Marbrume


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 Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]

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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyDim 8 Mar 2020 - 17:05
« Détruire la cité, les hommes qui l’habitent, et le monde qu’ils ont créé. Et rire, rire aussi fort que je le peux en regardant l’ensemble brûler ! » Qu’il aurait été bon de pouvoir dire cette vérité simple, sans faux semblant, sans crainte d’être trahie, sans opposition. Bien sûr, ce n’était pas possible devant Flore. Elle avait cru qu’un jour peut-être. Qu’elle pourrait lui parler de ses plans, de ses peines, du château de cartes qu’elle construisait au sein de cette ville dans le seul but de le voir s’effondrer dans le plus grand des fracas. Mais cet avenir s’éloignait à vue d’œil. Et si elle se permettait à présent cette vérité, l’herboriste n’aurait plus aucune chance de quitter ses lieux. Voir de survivre aux prochaines heures.

-« Mener mon veuvage à son terme… » Répondit-elle finalement d’une voix éteinte. Elle tourna le visage vers Flore et lui fit un sourire conciliant. « Comme tant d’autres j’ai perdu mon époux dans lors de la percée de la fange. Je lui rend hommage à ma façon. Mon beau-frère a eu la bonté de me laisser quelques affaires gérer ici à Marbrume après avoir repris la tête de la famille, afin que je ne me sente pas désœuvrée. »

Un mensonge encore. Elle n’avait jamais été aussi puissante et influente qu’à présent. Et son oncle, ce déchet, croupissez dans un faussé entre ici et le labret. Une fin digne de lui. En réalité, elle avait tant de choses à faire que le temps qu’elle s’accordait avec Flore était un luxe.

-« J’ai aussi l’honneur d’accueillir certaines études du Temple ici, chez moi, afin de laisser plus de places au patients et sans abris dans leur locaux. Contrairement à vous, je suis redevable à certain membre du clergé, et aux trois, je tiens à rendre la pareille à ceux qui m’ont tendu la main. »

Et à infiltrer plus profondément mes agents dans leur hiérarchie. Encore une vérité tout juste partielle. Les échanges avec Flore ressemblait malheureusement de plus en plus à son quotidien, un masque face au monde. Mais elle devait la préserver, au moins jusqu’à ce qu’elle ait fait son choix. Vivre avec les secrets de Jehan serait déjà une épreuve en soi. Inutile de lui ajouter des embûches sur cette route déjà étroite et traître. Celle-ci semblait d’ailleurs déjà s’affaiblir doucement dans la fraîcheur matinale. Peut-être avaient-elles un peu trop tiré sur son énergie naissante.

-« Nous devrions aller vous remettre au lit, je doute qu’il soit pertinent de vous garder trop longtemps debout. Et puis j’ai la parfaite activité pour vous occuper même depuis votre couette. Allons tenir une de ces promesses que je vous ai faîtes sans la respecter. »

Irène vint se planter devant elle avec un sourire chaleureux et lui tendit la main pour l’aider à se relever. Il lui faudrait une ardoise et de la craie. Heureusement elle en débordait depuis qu’elle recevait les cours du Temple, beaucoup des apprentis laissant leur matériel sur place. Elle réfléchissait déjà à la manière de commencer. Sans doute mieux valait débuter à la base, l’alphabet.
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyDim 8 Mar 2020 - 21:56
Ainsi, Irène avait un époux ? Je ne peux m’empêcher un sourcil, de surprise. D’aussi loin que je m’en souvienne, je ne me rappelle pas avoir jamais rencontré le comte de Valis. A mes yeux, Irène était justement une de ces dames de légende, belle, solitaire et lointaine, un être d’un autre monde venu ici pour aider les autres. Jamais un aspect aussi « terre à terre » de sa vie ne m’a effleuré l’esprit.

- Irène, j’ignorais…Je suis désolée pour vous, sincèrement.

Elle n’avait jamais évoqué l’existence de cet homme devant moi, j’en suis à peu près certaine. Quoiqu’il en soit, j’ignore comment réagir. Peut-être est-ce à cause de ce décès qu’elle est constamment triste sous son air enjoué, qui peut le dire ? Irène est une énigme, une belle, iridescente et délicate énigme. Comme ce jour où je l’ai rencontrée, je devine, sous cet air poupin et cette façon de constamment surjouer le contentement, qu’il y a des douleurs et des secrets qu’il ne vaut mieux pas évoquer. Des choses terribles, ce genre de choses qui voilent parfois son beau regard d’une ombre si sombre qu’elle m’effraye.
Les bras bien au chaud dans la couverture, je ne peux qu’opiner à ses propos relatifs au Temple. Il faudra, tôt ou tard, que je puisse vider mon sac au sujet des membres du clergé. Peut-être avec l’un d’eux, qui sait. En attendant, je m’en tiens éloignée autant que possible. Je les associe tellement à la trahison, au mépris et à l’humiliation que je préfère ne pas m’en approcher pour l’instant. Quand tout ceci se sera calmé, quand j’aurai retrouvé un peu de sérénité, peut-être que là, je pourrai avoir une conversation décente sans avoir envie d’arracher des yeux et de casser un nez.

- Votre bonté vous perdra, un jour. Croyez-moi quand je vous dis que l’Humanité ne vaut pas mieux que cette Fange qu’elle combat…

Une vérité doublée d’un vécu. Peu de gens, ces derniers mois, avaient réussi à me convaincre du contraire, après tout. J’ai soigné, guéri, écouté à peu près tous les échelons de cette immense échelle sociale qui dicte notre place à tous en ce bas monde. Des petites blessures, de grands tourments, j’ai vu de tout. Des choses très tristes aussi. Et parmi toute cette floppée de bobos graves ou non, il n’y a que deux ou trois personnes qui ont réussi à voir au-delà de leurs propres souffrances pour s’inquiéter de quelqu’un d’autre. Je fronçai un bref instant les sourcils avant d’éternuer, prise par un nouveau frisson. Oui, effectivement, il est temps de rentrer, je ne suis pas encore prête à m’aventurer dehors, même si la vision de ce jardin merveilleux est en soi une motivation supplémentaire. Peut-être que si je me sens mieux cet après-midi…On verra. Quoiqu’il en soit, je prends la main d’Irène et la suit, pressant doucement mes doigts sur les siens, marchant avec d’infinies précautions jusqu’à ma chambre.

Arrivées là haut, je me défais de ma cape de laine et plonge avec bonheur dans ce lit bien chaud, remontant la couverture jusqu’à mon menton, pour me réchauffer. Je jette ensuite un coup d’œil vers Irène, me demandant de quelle activité il peut bien s’agir, en étant à moitié couchée dans un lit.

- Ce n’est pas de la couture, au moins ? Parce que ça, je connais plutôt bien…

C’est même une question de survie, de savoir coudre. Si je n’avais pas eu quelques élémentaires notions de base, nul doute que j’aurais la plupart du temps été à demi nue, en toutes circonstances, compte tenu de l’état lamentable de mon vestiaire. Et malgré toute la patience dont je suis capable…Je déteste la couture.

- Je regrette d’être si affaiblie…J’aurais bien aimé approcher ces jolies roses que j’ai vues près de l’escalier. J’en voyais parfois, avant, dans des buissons. Des roses sauvages, très odorantes. Je n’ai jamais eu le cœur d’en couper pour parfumer mon intérieur…Je trouve ces fleurs tellement jolies…J’aurais eu l’impression de commettre un sacrilège, c’est idiot hein ?

