors, toute la tristesse dont j’ai été témoin, toute son attitude distante, tous ces sourires de façade prirent un sens. Les doigts posés sur mes lèvres comme pour garder la sensation qu’elle venait de me procurer, les larmes aux yeux, je songeai au martyr qu’elle doit endurer au quotidien. Devoir vivre avec un secret pareil, être mariée à un homme pour lequel on n’a aucun goût, devoir se cacher en permanence. Se taire. Faire semblant. Irène ne mérite tellement pas tout cela…Je suis bouleversée. Profondément et intimement bouleversée par cette révélation. Tout le respect et l’affection que je lui porte sont en un instant décuplés.

- C’est tellement injuste. S’il y a une personne au monde qui ne mérite pas de vivre cet enfer de tristesse et de faux-semblants, c’est vous…C’est…pas juste.

Une larme roule sur ma joue, je n’ai pas pu l’empêcher de s’enfuir. L’injustice est quelque chose qui me soulève le cœur tout autant que la misère. Selon mon propre sens moral, tout le monde a le droit de vivre son bonheur. Et s’il y a une personne ici qui mérite d’être heureuse, c’est elle. Je détourne un instant le visage, pour regarder mes genoux. Et dire que je l’ai embêtée en évoquant mes nuits de passion avec Jehan…alors qu’elle est si seule. J’ai honte. Vraiment honte. Quelle imbécile. Je reprends la tablette, sans plus aucune conviction cette fois, mon esprit cavalant dans toutes les directions. Irène avait dit que nous n’en parlerions plus, alors je respecte sa décision. Pourtant, j’ai tellement de questions. Je prends donc sur moi et pose la craie sur l’ardoise, l’esprit ailleurs.

Non…Je n’y arrive pas. Je n’y arrive pas parce que je suis bouleversée, autant par sa révélation que la découverte que fut ce baiser.
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyMer 18 Mar 2020 - 14:48
Le sourire étire difficilement ses lèvres cette fois, elle n’a pas le cœur à faire semblant alors que la mémoire de l’instant est encore si présente. L’émotion ressentie, son cœur qui bat, la sensation de la pression de ses lèvres. Non, elle n’avait pas envie de sourire ou de faire l’effort de paraître heureuse à cet instant. Alors elle se contente d’hocher la tête et de boire un peu plus de thé.
Même si contrairement à elle, elle ne doute pas une seconde de mériter son sort, elle ne peut pourtant se satisfaire de la solitude qui ronge son cœur.
Elle essaie simplement de tenir tout cela loin d’elle, autant qu’elle le peut. Dans l’intensité des bras d’Ombeline, sous le regard impérieux de la froide Sydonnie, ou dans la douceur des mots de Flore, elle pioche où elle peut ces petits instants de pensées perdues et libres.

Tant bien que mal elles tentent de reprendre la leçon, mais ni le cœur, ni l’esprit ne les accompagnent encore. Et malgré l’envie de progresser de son élève, elle n’arrive à rien pour le moment. Le soleil est haut dans le ciel, au moins dix heures suppose la comtesse.
Elle posa la main sur celle tenant la craie et la pressa, stoppant une énième tentative de la part de Flore de produire sa lettre nouée à une autre.

ça suffira pour le moment Flore. » Elle prend le matériel et le pose sur la petite table avant de reprendre. « Il ne faut pas forcer inutilement lorsque l’esprit est ailleurs. Que diriez-vous de m’accompagner aux jardins ? J’ai quelques coupes à faire, et je pourrais vous montrer quelques plantes que vous trouveriez utile en tant qu’herboriste. »

Elles s’essuient les mains main de la craie blanche qui les couvre. Irène se voit contrainte de tamponner le haut de sa poitrine où l’on déduit sans effort la présence passée de cinq doigts blanchâtres. Cela lui fait retrouver le sourire et rosir un peu des joues. D’un même mouvement elles se levèrent et gagnèrent la porte. Irène mit la main sur la poignée, mais ne la tourna pas immédiatement. Elle se tourna plutôt vers Flore.

