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 Ad astra per aspera [PV Mathilde]

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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyMar 7 Juil 2020 - 21:23
Il faut que la ligne touche à l’eau. Mathilde lui répond en lui tirant la langue avant d’éclater de rire. La scène est ridicule, mais ça aurait pu être pire. Quelques secondes plus tôt, la fermière tendait son bras vers les flots pour donner une chance au morceau de pain de toucher l’eau. Si Darius n’était pas arrivé, sans doute aurait-elle fini par basculer dans le vide à force de se tortiller sur le bord de la falaise. Elle se relève en riant et ramène la petite ligne dans sa main, convaincue que Darius savait dès le départ que la pêche ne fonctionnerait pas et qu’il en riait déjà en s’habillant.

- Joli pas de danse… ricane-t-elle en croisant le regard du pirate qui, l’instant d’avant, perdait presque pied et manquait de s’étaler sur le sol. Pas de vers bien grassouillets à offrir aux poissons. J’en prendrai, la prochaine fois. Ils sont faciles à trouver à la ferme. Parce qu’il y aura une prochaine fois. Peut-être pas la semaine prochaine, ni même avant le printemps, mais ils créeront nécessairement une autre occasion d’être ensemble, libres et insouciants. Mathilde ne peut s’empêcher de sourire en voyant le pirate aussi détendu dans son élément, elle qui se le représente habituellement méfiant et excessivement prudent, au point de ne jamais garder son attention sur quelque chose plus de trois secondes. Elle se sent chanceuse de pouvoir connaître cet aspect paisible de cet homme pourtant si secret, et dont la vie tumultueuse l’a poussé à entretenir avec soin une distance de sécurité avec ceux qu’il rencontre. Darius est comme un vieux sou un peu usé par le temps et par la vie, un sou dont elle connait les deux revers, celui qu’elle aime contempler lorsqu’il est avec elle et l’autre, moins plaisant à ses yeux mais qui fait pourtant partie intégrante du personnage. Un sou auquel à première vue elle n’aurait accordé que peu d’attention, mais dont elle a finalement rapidement découvert la valeur qui se cachait sous une fine couche un peu noircie par les épreuves.

Arrivée au bord de l’eau, Mathilde sourit un peu plus. Celui qui disait avoir perdu tout espoir en la vie lui paraît pourtant incroyablement lumineux en cette journée d’automne. Peut-être est-ce parce qu’il est auprès de ses deux amantes, la terrienne et la mer, peut-être est-ce le soleil et la brise marine qui lui vont si bien, à moins que ce ne soit à cause de la simplicité du moment. Une fois installée dans la barque, et dans ce long silence contemplatif dont elle ne sort pas, elle le regarde ramer, parfaitement immobile et étrangement confiante. Ce petit rafiot ne ferait pas le poids face à une vague un peu plus forte ou au tentacule géant d’un monstre marin caché sous la surface de l’eau, mais elle n’y songe pas vraiment. Elle est en sécurité, avec lui. Étrange paradoxe quand on sait que cet homme est le responsable de l’insécurité permanente des équipages chargés de faire traverser la mer aux cargaisons du Labret.

- Je pourrais te suivre jusqu’au bout du monde, tu sais? finit-elle par murmurer, le regard grave, avant de lancer sa ligne sans rien ajouter, ligne dont l’hameçon passe à un pouce du nez du pirate. Mathilde s’en rend compte et lui fait une petite moue gênée en guise d’excuse alors qu’il se déplace pour l’aider à bien positionner ses mains sur la canne à pêche. Je suis prête à attraper un requin! Elle rit, amusée, priant silencieusement pour que le meurtrier des mers ne morde pas à son modeste appât, persuadée qu’elle est de lâcher la canne plutôt que de ramener ce monstre jusqu’à la barque. Durant un instant, seul le clapotis des vagues daigne briser le silence qui s’installe, alors que Darius contemple l’horizon et que Mathilde fouille les vagues du regard en espérant y voir surgir un banc de poissons affamés se ruer sur son hameçon.