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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyDim 8 Mar 2020 - 22:48
-« Oh non ce n’est en rien idiot, je me suis battue des semaines pour que le plan de rosier qui a donné ceux de mon jardins survive et enfante ses congénères. Elles sont magnifiques, et aussi vivante que vous et moi. Il n’y a rien de plus simple et compréhensible que de ne pas vouloir leur nuire. Moi-même cela me fend le cœur chaque fois que j’en cueille une. Mais j’essaie de me rappeler que pour que le pied reste fort, il doit être soulagé des fleurs les moins productive. Nous y sommes gagnants lui et moi. Restez au chaud, je reviens dans quelques minutes, et promis, pas de coutures »

Elle lui sourit amicalement et se précipita hors de la chambre. Elle gagna rapidement la salle devenue pièce d’étude, qu’elle avait fait libérer pour les étudiants du Temple. Elle reposa plusieurs ardoises après les avoir étudiées. Soit ce qui était annoté lui semblait important, soit elle était selon ses goûts en trop mauvais état. Elle en dégota finalement deux qui lui convinrent, d’un torchon pour les essuyer, et s’empara d’assez de craie pour équiper une petite armée de scribes. Elle se rappelait son propre apprentissage, et de la vitesse à laquelle partaient ces petites pierres blanches quand on pratiquait.

Elle se dirigea ensuite vers sa bibliothèque où elle trouva rapidement l’ouvrage qu’elle cherchait, l’ayant préparé à l’avance au cas où l’occasion se présenterait. C’était un livre pour enfant, sur l’étude des lettres et des mots. Elle avait espéré qu’un jour se serait son enfant qui apprendrait grâce à lui. Elle piocha aussi un livre sur les plantes médicinales de la région de Marbrume, histoire que son élève puisse pratiquer son apprentissage sur un sujet qui l’intéresserait sans doute plus que les écritures saintes. L’ouvrage était massif, aussi long que son avant-bras, et plus épais que sa paume. Le vieux cuir et les pages sentaient un peu l’humidité et la cire. Très agréable à son nez.
Elle revint dans la chambre de Flore avec les bras chargés de ses trouvailles qu’elle laissa tomber sur le bout du matelas avec un air triomphal.

-« Poussez-vous un peu que je m’assois ! »

Sans plus attendre Elle se glissa près de Flore mais sans se mettre sous la couverture. Toute deux dans leur chemise blanche elles commencèrent à étudier ce qu’avait ramené la comtesse. Elle posa la plaque noire dans les mains de l’herboriste et lui confia une craie. L’imitant ensuite elle parla.

-« C’est ce qu’on appelle une ardoise, le papier étant un matériaux cher, seul les nobles un peu trop orgueilleux laisse leurs jeunes faire leur apprentissage sur ce genre de matériaux. Au Temple ils utilisent ceci. C’est très simple à nettoyer et beaucoup moins punitif lors d’une rature. » Expliqua-t-elle en griffonnant une fleur stylisée sur la sienne avant de l’effacer avec le torchon pour démontrer son propos.

-« Utilisez plutôt le torchon que vaut doigts sinon vous allez passer la journée à laisser des traces de doigts blanche partout, et gare à votre croupe si Alice vous attrape, elle a la fessée facile et aucune pitié pour ceux qui salissent les meubles. »


Malgré la menace parfaitement réelle, elle avait suffisamment subi pour le savoir, Irène pouffa de sa propre remarque a l’idée de voir Alice courser une Flore hurlante dans les couloirs. Elle s’empara du petit livre et l’ouvrit à la seconde page, un « a » simple y était écrit en grand, avec en dessous une décomposition de ses traits pour aider à le tracer, ainsi qu’une version majuscule.

« il y a vingt-six lettres dans l’alphabet Marbrumien, celle-ci représente le son a, ils sont la base à connaître pour savoir écrire dans notre langue. Une fois que vous les connaîtrez bien, nous passeront à la grammaire et l’orthographe. Commençons par celle-ci, n’ayez pas peur de vous tromper, ni de poser des questions, d’accord ? Allez faites comme moi. »

Elle commença à lui montrer comment dessiner les a.
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyDim 8 Mar 2020 - 23:39
Je profite de l’absence momentanée d’Irène pour fermer un bref instant les yeux. Le bain, le thé sur la terrasse, toute cette discussion m’a un peu fatiguée et je savoure, sans honte aucune, le confort de ce lit bien chaud. M’emmitoufler de la sorte dans une couverture, allongée à demi, relève du luxe absolu. Jehan a vu, en son temps, sur quoi j’ai l’habitude de passer mes nuits. Irène, elle, ne sait pas. Je me rappelai alors la réaction de cet homme qui a pris mon cœur. Il avait été choqué, non pas parce que je dors sur de la paille, mais parce que je dors, selon lui, dans un mausolée. Cela n’a pas changé le moins du monde. Ma froide et mince paillasse à l’étage est toujours au même endroit. L’inconfort a totalement vermoulu mes épaules et mon dos, tant et si bien que me reposer dans un vrai lit me provoque des douleurs sur toute la surface de mon dos. Au fils des jours, que ce soit en ces lieux ou à la taverne, ces douleurs se sont estompées bien sûr, mais comme pour tout le reste, je craignais de m’habituer à un confort qui pouvait à tout moment disparaître. Il m’était, enfin, impossible de totalement me reposer. Je suis convaincue qu’il me faudra plusieurs jours encore pour y parvenir.

Je rouvre les yeux en entendant Irène revenir et en la voyant poser sur le pied du lit des choses étranges, telle cette plaque noire. De la pierre ? Je plisse les yeux pour mieux voir, mais déjà Irène m’en met une dans les mains, de telle sorte que je peux la contempler sans forcer. Je passe mes doigts sur toute la surface, ressentant chaque aspérité avec étonnement. L’étonnement fut encore plus grand quand elle me tendit un morceau de pierre blanche qui laisse des traces sur la peau. Irène commence alors à m’expliquer, faisant glisser le morceau blanc sur la pierre noire, avant de me montrer quelque chose qui me fait ouvrir tous grands les yeux.

- C’est une fleur ??? Comment avez-vous fait ça ?

Je regarde la pierre blanche, puis la pierre noire et enfin Irène. Je voyais exactement où elle voulait en venir avec Alice. Cette pierre blanche laisse effectivement beaucoup de traces et…qu’est-ce que ça assèche la peau ! Je prends alors le torchon et essuie mes doigts, intriguée.

- Je serai attentive.

Lorsqu’Irène prit le petit livre pour me montrer la suite, je me penchai alors en avant, pour mieux voir. Vingt-six lettres pour exprimer tout ce qu’on veut, c’est pas énorme. Et celle qu’elle me montre là semble être la première de la liste. Je la regarde faire, subjuguée, puis prend une inspiration avant de poser le bâton blanc sur l’ardoise. Un son strident, atroce, me fit lâcher la craie et l’ardoise, horrifiée. En toute honnêteté, je crois que c’est le pire son que j’ai jamais entendu de toute ma vie et je regarde Irène, qui semble en rire. D’accord. Donc la pierre n’est pas vivante Je garde pour moi cette information, de crainte qu’elle ne se moque de moi et reprends le tracé, tirant la langue, sous la longue concentration que cela me demande. Plusieurs essais sont nécessaires et encore, on ne peut pas dire que cela soit concluant. J’ai tellement le désir de bien faire et de savoir que je m’applique, le nez presque collé sur l’ardoise, terriblement concentrée. Après plusieurs essais infructueux, je montre, toute fière, une lettre tracée de biais, bancale et penchée vers un horizon fictif mais parfaitement lisible. Un a. J’attends, avec une petite angoisse, l’appréciation de la comtesse, une fine suée au front.