Dites-le à Jehan, vous n’avez rien à craindre d’avoir voulu vous sentir moins seule alors même que lui-même n’était pas à vos côtés lorsqu’il l’aurait dû. La responsabilité m’en incombe, et vous n’avez aucune culpabilité à ressentir. Sans doute qu’il voudra vous accompagner pendant quelque mois chaque fois que vous aurez besoin d’un tailleur, mais rien de bien méchant. »

Elle lui fit un clin d’œil pour souligner sa touche d’humour et la rassurer. Elle lui prit la main pour un soudain besoin de contact et ouvrit la porte, les emmenant d’un pas tranquille à travers la grande bâtisse. Au lieu de se rendre directement dans les jardins, elle emmena Flore jusqu’à la petite pièce attenante à la véranda où elles avaient pris le thé la veille après le bain, là où elle stockait son matériel.
Il s’agissait plus d’un débarras que d’un atelier bien organiser. Mais c’était ainsi qu’elle l’aimait, à l’inverse de sa vie parfaitement organisée, elle pouvait être dans cette pièce, aussi brouillonne et spontanée qu’elle le voulait. Des outils, des pelles, des râteaux, des cisailles de toutes les tailles. Des caisses, du cuir, des sacs de graines. Un paradis pour jardinier, mais qui aurait été balayé par une tornade.
Irène se mit à fouiller dans les caisses et revint plusieurs fois jusqu’à Flore pour comparer ses mains à des paires de gants usées. Elle finit par trouver.

Parfait ! » Dit-elle en l’aidant à enfiler les gants, sanglant les lanières autour de ses poignets.

Elle lui trouva aussi un tablier d’un cuir fin et tanné par les années, mais encore assez solide pour protéger sa robe des épines. Après s’être vêtue de la même armure végétale, elle leur dégota à chacune une lame courbée idéal pour le travail en jardin. Elles ressemblaient à des griffes d’aigles aplati et aiguisé à l’extrême afin de se glisser sous une racine ou autour d’une fine branche pour la cisailler sans effort. A cet effet, le bas intérieur de la lame était composé de petites dents.

Je suppose que vous devez avoir des outils approchant, ceux-ci sont une idée de mon jardinier et moi. La lame est plus courbée afin d’entourer les tiges. Venez, je vais vous montrer ! »

Elles reprirent la route des jardins. Irène fit remonter quelques allées à sa compagne, se rapprochant petit à petit du grand chêne. Elle finit par indiquer un bosquet plus épais que les autres. Composé de centaine de petite fleur d’un mauve profond rappelant quelque peu la forme d’une capuche. Celles-ci accrochées à de longues tiges parcourues de feuille presque aussi grande qu’une main.

Ce sont des fleurs de Lamiers, l’une des plantes que je met dans votre breuvage, vous rappelez-vous ? Elle aide l’organisme à purifier le sang, et lutte contre la fièvre. » Irène s’accroupit en caressant une des fleurs du bout de son doigt ganté.

Mais elle est si vivace, qu’elle a la fâcheuse tendance à étouffer ses consœurs en grandissant. Elle les prive de lumière et bois leur eau. Pour éviter cela il faut régulièrement couper les plus anciennes. Ce qui est pour le mieux car ce sont d’elle dont on se sert dans les onguents et les breuvages. Vous voulez m’aider ? Elles sont simples à reconnaître. Leurs feuilles sont plus sombres et des petites taches blanches apparaissent sur leurs feuilles. Inutile de les déraciner, il suffit de couper la tige à une longueur de mains sous la fleur. Ses sœurs feront le reste. »

Avec précaution, elle montra à Flore l'une des tiges en question, glissa l'arrondis de la lame autour et d'un simple mouvement du poignet, la trancha net. Elle déposa la fleur soigneusement près d'elle, et entreprit d'en trouver une autre en invitant Flore d'un regard.
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyMer 18 Mar 2020 - 21:25
Je la laisse stopper ma main. Elle a raison, je n’arriverai plus à rien aujourd’hui, tant mon esprit est en train de vagabonder partout. Une visite au jardin au milieu de ces plantes que j’aime tant ne pourra que m’aider à m’apaiser, je le sais.