C’est alors que Darius émerge de ses pensées et évoque un souvenir de ce passé encore nébuleux dont elle recueille, avec toute la patience du monde, le moindre fragment qu’il lui partage. Isak et ma cousine… Si Isak est un personnage récurrent, l’apparition de la cousine est une grande première. Mathilde ne l’interrompt pas, imaginant le petit homme pousser son costaud de cousin par-dessus bord pour finalement le rejoindre dans l’eau probablement froide, avec sa cousine. Trois enfants qui savent à peine nager… Elle rit en songeant que dans l’histoire, c’est la tante de Darius qui a dû hurler le plus fort en voyant ses petits rentrer, trempés jusqu’aux os. Je tâcherai de ne pas faire mention de ce souvenir on ne peut plus douloureux pour l’égo d’un pêcheur dont le poisson devait être aussi grand que ça dit-elle en écartant les bras de façon exagérée, alors qu’elle a déposé la canne à pêche contre le bord de la barque pour ne la tenir que du pied. L’air moqueur de la fermière semble indiquer qu’elle ne croit pas tout à fait à la taille du poisson.

C’est moi ou ça a mordu?

… Les bras de Mathilde retombent alors que son regard se pose sur la ligne dans laquelle elle a à peine senti un petit à-coup. Rien. Pendant une ou deux secondes, la ligne est parfaitement immobile, jusqu’à ce qu’elle tressaille à nouveau, créant de petits cercles concentriques dans l’eau.

- Ça mord. Un simple constat qu’elle prononce avec le détachement de ceux qui ne vont pas tarder à réaliser ce que cela signifie et qui, alors, laissent éclater leur joie. -… OH! Ses yeux s’écarquille. Le sou est tombé. Dar ça mord! Ça mord! lâche-t-elle d’une voix un peu plus aigue que d’habitude. Qu’est-ce que je fais? D’abord, attraper la canne, chose que Darius fait dans un réflexe tout à fait miraculeux alors qu’un nouvel à-coup menace de la faire passer par-dessus bord. La fermière s’y agrippe à son tour, et tire pour ferrer la prise. Commence alors une bataille un peu étrange entre une terrienne et une mystérieuse créature des mers, bataille totalement inégale puisqu’il suffit à Mathilde de tirer un peu plus fort pour ramener sa prise et découvrir une magnifique -mais ô combien décevante- petite sardine qui ne suffira clairement pas à les nourrir tous les deux. Le poisson frétille dans le fond de la barque, tentant en vain de se libérer de l’hameçon. Loin de s’apitoyer sur le sort de la petite bête, la fermière la saisit fermement et, voyant qu’elle ne pourra pas récupérer la ligne, tire un coup sec pour la sortir avec les entrailles en prime. Le craquement caractéristique lui fait faire une petite moue, mais une fois certaine que son hameçon est encore opérationnel, elle lâche le poisson, maintenant mort, et relance sa ligne désormais garnie de tripes sans doute appétissantes pour un carnassier.

- Et de un ! Je suis certaine que c’était ce genre de poisson qu’Izak a attrapé. Mathilde sourit, de toute évidence fière de sa première prise, si humble soit-elle. C’est la première fois que tu me parles de ta cousine. Plus jeune ou plus vieille que toi? C’est quoi son nom? Quelques informations pour se représenter mentalement ce portrait de famille qu’elle dessine dans son imaginaire, au gré des confidences. Machinalement, Mathilde laisse traîner une main dans l’eau pour la laver de l’odeur si puissante du poisson.

- C’est ça la vie des gens qui sont la côte. Vous apprenez à nager et à pêcher pour vivre avec la mer, alors que ceux qui vivent quelques lieues plus loin dans les terres, eux, ne se consacrent qu’à la terre. T’imagines le nombre de choses que tu as apprises en plus, uniquement parce que tu as grandi au bord de la mer? C’est tout un monde que tu maîtrises alors que moi, on m’a appris à m’en méfier. Ça fait en sorte que j’ai dû attendre de te rencontrer pour ne plus avoir peur de monter dans une barque. Je me sens un peu ridicule pour le coup. Elle rit doucement devant l’absurdité de cette peur qui ne la quittera probablement jamais. J’aime quand tu m’apprends à me débrouiller avec une canne à pêche ou quand tu me montres les étoiles avec lesquelles tu t’orientes. J’ai l’impression de ne rien savoir et de découvrir un nouveau monde. C’est comme si je partais en voyage, en ne m’éloignant finalement pas tant de mon port d’attache. Mathilde a ce petit rire amusé d’une femme qui avoue que son péché mignon est d’apprendre de nouvelles choses. Cette fois elle n’a pas lâché sa canne à pêche pour faire de grands gestes. Au contraire, même si elle ne semble absolument pas concentrée sur ce qui ne requiert aucune concentration à ses yeux, elle sent une touche. Immédiatement, elle se raidit.