- Comme ça ? C’est comme ça qu’on écrit un a ?

Une question me vient alors à l’esprit, alors qu’une goutte de sueur perle depuis mes cheveux pour rouler sur ma joue, sans que je ne m’en rende compte. Une question un peu idiote sans doute mais j’ai tellement envie de la poser que je me lance, en donnant mon ardoise à Irène.

- Irène…S’il vous plaît…Vous voulez bien écrire mon nom ? Je voudrais voir à quoi ça ressemble…Vous voulez bien ?

Voilà un privilège inouï. Si la comtesse trace ce que je demande, ce sera la première fois que je vois mon prénom écrit quelque part. Et c’est quelque chose que j’attends depuis…longtemps. Je suis dans un tel état d’excitation, je ne tiens plus en place, j’ai chaud et je sens mon cœur battre à toute vitesse.

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Irène de ValisComtesse & Modératrice
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyLun 9 Mar 2020 - 2:50
Irène laissa le temps à Flore d’appréhender le matériel autant que de pratiquer les dessins lui-même. Heureusement les crissements perdent vite en intensité et la concentration de son élève est sans faille, et terriblement touchante à voir. Elle se revoit pendant ses propres leçons avec sans doute des expressions tout aussi peu élégantes. Elle reprend parfois la forme sur sa propre ardoise quand sa compagne semble hésiter. Elle parvint finalement à obtenir un résultat que la plupart des gens lettré sauraient lire. Pas si mal pour ses premières tentatives.

C’est ça Flore, vous avez écrit un “a“ , félicitation ! » Dit-elle sans aucune moquerie, très heureuse de la satisfaction qui se lisait dans le regard de la jeune femme.

La question qui vient ensuite la surprend tant elle ne lui ait jamais venue à l’esprit. C’est devenu tellement évident pour elle que de signer de son nom. Elle n’a pas envisagé une seconde que la femme qui le porte n’ait jamais vu le sien. Elle hocha la tête avec enthousiasme. Et se mit à l’œuvre.

Tout d’abord, un “F“, en majuscule, ce sont par des lettre de cette taille que nous commençons le phrases ou les noms, pour que ce soit plus simple pour le lecteur. Puis le “l“, le “o“… » Elle nomma chaque lettre, en expliquant leur place, leur prononciation. Comme le “ai“ donnait le son é. « Et voilà, c’est un très beau nom à écrire ne trouvez-vous pas ? » Dit-elle en lui donnant la tablette pour quelle la voit bien.

« Flore Maisonfort »

Je ne veux pas brûler les étapes, alors nous feront les lettres dans l’ordre, mais très bientôt, vous l’écrirez aussi naturellement que si vous aviez toujours sur le faire. Je vous le promets Flore. »

Malgré cela, elle n’effaça pas l’inscription. Quand Flore eut donné l’impression de s’en être suffisamment imprégnée, elle la posa sur le meuble près d’elle, et entreprit de partager la sienne avec elle. Si voir son nom pouvait lui servir de motivation, pourquoi gâcher son plaisir ?

« Allez ma chère, faites-moi encore une série de “a“ et nous passerons à la lettre suivante, le “b“ !»

Et ainsi elles passèrent plus de deux heures à étudier chacune des lettres, certaines plus difficile à encrer dans son esprit que d’autres. Il faudrait y revenir plusieurs fois dans les jour à venir pour qu’elle puisse les écrire sans réfléchir, mais elle était capable, avec un peu de temps, de noter toute les lettres que lui dictait Irène pour lui faire travailler sa mémoire.
A la fin de la dernière série, Irène s’empressa de regarder par-dessus son épaule et sourit. Certaines lettres étaient tordues, décalées, mais elles étaient toute là. Irène prit sa craie et souligna deux séries et dit fièrement.

Vous voyez, vous avez écrits votre nom pour la première fois. Vous seule Flore. »

Irène sourit de toute ses dents. Sur l’ardoise noire ressortait bien en lettre blanche ce nom qui était le sien.

« flore Maisonfort »

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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyLun 9 Mar 2020 - 9:24
Le soulagement peut sans doute se voir sur mon visage. Je m’effondre sur l’oreiller, les yeux fermés, à deux doigts de fondre en larmes. C’est idiot, c’est bête, c’est tout ce que vous voulez, mais…Ce petit cercle blanc sur un fond noir, cette petite lettre toute minuscule et bancale, c’est moi qui l’ai tracée, pas quelqu’un d’autre. J’ai ECRIT une lettre, j’ai FAIT quelque chose. Je ne suis PAS une idiote, je PEUX y arriver. Pour quelqu’un d’aussi savant que la comtesse, pour une femme qui maîtrise tant de savoirs et de belles choses, ça ne doit sûrement pas être grand-chose. Pour moi…ça signifie le monde. Un immense sentiment de triomphe envahit mon esprit. Que mes parents seraient fiers. Ils seraient heureux pour moi, j’en ai la profonde certitude.

Quand la comtesse entreprit de répondre à ma demande, je me redressai et me mis au plus près d’elle pour regarder sa main tracer de nouvelles lettres inconnues jusqu’à ce que je repère cette lettre que je venais de tracer, hochant la tête, perplexe. On n’entend pas de « a » dans mon nom pourtant, qu’est-ce que cela signifie ? Lorsqu’elle me rendit l’ardoise et qu’elle lut tout en me montrant les sons à l’aide de son doigt, je restai un instant parfaitement silencieuse, contemplant le résultat comme si c’était la chose la plus merveilleuse du monde. C’est…le nom de ma famille. Maisonfort. Voir ce mot posé sur l’ardoise, c’est un peu comme si ma famille n’était plus un membre de cette caste de parias honnie par tous. C’est un peu comme si on rendait justice à mes parents et mon grand frère, morts depuis longtemps et dans l’indifférence générale. C’est comme si nous sortions du néant pour devenir « importants ». Vivants. Je pensai soudain à la joie qu’aurait ressenti mon père en voyant ceci et ce que je tentai de contenir depuis quelques minutes finit par crever la surface. J’étais émue. Réellement et sincèrement émue. Peut-être que la fatigue me rendait plus sensible, mettant mes nerfs à rude épreuve, mais je n’y pouvais rien. J’avais attendu, espéré ceci depuis si longtemps. Je n’osais croire qu’un de mes rêves, un de mes objectifs était en passe de se concrétiser. Il est donc possible, pour une femme du peuple, une femme pauvre et obscure, de faire ce que les plus grands ont la chance de faire naturellement. C’est POSSIBLE.

- Irène…Merci…

J’essuie mes yeux avec le revers de ma main et la regarde déposer l’ardoise avant de me rendre la sienne et de me faire travailler encore de longues minutes. La perspective de m’améliorer, le goût de bien faire, le désir de me dépasser me revint, comme avant. Je ne vis pas le temps passer, concentrée, silencieuse et appliquée comme je l’étais.