- Vous avez raison, je pense qu’une visite des jardins sera…bénéfique.

Je lui abandonne l’ardoise et m’essuie les mains, suivant du regard sa façon d’effacer la trace blanche laissée par mes doigts sur sa peau. Je ne dis rien, je me contente de la suivre jusqu’à ce qu’elle se tourne vers moi, et me suggère de parler de ma rencontre avec le tailleur à Jehan. Comment aborder un tel sujet avec lui ? L’idée même de lui faire de la peine me fend le cœur en deux. J’ignore si j’en aurai la force mais je sais que je n’ai pas vraiment le choix. Je lui ai promis de toujours lui dire la vérité et je tiens toujours mes promesses. Je baissai la tête, un peu honteuse, et dit, dans un souffle :

- Je lui dirai… même si je sais que ce sera difficile.

Je ne sais pourquoi mais j’ai peur de regarder Irène. Une crainte absolument non fondée, d’autant plus que j’apprécie le contact de cette main délicate dans la mienne, qui l’est un peu moins. Pressant mes doigts dans les siens, je la suis, tempête de tissus, jusqu’à ce petit atelier dans lequel elle range toutes sortes d’outils. Il y en a dedans que je n’ai jamais vu. J’ouvre grands les yeux et approche de certains d’entre eux, intéressée. Irène, quant à elle, est toute occupée à fouiller de grandes caisses à la recherche de je ne sais quoi jusqu’à ce qu’elle revienne pour me faire essayer des…des gants ? Je la regarde, en haussant les deux sourcils, confuse :

- Irène…je…Enfin, je ne porte jamais ces choses pour travailler. Ça ne sert à rien…

Peine perdue. Quand la dame d’argent a une idée en tête, il est inutile de chercher à l’en déloger. Je la laisse donc m’attacher ces choses aux poignets, avec un petit sourire content. Irène semble heureuse de faire cela donc pourquoi l’en priver ? Elle complète mon déguisement d’un tablier et d’un outil particulier, qui m’intéresse infiniment plus. Des lames recourbées, des serpes, j’en ai deux, mais pas de cette facture là. Les petites dents m’intéressent particulièrement, cela serait très utile pour couper les tiges les plus robustes. Quoiqu’il en soit, c’est ainsi vêtues que nous sortons et nous dirigeons vers un bosquet de fleurs que je connais très bien…mais pas sous ce nom là. J’écoute Irène m’expliquer des choses que je n’ignore pas, surtout en ce qui concerne le caractère vivace de cette plante. Je me mets à genoux et la suit dans ses mouvements, afin de commencer mon ouvrage.

- Moi, j’appelle pas ça une ortie à fleurs mauves.

J’ai l’impression de ne plus rien dire d’autre que des banalités à pleurer. Alors je me concentre sur les plantes. Enfin…J’aimerais bien, mais ces fichus gants gâchent tout. Impossible de sentir les fibres des plantes de cette façon, impossible de mesurer mes gestes. A quoi cela peut-il bien servir, si ce n’est à garder les mains vierges de toute tâche ? ….ha oui. C’est vrai J’oublie qu’Irène n’est pas comme moi sur ce point et que quelques traces vertes indélébiles pendant quelques jours n’est pas des plus gracieux et du meilleur effet dans les cercles mondains. J’essaye donc de les enlever, discrètement, tout en observant Irène qui semble être concentrée sur son parterre de fleurs. Les rayons du soleil éclairent sa chevelure magnifique de lueurs presque féériques. Elle est splendide, un peu à la semblance de ces princesses de conte de fées des histoires qu'on raconte aux petits enfants. Nimbée d'un halo de mystères, la comtesse me semble être devenue irréelle.