-Y a quelque chose. C’était fort! Deuxième touche, dont elle profite pour tenter de ferrer la prise en donnant un coup sec. Merde c’est gros! La ligne, qui décrit de grands huit dans les flots, semble vouloir danser. Tentée de se lever pour avoir une meilleure prise, la fermière n’en fait rien de peur de basculer dans l’eau. Aide-moi! Ça mord! Hiii!.

Surexcitée, la fermière? Si peu.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptySam 11 Juil 2020 - 18:28
Je pourrais te suivre jusqu’au bout du monde, tu sais? Darius sourit légèrement en coin à cette déclaration. Il sait. Non pas parce qu'elle le lui a déjà dit, mais parce qu'elle lui fait confiance comme peu lui font confiance. Et parce qu'elle l'aime aveuglément, d'un amour vrai et passionné qu'il perçoit chaque fois qu'il plonge son regard dans le sien. Le même qui lui donne envie de l'emmener au bout du monde, justement... ou sur un îlot désert où ils ont au moins l'impression d'être les deux seuls survivants de l'humanité. Le même qui lui fait courir le risque de se faire arracher le nez par une ligne de pêche « savamment » lancée par une fermière.

Après avoir littéralement sauvé sa peau de justesse, Darius donne quelques conseils à Mathilde, non sans rire devant son enthousiasme débordant. Tandis qu'ils attendent qu'un poisson s'intéresse à leur hameçon, il raconte un épisode de son enfance, un événement banal qui ne manque pourtant pas d'amuser son amante. C'est évidemment au moment où celle-ci écarte les bras pour mimer de façon exagérée la grandeur du poisson attrapé par Isak que le pirate croit voir la ligne bouger. Un instant, ils se taisent, le regard rivé sur le fil, qui finit par tressaillir de nouveau. Ça mord.

Darius ne peut s'empêcher d'éclater de rire devant la surexcitation de Mathilde, qui ne sait déjà plus où donner de la tête. La fermière a eu le malheur de déposer la canne à pêche au mauvais moment et c'est dans un geste d'une rapidité octroyée brièvement par les Trois que le marin l'empêche de passer par-dessus bord.

« Tenir la canne à pêche serait un bon début! lance-t-il en ricanant. Allez, prends-la, c'est ta prise! Tire! Juste un peu plus fort et ça devrait aller. Voilà, tu l'as! »

Darius regarde Mathilde ramener son poisson, un petite sardine qu'il risque d'engloutir en une bouchée. Sans rien dire, il observe sa belle fermière gérer la situation et récupérer son hameçon sans trop s'émouvoir de retirer au passage les tripes de sa prise. La voir entrer dans son monde ainsi a quelque chose de fascinant. Une terrienne en train de pêcher au beau milieu de la mer, débordant d'enthousiasme à l'idée d'attraper leur repas. Une émotion étrange, mais agréable sur laquelle il met difficilement le doigt étreint son cœur quelques secondes. Mathilde parle, mais il laisse planer un bref silence avant de lui répondre, un silence pendant lequel il la fixe avec une tendresse inattendue.