- Il n’y a pas de raison que je n’y arrive pas. Je ne suis pas plus idiote qu’une autre. Encore…

Ce n’est qu’après deux heures de travail qu’Irène souligna deux mots dans tout ce que je venais de gribouiller sous sa dictée et qu’elle me dit enfin que j’avais écrit mon nom toute seule. Alors oui, c’est très très loin d’être parfait, tout est de travers, il y a des lettres plus grandes que d’autres, il y a des hésitations marquées, des ratures mais…j’ai écrit mon prénom. Et mon nom. Toute seule. Sans m’en rendre compte, mais je l’ai fait. Je me sens si fière et si fatiguée, par les Trois. J’ai l’impression que mon cœur va exploser de joie et que ma main va définitivement se raidir sur la craie.

Je dépose alors l’ardoise à côté de moi et me redresse pour prendre Irène dans mes bras, la serrant aussi fort que je le peux, sans dire un seul mot, la gorge nouée. Cette femme vient d’effacer, par cette simple leçon, par cette attention délicate, des mois de rancœur qui pourrissaient au fond de mon être, nourrie par tous les refus, tous les abandons, toutes les humiliations que j’ai du endurer parce que je voulais écrire. Apprendre des choses. Devenir quelqu’un d’autre. Les yeux fermés, enveloppée par cette douce odeur de violette que nous dégageons toutes les deux, je ne retiens plus mes larmes, exténuée.

- Ne dites rien…Je pleure parce que je suis heureuse. C’est tout.

Je la libère alors et garde l’ardoise à mes côtés, fascinée par ce que je viens de faire. Je n’ose effacer les lettres, je voudrais bien les garder toujours.

- Vous voulez bien me laisser ceci…S’il vous plaît ?

Je sens mes paupières s’alourdir et ajoute, fatiguée :

- Je crois que je vais me reposer un peu. Tout ceci m’a épuisée…
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyLun 9 Mar 2020 - 14:34
Irène fut prise de court par son geste, encore une fois. Sans doute fallait-il s’habituer à être enlacée par cette femme dans ses moments de joie. Ce n’était pas vraiment désagréable, au contraire, c’était simple et honnête. Pour ne pas la stresser en touchant son dos, elle se contenta de caresser son épaule du bout des doigts en attendant patiemment ne disant rien comme il lui était demandé. Les bras finissent par se détacher, et s’empare de l’ardoise comme un trésor précieux. Ce geste rassure la comtesse et la fait sourire.

Bien entendu Flore, mais préparez-vous à l’effacer lors de notre prochaine leçon, vous allez devoir pratiquer encore et encore. Il ne faut pas trop s’attarder sur votre première victoire, bien d’autres vont suivre. »

Elle lui prend la tablette et la pose près d’elle avant de doucement la pousser par les épaules plus confortablement sur son oreiller. Puis de la border bien haut de sa couverture. Dégageant ses mèches de cheveux derrière ses oreilles, elle constata qu’en effet la jeune femme était fatiguée.

En effet, vous avez l’air d’en avoir besoin. Profiter de cette fin de matinée, vous avez bien travailler. Nous continuerons bientôt. »

Après avoir déposer les livres sur un meuble près de l’entrée, et s’être assurée que son invitée n’avait besoin de rien. Irène sortit en refermant doucement la porte et crût presque entendre Flore sombrer dans le sommeil au même instant. Elle souffla et se dirigea vers son bureau, elle aussi avait des choses à écrire.

***

« tchhhhhhhhk, tchhhhhhk »

Le bruit était répétitif, apaisant dans sa simplicité régulière. La peau de la pomme se décollait sous la trajectoire de la lame dont le fil était aiguisé dangereusement. Son regard glissait régulièrement de la forme assoupie à la tablette de pierre noire qu’il avait redressé et appuyé contre le petit vase contenant la fleur d’hiver afin de pouvoir la lire quand l’envie l’en prenait.
Il devait admettre qu’elle était douée, comme pour tant de choses en réalité. Elle l’ignorait simplement. Ses premiers essais à lui avait été nettement moins productif. Et si aujourd’hui il était fier d’être capable de lire et d’écrire, même sans avoir de talent dans ce domaine, il se rappelait parfaitement ses crises de nerfs pendant ses premières leçons. Il en aurait presque eu le poignet engourdit à se revoir tracer tous ces traits grossiers.

Les paroles échangées avec Irène une heure auparavant tournoyer dans son esprit, et réussir à penser à une autre chose lui était salvateur. Avait-elle été honnête ? Se pouvait-il qu’après toutes ces années elle envisage aussi simplement de le libérer de son serment ? De le laisser vivre avec celle que son cœur avait choisi, alors même que cela contrariait ses plans ? Ou avait-elle simplement prévu de leur faire subir le même genre de sort qu’aux autres membres de sa maison ? Flore et lui allaient-ils finir leurs jours dans un fossé ou donner en morceaux à des porcs ?
Quel que soit la motivation réelle d’Irène, sincère ou non, elle le prenait de court, et cela le surprenait. Avec les années il avait su percer sa personnalité au point de comprendre ses plans sans qu’on lui expliquât. Mais depuis la mort du compte, mort qu’elle avait elle-même donnée, elle semblait plus imprévisible, audacieuse. Dans le bon comme le mauvais sens.

Néanmoins les possibilités qui en découlait faisait chauffer le sang dans ses veines. Son regard revint sur sa douce compagne qui semblait doucement émergeait dans la lumière rassurante de ce milieu d’après-midi. Voudrait-elle d’un avenir auprès d’un homme comme lui ? Il ne pouvait que l’espérer.

Bien le bonjour dame Marmotte » Dit-il avec son doux sourire amusé. Après six mois de mine sombre, il était étrange de se sentir le besoin de sourire si souvent en quelques jours.

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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyLun 9 Mar 2020 - 15:37
Mes rêves n’étaient plus aussi agités que par le passé. Il y avait moins de noirceur, il y avait moins de colère, il y avait moins d’horreurs. Doucement, au fil des nuits, au fil des siestes, la couleur revenait, reprenant peu à peu ses droits sur mon esprit malmené et torturé de si nombreuses façons. Il y a de cela quelques mois, j’aurais à peine profité de ce que je suis en train de vivre, j’aurais été inquiète, distraite, effrayée, mais pas là, non. Là, je me contente de me laisser vivre et d’honteusement profiter de ce qu’on veut bien me donner, de ce que Irène me permet et du simple fait de pouvoir être dans la même pièce que Jehan. Je n’avais besoin de rien de plus pour l’instant.

Quand Irène a fermé la porte, j’ai fermé les yeux, gardant à la main la petite ardoise qui porte ma patte et mon nom complet, comme pour me rassurer. Le sentiment d’avoir accompli quelque chose que je m’étais juré de connaître il y a de cela bien des années est absolument délicieux. C’est comme si un poids venait de s’enlever de mon estomac, et que l’horizon des possibilités venait de s’agrandir d’un seul coup. Et de fait, quelles possibilités ! Avec de la pratique, beaucoup, énormément de pratique, sur une assez longue durée, je suis certaine de parvenir à écrire des choses compréhensibles, assez en tout cas pour que mon savoir soit transmis, ce qui est un de mes buts ultimes. Il est évident que je ne parviendrai sûrement jamais au même niveau que ma bienfaitrice, mais au moins je pourrai m’exprimer. Je refuse de quitter cette vie sans avoir laissé mon empreinte en ce monde. Une empreinte positive. Orgueilleuse, certes, mais positive tout de même.