La dame d’argent ne se doute pas un instant – je l’espère – que je suis en train de la regarder d’un œil nouveau. Comment expliquer…Je ne parviens qu’avec difficulté à trouver les mots, des mots hasardeux, des mots simples et qui ne retranscrivent pas totalement ce que je ressens. Irène, c’est cette femme qui a débarqué dans ma vie il y a de cela des mois, requérant mes soins pour un vieil homme à l’agonie. J’ai accepté, parce qu’il est dans ma nature d’aider tout le monde, même si cela me demande des efforts incroyables, comme me rendre, à cette époque, dans la cité, avec aux pieds des ersatz de souliers qui ne tenaient plus que par miracle. Irène, dont j’ignorais alors le rang, a alors décidé de prendre soin de moi, de s’occuper de me faire confectionner des chaussures (que je porte toujours), de me faire soigner au temple. C’est ce jour là qu’une grande main est venue se poser sur mon épaule, la main sur laquelle je dépose tant de baisers désormais, celle de celui qui est aujourd’hui mon fiancé. Elle a été plus humaine et plus gentille avec moi que ne l’ont jamais été tous les gens que j’ai rencontré. Et pourtant, déjà à cette époque, j’avais perçu sa tristesse, j’avais vu cette façade qu’elle dresse devant tout le monde pour dissimuler des choses que je ne comprenais pas alors. Tous les petits mots, les petits gestes, les sourires tristes de la comtesse me revinrent en mémoire et prirent tout leur sens.

Elle ne mérite pas d’être si triste. Elle ne mérite pas de devoir se taire et se cacher. Pourquoi ne peut-elle donc être heureuse avec la personne qui l’aime et qu’elle aimerait en retour ? C’est tellement injuste. L’imaginer malheureuse me retourne l’estomac. Elle qui est l’être le plus gentil et le plus doux que j’aie jamais rencontré…

J’arrête de couper les fleurs, pour la regarder tout à fait. Elle me surprend. Gênée, je me concentre sur les gants, que j’essaye d’ôter, le rouge aux joues.

- Je ne peux rien faire avec ces entraves là…Je ne sais pas comment vous faites, moi j’ai besoin de sentir les plantes sous mes doigts…

C’est très malhabile, comme explication, mais cela a au moins le mérite de donner le change. Enfin, un bref moment.

- Irène…Je ne parviens pas à oublier votre baiser. Les plantes sont inefficaces et c’est la première fois que cela m’arrive.

Et ces lanières qui refusent de céder, bon sang, impossible d’enlever ces fichus gants…La sensation de ce moment unique me revint, avec la force du souvenir récent. Et mon cœur eut un raté. Je levai les yeux vers elle, inquiète. Je ne voulais pas la mettre dans l’embarras, d’autant qu’elle avait bien précisé ne plus vouloir en parler, mais…je ne pouvais garder cela pour moi, il fallait que je le lui dise.
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyMer 18 Mar 2020 - 22:02
Elle croit percevoir les regards, mais ne tourne pas les yeux. Un mélange d’appréhension, de crainte, de curiosité et d’impatience manque de submerger ses gestes. Si bien qu’elle doit redoubler de concentration pour ne pas couper inutilement certaines tiges.
Les gestes de Flore finissent par s’arrêter tout à fait, et Irène comprends qu’elles ne pourront pas simplement faire comme si le monde était exactement le même. Elle la fixe maintenant, ça ne fait plus aucun doute. La comtesse relève alors les yeux et croise ceux de Flore qui s’empresse de les baisser sur ses mains tenues par du cuir qui la gêne visiblement.

C’est pour éviter de vous couper. » Répond-t-elle machinalement, aussi consciente que la femme en face d’elle que les gants non rien à voir avec cet instant.