« Plus vieille, répond-il finalement à sa question. Elle s'appelait Éléonore. »

Il n'ajoute rien, laissant Mathilde reprendre tandis qu'il reporte son regard vers la mer. De temps à autre, pendant qu'elle parle, il lui jette un coup d'œil. Au contact de l'autre, ils apprennent tous deux à s'ouvrir à un monde qui, jusque-là, était resté en grande partie inexploré. Mathilde apprend à pêcher et à découvrir les étoiles autrement, à ne plus craindre de s'aventurer sur la mer dans une embarcation qui, en eaux troubles, serait facilement engloutie par les vagues. Elle s'immisce dans les moments banal de la vie d'un homme qui, avant de devenir pirate, a été un simple enfant grandissant au bord de l'eau, un apprenti marin. De son côté, Darius perce tranquillement, mais sûrement des mystères qu'il ne pensait jamais vouloir particulièrement élucider un jour. Il voit comment Mathilde s'occupe de sa ferme et de ses animaux, cultive les fruits et les légumes qui nourrissent le royaume, travaille avec acharnement pour former d'autres fermiers qui sauront assurer la relève. Une fermière et un pirate, un choc entre deux réalités qui s'opposent et se complètent dans une harmonie surprenante.

« C'est pareil pour moi quand je suis à la ferme, tu sais, répond-il en posant son regard sur elle. Même si je m'y sens chez moi, même si je sais faire quelques trucs, c'est une sorte de voyage pour moi aussi. Une terre familière, mais étrangère, au final. Une terre pleine de secrets que je pensais jamais avoir envie de découvrir. »

Darius voit alors Mathilde se raidir. Par réflexe, il reporte son attention vers la ligne, puis la mer. À voir les cercles que décrit la créature marine encore invisible à leurs yeux, le pirate sait que son amante a raison : ce qu'elle va attraper là n'a rien d'une minuscule sardine. Aussi vient-il l'aider en ricanant lorsqu'elle semble à la fois surexcitée et désemparée.

« Bon sang! lâche-t-il en posant ses mains sur la canne à pêche pour tirer avec Mathilde. C'est vraiment fort! »

Darius, qui a pourtant l'habitude, lutte avec Mathilde pour tirer jusqu'à eux un poisson visiblement très coriace. Si la barque tangue presque dangereusement, il ne paraît pas du tout inquiet et la stabilise avec aisance chaque fois malgré le combat qu'ils mènent.

« On l'a, on l'a! lance-t-il alors que le poisson se débat près de la barque. Tiens la canne à pêche fermement, je vais le remonter directement sur la ligne, on réussira pas si on se contente de tirer comme ça! »

Après avoir confié la canne à pêche à Mathilde, Darius se penche par-dessus bord pour attraper le fil et achever de remonter le poisson, qui est tout simplement énorme. Même hors de l'eau, le pauvre diable continue d'espérer une fin heureuse et gigote avec violence dans tous les sens, parvenant à donner un coup à Mathilde et à lui faire lâcher la canne alors que Darius le ramène dans l'embarcation.

« Bordel, il est fou! dit Darius en éclatant de rire. Essaie de le tenir pendant que je le... »

Darius a à peine mis le poisson entre les mains de Mathilde que celui-ci glisse des doigts de la terrienne pour venir l'attaquer. Le pirate en tombe à la renverse dans la barque, dont le mouvement violent n'a rien pour rassurer la fermière, probablement. Bien décidé à ne pas laisser leur prise gagner, Darius l'emprisonne dans ses bras en continuant de s'esclaffant.

« Ma nouvelle amante! », s'exclame-t-il avant de se saisir de la canne à pêche pour assommer le poisson à l'aide de puissants coups de poignées.

Lorsque le poisson semble totalement hors d'état de nuire, Darius l'achève proprement de sa dague et retire l'hameçon. L'énorme prise gît maintenant entre lui et Mathilde, et c'est avec une perplexité certaine qu'il la détaille.
« J'ai attrapé des tonnes de poissons dans ma vie, belle fermière, et je suis normalement capable d'identifier ce que je ramène, mais là... T'as pêché un truc que j'ai jamais vu de mon existence. T'as pêché... un monstre marin. »

Darius ricane et se lave les mains, nettoyant aussi sommairement ses vêtements, qui ne sentiront pas la rose s'il les laisse s'imprégner de l'odeur de leur créature.