Ma vie semble être à un tournant plus que décisif et pourtant je ne ressens aucune crainte.

Les Gorlois ont péri. J’ai imaginé, avec la plus secrète délectation, toute leur souffrance alors qu’ils s’étouffaient probablement dans leur propre sang, se noyant dans des borborygmes hideux sous le regard d’un Jehan impassible et rempli de mépris. Le Capitaine de la garde d’Irène m’avait dit qu’il refuserait que j’aie du sang sur les mains, mais ces mots ont été prononcés il y a quelques mois. Plus aujourd’hui. Les choses ont changé. J’ai changé. Si j’avais été assez forte, si j’avais été assez entraînée et habile, j’aurais volontiers égorgé ces hommes moi-même après les avoir obligés à me baiser les pieds et après les avoir entendu supplier pour leur misérable vie. Jehan s’en est chargé, je n’ai plus d’ennemis à haïr. Et toute cette haine, disparue, laisse de la place pour d’autres sentiments, d’autres personnes, d’autres événements à venir.

Irène l’a dit, et elle a raison, je ne peux retourner exercer mon art dans les Faubourgs. Parce que la disparition des porchers me serait automatiquement imputée, bien que j’aie un alibi et des tas de témoins qui pourraient attester de ma présence à la taverne. Parce que ma réputation est définitivement ternie à cause de ces deux crétins qui pourrissent quelque part dans un champs. Parce que moi-même je désire quelque chose de plus. Je veux du plus grand, du plus fort, du plus intense. Je veux prendre en main ma destinée et ne plus être spectatrice de celles des autres. Il est temps que je m’accomplisse. Or, de quelle manière accomplir cette nouvelle vie que je souhaite si ardemment ? Rester ici, au service d’Irène, et me dévouer à elle, corps et âme ? Offrir mes services à d’autres nobles afin de garder une certaine liberté vis-à-vis de la dame d’argent ? Partir de la cité, pour aller vivre mon rêve là bas, au Labret, en compagnie de Jehan ? Il y a tellement de choix que cela me trouble beaucoup. Je sais que je dois prendre une décision et pourtant je laisse les choses se passer, sans chercher à apporter mon petit grain de sel. Là, en réalité, tout ce que j’ai envie de faire, c’est dormir, manger, apprendre, redevenir une femme et non une ombre.

Ce fut la douce lumière du milieu d’après-midi qui me réveilla. Ouvrant un œil, puis l’autre, je vis alors, non loin de mon lit, la haute silhouette de Jehan, tout occupé à éplucher une pomme. Je ne dis rien, pendant quelques secondes, profitant en secret de sa présence, l’observant avec un léger sourire. Je ne pus pourtant cacher mon réveil bien longtemps. Il devait avoir senti que je le regardais, puisqu’il me salua avec un sourire, que je lui rendis :

- Bonjour Jehan…

Je me redressai un peu sur l’oreiller, avant de frotter mes yeux et de regarder la pièce, baignée d’une douce lumière.

- J’ai trop dormi, dis-je en boudant un peu. Je voulais aller me promener dans le jardin avant que la nuit ne tombe.

J’étirai mes bras vers le haut, faisant craquer mes phalanges avant de reporter mon attention sur lui et de prendre au passage la petite tablette afin de la lui montrer, tout sourire :

- Regarde ! C’est moi qui ai écrit tout ça ! Tu as vu ?? C’est mon nom ! Il faudra que tu me montres comme on écrit le tien, je veux tout savoir, maintenant !

Je posai la tablette sur mes genoux, perdue dans la contemplation de mon « œuvre » avant de revenir à lui, un peu gênée :

- Désolée, je me comporte comme un enfant. Mais je suis tellement contente, si tu savais !


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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyLun 9 Mar 2020 - 16:52
Jehan avala difficilement sa salive en la regardant s’étirer, le tissus blanc collant ses formes. Même affaiblie et aminci comme elle l’était, le capitaine de la garde trouva ce geste terriblement sensuel. Elle lui faisait cet effet, sans doute malgré elle. L’amour était décidément une chose complexe à appréhender, mélange incompréhensible de tendresse, de désir et de crainte. Il n’avait que très peu oser la toucher depuis leur retrouvaille. Ne sachant pas exactement où elle était par rapport à leur relation, ses sentiments. Pourtant il ne pensait qu’à l’embrasser, et plus encore.

Le jardin ne va pas s’enfuir, et il n’est pas si tard si tu le souhaites. » Dit-il sans se départir de son sourire ni lui cacher son regard dont la chaleur n’était pas innocente. S’ils voulaient avoir une chance, ils devaient d’être eux-mêmes à chaque instant.

Son sourire s’élargit devant la fierté qu’elle exprima en lui montrant son œuvre. Une pierre dans l’eau pour le monde, mais un raz-de-marée pour elle. Il déposa son attirail et couvrit doucement ses doigts fins de sa large paume. Naturellement, presque inconsciemment il se pencha et trouva ses lèvres auxquelles il vola un doux baiser.

Ne t’excuses surtout pas, qu’il est bon de te voir heureuse. Je serais heureux d’écrire mon nom au coté du tiens, aussi longtemps qu’il te plaira. »

Il se renfonça dans son siège mais n’eut point envie de lâcher sa main qu’il garda dans la sienne, la pressant doucement pour profiter de sa chaleur. Que ce contact était agréable. Bien loin de celui de la sensation encore puissante de ses lèvres sur les siennes. Mais bien assez pour le faire se sentir bien. L’impression de ne pouvoir vivre que de ce genre de contact avait une puissance certaine en lui.

Te sens-tu reposée ? Je sais que l’apprentissage de l’écriture peut être éprouvant. Tu ne dois pas forcer, tu te remets à peine. »

L’inquiétude dans sa voix était si sincère et naturelle qu’elle le surprit lui-même. Il n’avait pas pour habitude d’exprimer à voix haute ce genre de chose. Mais avec Flore c’était normal, elle était sa moitié. Ce simple constat lui rappela les propos d’Irène. Devait-il aborder le sujet ? La laisser venir à lui lorsqu’elle serait prête ?
Non, il ne pouvait prendre ce risque. Si elle pensait qu’il ne disait rien car il ne souhaitait pas aborder le sujet, ou pire qu’il ne l’aimait pas assez pour l’envisager. Non, il ne pouvait pas prendre le risque de la perdre uniquement en se taisant.
Elle lui avait laisser entendre cette nuit-là dans la cuisine, que les sentiments qu’ils partageaient étaient toujours vivace dans son cœur. Il devait savoir quitte à être briser par sa réponse.

Irène m’a parlée de votre discussion. » Il releva le visage pour fixer ses yeux avec intensité. « Je veux une place dans ton avenir Flore, je sais que j’ai fait de nombreuses erreurs, que je t’ai fait du mal. Mais j’aimerais avoir une chance de me racheter. Être celui que tu penses digne d’être à tes côtés. Je dois savoir si tu penses qu’il y a une chance pour nous. Si tu peux m’aimer encore, comme je t’aime. »
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyLun 9 Mar 2020 - 20:56
- Tu as raison…D’autant que…Cela fait si longtemps que je ne suis plus sortie de nuit, sans avoir peur de quoi que ce soit. Peut-être…Peut-être que le crépuscule serait plus adapté à une promenade.