Il est évident que l’herboriste vit une relation avec les plantes qu’elle-même n’a pas, malgré sa tendresse et son admiration pour celle-ci. Elle n’a jamais eu à compter sur elle pour vivre, et même survivre. Elle les aime, mais sa vie l’oblige à fuir les marques qu’elles pourraient laissées sur elle. Il est étonnant qu’elle parvienne à penser à cela alors que Flore parvient enfin à formuler ce qui la tracasse réellement.
Une longue seconde de silence passe, puis la comtesse se lèvre pour contourner le petit tas de tiges qui s’est accumulé près d’elle. Elle devra les presser et les faire sécher rapidement. Encore une digression de son esprit pour fuir l’instant alors qu’elle s’agenouille face à Flore dans le gazon.

Son outil prend place près d’elle, et d’un geste né de l’habitude, elle défait la lanière de l’un de ses gants en en tirant le cordon entre ses dents. Elle ôte les deux et les poses sur ses genoux avant de défaire ceux de Flore avec la même efficacité. Libérant ses mains du cuirs étroits. Plutôt que la laisser reprendre son œuvre comme elle aurait peut-être dû le faire, elle garde les mains de l’herboriste ouvertes dans les siennes, ses pouces caressant les paumes nues de la jeune femme.
Malgré sa maigreur encore évidente et les nombreuses mais minuscule cicatrice dû à une vie de travail sans les gants qu’elle abhorre tant, Flore conserve de belle mains, plus longues et souples que les siennes. Idéales pour un instrument à corde se dit la comtesse par son habitude d’examen et de potentiel.
Elle suit les lignes nombreuses, se demande ce qu’aurait eu à dire la vielle femme de ce jour de carnaval. Aurait-elle eu aussi quelques mots cinglants pour l’enfant que devait être Flore Alors. Ou lui aurait-elle promis ce capitaine qui n’aurait d’yeux que pour elle ?
Aurait-elle juger son âme ?

Je suis désolée Flore, je n’aurais pas dû. J’aurais dû trouver les mots. Mais sur l’instant il m’a semblé que le geste était si évident, si naturel. Vous vivez beaucoup de choses ces jours-ci. Des choses intenses. »

Elle ne prit pas la peine de souligner que certaine avaient, au vu du bruit, été bien plus intenses que d’autres. Mais Flore n’était pas idiote et conviendrait de l’ensemble.

Si vous avez besoin de me poser des questions, je répondrais dans la mesure de mes moyens et de ma propre volonté. »

Elle releva les yeux et les planta dans ceux deux Flore alors qu’une douce brise fit voleter leurs cheveux.

Alors parlez-moi Flore. Que pensez-vous depuis que je vous ai voler ce baiser ? »

Elle lui offrait de bonne grâce cet acte sous la forme d’un vol pour tenter de la soulager d’une quelconque culpabilité qu’elle aurait pu ressentir. Même si au fond d’elle, elle ignorait tout de ce qui tracassait réellement Flore. Et c’était sans doute cela qui l’effrayait le plus.
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 4 EmptyJeu 19 Mar 2020 - 9:51
Je suis les mouvements de la comtesse avec attention. S’agenouillant face à moi, elle prend le temps de déboucler les lanières qui retiennent ses gants, avant de se concentrer sur les miens. Je la laisse faire, je me contente de l’observer, toute concentrée sur mes mains. Moi, pendant ce temps, j’observe cette créature sortie tout droit d’un rêve. Je l’ai toujours pensé, je le lui ai déjà dit, et je pense que je ne pourrai jamais vraiment me départir de cette impression, Irène n’est pas issue de ce monde bassement vulgaire et sombre. Elle vient de ce pays que nous voyons tous en rêve, quand vient la nuit. Un monde magique où tout le monde est beau et merveilleux. Qu’un être pareil s’intéresse à mon sort ne cessera jamais de m’étonner. D’autant que je n’ai pas toujours été très aimable avec elle. Un jour, je me suis même fâchée, je me suis moquée, je lui ai dit des choses horribles. N’importe qui d’autre m’aurait rejetée à jamais, mais pas elle. Elle m’a permis de dormir dans un lit, et de prendre des forces, de manger. Me consoler par ses gestes toujours doux. Comme ceux qu’elle opère présentement sur mes paumes ouvertes.