J’osai un sourire, timide, avant de lui abandonner ma main, une main qu’il couvre avec douceur de sa large paume avant de se pencher pour venir quérir un baiser. Un rapide et timide baiser, un de ceux auxquels il se tient depuis nos frêles retrouvailles. Allongée dans ce grand lit, ma main dans la sienne, je ne pouvais plus détacher mon regard de cet homme tant chéri que j’ai failli en perdre la raison. Il est difficile pour moi de me dire qu’il est bien là, qu’il est avec moi, que je ne suis plus sous influence et que peut-être un avenir se profile. Cet avenir pour lequel j’ai tant pleuré, j’ai tant prié…

- J’ai dormi quelques heures, je pense, je ne parviens pas à deviner l’heure qu’il est quand je suis ici. C’est un peu comme si chaque journée était un nouveau voyage vide de repères afin que je puisse mieux m’y perdre. Ce n’est pas désagréable…Mais ne t’inquiètes pas…Je vais bien mieux.

Jouant avec ses doigts, lui décochant un sourire tranquille, apaisée, je ne le quittais pas des yeux et je vis que quelque chose semblait le tourmenter. Il ne fut pas long avant de dire ce qu’il avait sur le cœur et je l’écoutai, bien entendu, je l’écoutai comme je n’ai encore jamais écouté personne. Une douce chaleur, teintée de bonheur et de joie, irradia mes joues, tandis qu’il me disait ces mots que j’ai si souvent entendu dans mes rêves. Ma main toujours dans la sienne, je me tus quelques secondes, ne cessant de le regarder, avec un sourire léger. Je pressai alors sa main, avant de répondre :

- Pendant ces longs mois, j’ai cru que tu étais parti parce que je n’étais pas assez bien pour toi. C’est vrai, après tout…Qui voudrait d’une petite paysanne des faubourgs, pauvre, sans famille et sans amis, pas même jolie ? Quand tu es parti, si soudainement, sans me donner d’explication, j’ai d’abord cru qu’Irène t’avait envoyé en mission, que tu reviendrais. Et j’ai attendu ton retour, chaque jour que les Trois ont fait. En vain. Alors…alors j’ai laissé les doutes et l’amertume prendre le dessus.

Les mois les plus longs, les plus atroces et les plus solitaires de toute mon existence. Ma main dans la sienne, je ne cherche pas à dissimuler ces cicatrices horizontales qui tranchent ma chair au niveau de mon poignet. Je soupirai et regardai le plafond, pensive. Je ne veux pas qu’il culpabilise encore plus, je le sais déjà en train de souffrir des tourments terribles en cet instant. Et je serais bien cruelle de l’accabler davantage. Par contre, j’estime qu’il doit savoir ce qui m’a sauvée de la perdition définitive. Je reportai mon attention sur lui, qui semblait sur des charbons ardents, avant de presser à nouveau sa main, en douceur.

- Le seul moyen que j’avais de t’avoir à mes côtés, le seul moyen que j’avais de ne pas périr seule dans ma chaumière, ce sont ces plantes dont Irène m’a aidée à me débarrasser. Elles me permettaient de te voir, tous les jours. Tu étais comme dans mon souvenir. Heureux. Souriant. A mes côtés. C’est le seul moyen que j’ai trouvé afin de ne pas devenir folle de chagrin.

Me redressant à demi, ce fut à mon tour de baisser la tête pour regarder sa main dans la mienne, en silence. Un long silence seulement perturbé par les chants d’oiseaux annonciateurs du crépuscule. Et enfin par ma voix, posée sur un murmure inquiet :

- La dernière fois que je t’ai dit que je t’aimais, tu es parti. Qu’est-ce qui me dit que cette fois, tu resteras, Jehan ? Je ne survivrai pas à un autre abandon…Je n’aurai pas la force d’endurer ton absence à nouveau, je crois que je préfère encore mourir.

Je relève alors la tête vers lui, inquiète. Il ne s’agit certainement pas d’une menace ou d’un quelconque chantage, il s’agit de la stricte réalité. Mes yeux parleront pour moi. Lui qui me connait si bien saura en cet instant que mes sentiments pour lui sont intacts mais que j’ai peur. Peur d’être à nouveau abandonnée à mon sort, privée de son affection, de sa radieuse présence à mes côtés. Et c’est cette perspective menaçante qui m’empêche d’être plus libre, d’être plus franche dans mon attitude envers lui. J’ai tout simplement peur de souffrir à nouveau, même si je l’aime de toute mon âme.
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyLun 9 Mar 2020 - 22:46
Il n’avait pas parlé des marques sur ses poignets. Il s’en sentait la responsabilité et imaginait le désespoir qui l’avait poussée à voir dans cette erreur une solution. Cette ombre était passée dans son esprit aussi plusieurs fois ces derniers mois. Alors les plantes, les cicatrices, tout cela était un écho de ses propres pensées. Mais en quelque jours, rien qu’en la voyant reprendre quelques forces, sourire à nouveau même inconsciemment. Il s’était senti lui-même plus vivant. Il espérait, sans savoir quoi exactement.
Et à présent qu’Irène avait contre toute attente entrouvert la porte de sa liberté, cet espoir gonflé au point de tendre chacun de ses muscles. Il devait juste en convaincre Flore. L’emmener avec lui vers une vie meilleure, une vie où ils pourraient faire du bien autour d’eux, et surtout une vie où ils pourraient s’aimer. Peu importe qu’elle soit difficile, ils seraient ensemble pour tout affronter. Juste la convaincre qu’il voulait vraiment être là et que cette fois, ils en avaient l’occasion, une réelle occasion. Ils suffisaient qu’ils restent ensemble.

Epouse-moi Flore Maisonfort. »

Il fut si surpris de sa réplique qu’il faillit regarder autour de lui pour voir qui avait parlé. Mais avant qu’il puisse le faire une profonde conviction s’était emparé de lui et l’obligeait à fixer Flore, ses deux mains tenant les siennes. Sa voix était plus déterminée quand elle parvint à nouveau à ses oreilles.

Prend mon nom, devant les trois, laisse moi être celui qui partage ta vie. Je ne peux te promettre la fortune, la facilité ou la réussite. Mais tu auras mon amour sans limite. Nous construirons chaque jour de nos propres mains, loin de nôtre passé et de nos regrets. Loin d’ici. Je passerais le restant de mes jours à te rendre heureuse Flore, pour peu que tu m’acceptes à tes cotés et que tu partages avec moi le lien du ruban. »
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyMar 10 Mar 2020 - 9:30
Mon cœur eut un raté.

Puis un deuxième.

Et encore un autre. Avant de repartir de plus belle, à une allure si vive qu’il m’en fait presque mal. Me redressant tout à fait, mes mains dans les siennes, j’écoute ses paroles, sans l’interrompre une seule seconde. En cet instant, cet homme assis dans ce siège, dans cette maison qui ne nous appartient pas, est en train de me demander de l’épouser. Serrant ses mains un peu plus fort, je ferme un instant les yeux, en me demandant s’il était possible de recevoir autant de bonheur sans devoir payer une terrible contrepartie. Ai-je déjà payé ? Est-ce donc cette récompense pour laquelle j’ai tant prié, tant souffert ? Une vie avec lui, loin de cette cité, dans un endroit nouveau ? Je craignais qu’il ne désire rester aux côtés d’Irène, par loyauté. Je craignais qu’il ne renonce à moi à cause d’un principe obscur. Je craignais de le perdre, une fois encore.

La crainte venait de s’envoler.

Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour il me demanderait cela. Jamais. La surprise est donc totale et les répercussions, immenses. Sans dire un mot, bouleversée jusqu’à l’âme, je ne peux, en cet instant que lever une de ses mains et la poser sur ma joue, dans un geste qui n’est pas sans en rappeler d’autres, lors d’une longue soirée il y a de cela quelques mois. Sous ses doigts il pourra sentir une pommette saillante, mais aussi toute la chaleur de cette joue qui rosit de bonheur. Je rouvre les yeux avant de prendre cette main et d’y déposer un baiser, un baiser doux et délicat, alors qu’un sourire étire mon visage encore chiffonné par le sommeil.

Gardant sa main dans la mienne, je m’extirpe alors de ce grand lit, aussi habilement que je le puis, pour le rejoindre, m’asseoir sur ses genoux et poser ma tête sur son large torse. C’est devenu un rituel auquel je tiens, écouter ce bruit que j’aime, le son d’un cœur qui bat et qui, en cet instant, ne bat que pour moi, à une vitesse effrénée. Je laisse un silence s’installer dans la pièce, bien consciente qu’il attend une réponse. Egoïstement, je voulais juste faire durer un petit peu cet instant, qui n’appartient à personne d’autre qu’à nous, pour le graver à tout jamais dans ma mémoire. Il ne dit rien non plus, patient et se contente de me garder contre lui.

Me redressant alors sur ses genoux, je lui fais face, avant de déposer ma main minuscule sur sa joue à lui, laissant mon pouce passer délicatement sur ses lèvres, avec un sourire, le regard luisant de joie. Un sourire qui répondra avant moi, venant sceller mon accord dans un baiser tendre, rompant cette magie pour souffler à son oreille :

- Je t’aime.

Je posai alors ma tête sur son épaule tout en le serrant contre moi, m’imprégnant de son odeur, le cœur sur le point de se rompre tant il bat à une vitesse excessive.

- Je n’ai rien à t’apporter si ce n’est ce que tu tiens déjà contre toi et que tu as emporté pendant ton absence. Mon cœur. Et si cela te suffit, si tu es prêt à vivre une vie différente, une vie de labeur, une vie de périls et d’amour, loin d’ici….Alors je t’épouserai.


Le mot de la joueuse:
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyJeu 12 Mar 2020 - 17:42
Son cœur battant comme un tambour à ses oreilles, Jehan se sentait plus fébrile qu’il ne l’avait jamais été. Comme une brindille prête à se faire souffler par le moindre mouvement d’air. Il n’osait y croire, incapable de s’imaginer obtenir ce que son cœur lui avait toujours refusé tout en l’espérant ardemment. Pourtant la réponse vint, et plus surprenant que tout, elle fut positive à sa folle requête. Le capitaine en resta abasourdi quelques instants, sous le choc. Puis la joie afflua dans ses veines, le dotant d’une énergie nouvelle et enivrante. Il souleva la jeune femme toujours dans ses bras, la gardant blottie dans ses bras, tournoyant avec elle dans la chambre vide, renversant la chaise sur laquelle il était assis un instant plus tôt. Il riait.

Son euphorie redescendit finalement juste assez pour qu’il se préoccupe de l’état de sa passagère et les ramènent vers le lit. Il ne la déposa pas sur le matelas. Préférant la garder dans ses bras, comme il pourrait le faire dans les années à venir. Il s’assit en la pressant contre lui. D’une main il souleva son visage et l’embrassa avec bien plus de passion et de nécessité que les baisers qu’il osait lui prendre ces derniers jours. Ils s’appartenaient l’un à l’autre désormais. Une cérémonie rendrait cela officiel aux yeux de l’état et du clergé, mais la promesse entre eux était déjà dite et scellée à ses yeux.

Je t’aime Flore, et c’est un honneur et une joie que de prendre ta main et ton être tout entier à mes côtés. »

Sa main parcourait la jambe de la jeune femme avec tendresse et excitation par-dessus le tissu blanc. Tant de sensations parcouraient son être. Lui donnant l’impression de mélanger dans un équilibre précaire, ivresse et clairvoyance.

Dès que tu iras mieux nous nous marierons, et nous trouverons un lieu qui sera à nous Flore. Juste toi et moi. Je le bâtirais s’il le faut. Nous pourrons faire tant de chose à nous deux ! »

Son esprit fonctionnait à tout allure.

Je pourrais proposer Braise à la reproduction, c’est un excellent cheval, une bonne base pour élevage. La milice serait ravie de profiter de bons chevaux en échange d’une solde correcte ! Il nous faudrait juste quelques terres hors de la ville. Au Labret peut-être ? Et tu pourrais ouvrir une boutique, ou fournir tes onguents aux villages ? Que veux-tu faire Flore ? Je t’imagine mal renier ta profession. Tu es trop douée pour ne pas dispenser ton aide, mais le choix t’appartient. Nous pourrons tout faire. Nous avons une vie entière à bâtir. »

Son regard glissa sur l’ardoise où était écrit le nom de sa bien-aimée. Il temporisa doucement sa fougue, à ce rythme dans une heure il les emmenait sur une cariole en direction de l’avenir. Il ne put tout de même pas se départir du sourire qui lui mangeait le visage.

Mais nous avons le temps de discuter de tout, tu dois te remettre, et tes leçons sont importantes, je serais bien moins bon professeur qu’Irène. Et il te faudra des forces pour me supporter le reste de ta vie ! » Dit-il en riant presque. « Profitons de son hospitalité le temps de nous préparer. Je dois aussi m’assurer de ne pas la laisser seule trop soudainement et sans soutien. Je ne doute pas de sa capacité à s’en sortir, mais j’ai déjà failli à ma promesse envers toi une fois, je ne veux pas en trahir une seconde. Avec personne. »

Sa main avait passée le tissus et caressait doucement le genoux nu de sa compagne qui malgré sa finesse lui semblait chaud et doux dans sa paume.
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyJeu 12 Mar 2020 - 22:47
La surprise me fait m’accrocher comme une désespérée à sa chemise alors qu’il tourne comme un fou dans la chambre, m’entraînant dans son bonheur avec la joie candide d’un enfant. Je m’accroche comme je peux, en riant à mon tour, tout simplement heureuse de le voir heureux. Une chance que la porte soit fermée, Alice aurait pu venir, juste pour voir ce que signifie tout ce raffut. Et cette chaise à terre ! Elle qui prend grand soin de tout le mobilier, nul doute que Jehan aurait été grondé. Mais honnêtement, qui aurait le cœur de nous gronder, aujourd’hui ? Nous sommes fous de joie, il n’y a rien de plus à expliquer. Lorsqu’il prend place sur le lit, afin de me ménager, il semble se calmer un peu pour mieux voler un de ces baisers ardents qui me laisse à court de souffle.

- Si je m’écoutais, nous serions déjà en route vers le Temple afin que cela soit officiel. Mais…J’ai des choses à régler avec les prêtres, avant. Je ne veux pas t’épouser avec un cœur pétri de mauvais sentiments à leur égard.