Reportant mon attention sur nos deux mains jointes, je ne peux que constater tout l’écart de vie qui nous sépare. Une peau douce, blanche, vierge de toute marque due à un labeur vital, sur une peau légèrement hâlée, un peu rugueuse et sèche, parsemée de petites lignes banches ici et là. La noblesse et le monde paysan. Le jour et la nuit. Attirée comme jamais encore par ce contraste saisissant, je ne peux m’empêcher d’à mon tour effleurer ces merveilleuses étoiles de neige, tandis qu’elle parle.

- Il se passe tellement de choses positives, ces derniers jours. C’est comme si je sortais d’un long cauchemar pour ne plus vivre que de rêves éveillés…Chaque jour apporte son lot de bonheur et de surprise. Et j’ai peur, Irène, j’ai peur que tout ceci ne prenne fin subitement, sans crier gare. Ça doit vous paraître idiot…Alors je profite de chaque seconde, je remplis mon esprit de souvenirs heureux.

Je relève les yeux vers elle, et lui souris, serrant ses mains dans les miennes.

- Vous n’avez rien volé du tout. Si je m’étais sentie en danger, agressée, volée, comme vous dites, j’aurais fui. C’était…inattendu. Et agréable.

Est-ce mal de confesser tout ceci ? Que penserait Jehan s’il nous voyait en ce moment ? Est-il au courant de tout ceci d’ailleurs ? Dire mes pensées ne m’a toujours aidée, parfois cela m’a même apporté des ennuis. J’ai appris à mes dépens, de douloureux dépens, que dire la vérité peut vous plonger dans l’affliction, dans la douleur et dans l’isolement. Et je préfèrerais encore me taire plutôt que de voir Irène s’éloigner définitivement. Parce que son absence a été aussi cruelle que celle de mon fiancé. Elle est, avec Jehan, l’une des seules personnes sur terre à avoir compris qui je suis, au plus profond de mon être. Je le sais et je pense qu’elle le sait aussi, je ferais n’importe quoi pour elle. Donc, être honnête me semble la seule solution. Les joues un peu rouges, je dis, en regardant ses mains :

- J’ignorais qu’une dame pouvait embrasser une autre dame. Ce ne sont pas des choses qu’on évoque, là d’où je viens. On ne parlait pas de ces choses là, avec mes parents, même si Henri disait parfois des grossièretés que je ne comprenais pas toujours. Mais vous…Vous en parlez comme si c’était quelque de mal, quelque chose de honteux qu’il faut cacher. Et je vois votre tristesse, même si vous essayez de la cacher.

Je la regarde à nouveau, cherchant mes mots, des mots qui ne viennent pas, tant je suis perdue dans mes propres pensées. Tout est brouillon, tout est en pagaille, mon cœur et ma tête ont fusionné pour ne former qu’une seule entité aux voix discordantes, c’est extrêmement frustrant et bouleversant à la fois. Toutes ces découvertes successives se résument en une question posée, une fois de plus, sans filtre, synthèse de tout ce que je parviens à comprendre, dans cette complexe situation :

- Comment faites-vous, pour demeurer si tranquille ? A votre place, je serais…enfin…un peu comme moi maintenant. C’est comme si j’étais prête à exploser à tout instant. Je ne parviens pas toujours à me contrôler. Je ne comprends plus rien.

Je soulève sa main droite et la pose contre mon visage, tout comme je le fais si souvent maintenant avec mon fiancé, les yeux fermés. Quand je suis avec lui, j’écoute toujours son coeur, ensuite, pour me rassurer, la tête sur son torse. Je me rappelai alors, distinctement, l’affolement que j’ai pu percevoir sous ma main, dans ce petit salon.

- J’ai senti les battements de votre cœur, Irène. Il battait aussi vite que celui de Jehan.
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