La partie s’annonce difficile. Je n’en connais aucun qui soit disposé à m’écouter vider mon sac plein d’amertumes. Si aucun d’entre eux n’a le courage ou l’envie même de faire son devoir, je déposerai ce sac plein de rancunes aux pieds des Trois. Après tout, c’est à eux que je dois rendre des comptes, pas à leurs serviteurs. Jouant avec la cordelette qui serre sa chemise au niveau de son torse, je demeure silencieuse un instant, tandis que je réfléchis à ce qu’il propose. Il dit tant de choses en si peu de temps ! Notre maison, rien que ces deux mots là…Je l’imagine pas bien grande, mais confortable, avec un petit lopin de terre pour me permettre de cultiver ce dont j’ai besoin pour proposer mes soins. Je le vois lui apporter son aide à la milice, élevant des chevaux, ce qui me fait me redresser un peu, pour demander :

- Fûtée…où est-elle ? Est- ce qu’elle est toujours en vie ?

Cette douce jument a été le premier témoin de sentiments naissants. Une presque amie, si douce à mon égard. La revoir me ferait énormément plaisir, mais certes pas autant que cette radieuse perspective de pouvoir, enfin, faire ce pour quoi je suis née. Aider les gens. Apporter un soutien, un soin, dans un endroit neuf. Repartir à zéro.

- Je ne veux plus avoir faim. Je ne veux plus avoir peur. Je veux faire ce que je sais faire de mieux : soigner. Si notre maison est assez grande, je pourrai même recevoir des patients. Echanger mes potions contre ce dont nous avons besoin, qui sait ? Est-ce que tu imagines cela, Jehan…J’ai tellement peur que ce bonheur nous échappe, j’ai tellement peur que cela ne soit qu’un rêve. Je pense…je crois que nous méritons notre bonheur. Je le crois de tout mon cœur. Je ne laisserai personne se mettre en travers de notre route.

J’eus un sourire à l’évocation d’Irène. Oui, bien sûr qu’il ne peut partir de la sorte, en la laissant seule. Il faut également s’assurer que la comtesse d’argent ne tombe pas entre de mauvaises mains. Jehan la connait infiniment mieux que moi, il saura quoi faire. En attendant, il a parfaitement raison. Rester ici en attendant de vivre ailleurs est la solution la plus adaptée, surtout si je veux bénéficier de ses leçons avant de m’en aller. Au moins, je serai un peu plus concentrée qu’en compagnie de Jehan, je ne le sais que trop bien. Surtout s’il s’amuse à me perturber les sens, comme il est présentement en train de le faire.

- En parlant de promesse…

Je redresse la tête vers lui, avec un sourire aussi large que le sien avant de me redresser sans crier gare, passant mes jambes de chaque côté de ses hanches avant de lui voler, à mon tour, un baiser ardent, son visage en coupe dans mes mains. Toutefois, je ne lui laisse pas le temps d’en profiter. Je romps le baiser et le pousse de manière à ce qu’il se renverse, allongé de tout son long, tandis que je le regarde, sous moi, amusée par la situation. Avec cette même nonchalance qui lui a fait égarer sa main sur ma jambe, je pianote distraitement sur son ventre, tirant petit à petit cette chemise hors de son pantalon, le visage parfaitement souriant.

- Je vais t’en faire une aussi, mon amour.

Qu’il est grisant de voir un tel homme dans une telle situation. Je ne le regarde pas, je me contente de passer le bout de mon index sur sa peau mise à nu par ma faute, arrachant un frisson à son corps avant de me pencher vers lui, abandonnant ce que je venais de commencer, tout sourire. Les bras croisés sur son torse, le visage en appui sur mes bras repliés, je m’amuse à caresser sa gorge avec le même index, pensive.

- Qu’importe la raison qui t’y pousse, si jamais un jour tu devais à nouveau t’enfuir et me laisser sans nouvelles…Je te traquerai…

Mon index descendit vers cette cordelette avec laquelle je jouais tout à l’heure.

- Je te trouverai…

Le nœud ne résista pas longtemps à mes gestes précis et le tissu céda, libérant un passage vers son torse à découvert, que je regarde en silence, satisfaite, avant d’ajouter, à son oreille :

- Et tu regretteras de l’avoir fait.

Je ponctuai la fin de ma phrase d’un baiser dans son cou avant de m’allonger à ses côtés, amusée, n’ayant pas la force de continuer ce petit manège de provocation. S’agit-il d’un jeu ? D’une boutade ? D’une réelle promesse ? Il ne le saura jamais. Je pouffe de rire contre lui, comme un enfant, avant de m’émerveiller de le voir à mes côtés. Je suis dans un état étrange, flottant entre la crainte de le perdre à nouveau et la joie intense de le savoir là, de savoir que nous allons nous marier. Il n’y a rien qui compte plus à mes yeux que ces ébauches de projets que nous avons évoqués car ils signifient tout. Je le dévore littéralement des yeux, enregistrant chaque trait éclairé par les pâles rayons d’un soleil déclinant lentement, perçant la fenêtre pour venir mourir sur mon lit. La nuit ne va plus tarder à tomber. Je pourrais rester ainsi pendant des heures, à le regarder respirer. Il m’a tellement manqué…
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 3 EmptyVen 13 Mar 2020 - 3:51
Futée… va bien… tu pourras la voir si tu veux… » Parvint-il finalement à articuler avec peine, le souffle court.

Même si son esprit lui fait dire que la menace est plus que sérieuse, que Flore lui fera du mal s’il la trompe de nouveau. Son corps lui hurle à l’agonie tant la sensualité de sa compagne semble exacerbée par cette nouvelle facette très acérée de sa personnalité. C’est la réalité de la chose qui le fait vibrer. Flore avait toujours eu un tempérament plus sauvage que son comportement ne le dénotait, mais à présent, quelque chose en elle était devenu dangereux. Et il aimait cela. Il regrettait le malheur dont il était responsable et qui avait en partie fait naître cela chez elle. Mais à présent, à sa façon à elle, elle lui ressemblait plus, intimement. Et cela l’excitait, mentalement, et de toute évidence physiquement.
Ils partageaient maintenant des vices et des joies semblables. Il serait si simple à présent de vivre en communion avec elle. Sans avoir la peur de lui dévoiler sa part sombre autrement qu’à demi-mot.

Je tiendrais ma promesse, je ne voudrais pas t’avoir à mes trousses. » Dit-il en retrouvant son sourire taquin. « Mais pour le moment, c’est toi qui ne peux m’échapper… »


Leur souffle fut long à se calmer, Jehan hissa leur corps dans le bon sens du lit et ils se glissèrent nu sous les draps. Elle ne se décolla pas de lui d’un pouce, et il en remercia les trois intérieurement. Sa première prière sincère aux dieux depuis plus de quinze ans. Déjà fatiguée de sa journée, Flore semblait exténuée. Elle s’assoupit si vite qu’ils eurent juste le temps de se dire encore une fois qu’ils s’aimaient. Lui ne put s’empêcher de la contempler encore plusieurs heures avant que la nuit totalement tombée ne lui laisse discerner que son contour contre lui. Alors seulement il accepta de sombrer aussi, non sans la serrer plus étroitement contre lui.

Alors que l’aube dispersait ses tout premiers rayons, la porte de la chambre s’entrouvrit, et après une seconde se referma avec douceur. Jehan, malgré toutes ces années sur le qui-vive, ne perçut rien, trop agréablement assoupit dans les bras de celle qu’il aimait.
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