« Ça se cuisine comment, un monstre marin, Mathilde? », demande-t-il en relevant un regard moqueur sur son amante.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyMer 15 Juil 2020 - 20:32
Un joyeux chaos semble régner dans la barque qui tangue dangereusement sur les flots pourtant calmes. Bien que Mathilde ait une bonne poigne digne des travailleurs de la terre, elle ne peut s'empêcher de craindre de laisser la prise s'échapper avec la canne, jetant à l'eau tout espoir de ramener un repas de roi sur la terre ferme. Darius, lui, semble garder son sang-froid. Avec une aisance qui trahit son expérience, il stabilise régulièrement l'embarcation tout en donnant des ordres clairs à la fermière : Tiens la canne à pêche fermement, je vais le remonter directement sur la ligne. Désormais seule responsable de la canne, elle s'y agrippe fermement, bien décidée à ne pas laisser le poisson l'emporter, non sans pousser des petits cris à chaque tentative que l'animal fait pour se libérer de la ligne.

- Je le vois! s'écrie-t-elle en apercevant l'animal rouler à la surface de l'eau, dans un espoir vain de briser le fil qui le tire hors de son monde. Par les dieux il est énorme, il est vraiment gros Darius! T'as vu ça?! Loin d'avoir la taille d'une sardine, la bête réussit encore à louvoyer avant de finalement être empoigné par un pirate bien décidé à le sortir de l'eau. Gigotant dans tous les sens, le poisson donne un violent coup de queue sur les mains de Mathilde qui lâche la canne sous l'effet de la surprise. Darius éclate de rire alors que la fermière, bouche bée, bien trop occupée à essayer de comprendre ce qui se passe et ce qu'elle doit faire, se contente de tendre les bras pour récupérer l'animal. C'était sans compter sur la peau visqueuse et la vigueur de la bête qui se libère une fois encore pour attaquer le marin qui en tombe à la renverse. Cette fois, Mathilde rit en entendant Darius déclarer qu'il tient là sa nouvelle maîtresse.

Quelques instants plus tard, le poisson est mort, le marin s'est redressé et Mathilde, elle, se tient encore les côtes tant elle rit. Traversée par mille émotions de joie, d’excitation, de peur, d'étonnement, son hilarité est surtout une façon d'évacuer ce trop plein. Reprenant son sérieux, elle examine le poisson, constatant qu'elle non plus n'en a jamais vu de tel. Son visage se fend d'un sourire ampli de fierté. Un montre marin. Si elle n'était pas sur une barque ballottée par les flots paresseux, elle aurait sauté de joie. Au lieu de cela, elle lance un regard amusé à Darius.

- Je t'interdis de me jeter à l'eau. On l'a attrapé à deux, le mérite te revient aussi... et t'es même pas obligé de dire à Isak que je t'ai aidé. Mathilde éclate de rire et imite Darius en se lavant les mains dans l'eau salée. Par contre, évite de lui dire que le truc pour attirer les monstres, c'est de les appâter avec des tripes de sardines. Ça pourrait t'être utile la prochaine fois que vous décidez de faire un concours. La fermière essuie ses mains sur la jupe avant de contempler à nouveau le poisson. Comment cuisiner cette chose? Je pourrais le fourrer aux panais. Parait que c'est irrésistible, au point que naviguer avec une cargaison de panais est un coup à attirer des pirates. Bizarre, hein? riane-t-elle alors que Darius s'empare des rames pour les ramener vers le rivage. Elle ajoute d'un ton léger : Oh, naturellement puisque c'est ta maîtresse qui gît là, je prendrai soin avant tout de lui arracher les yeux. Même tarif que pour les sirènes, zou!

Mathilde éclate de rire, bien que quelque part, un fond de vérité se trouve dans cette affirmation. Si un jour elle croise l'une des maîtresses de Darius, dont elle connait l'existence, elle s'imagine parfaitement la défigurer pour que plus jamais elle ne puisse attirer le beau pirate dans ses filets. Une rivale de moins, car même s'il lui a dit à plusieurs reprises que son coeur était avec elle, Mathilde ne se sentira jamais totalement à l'abri et craindra toujours de le perdre, que ce soit dans les bras d'une autre ou dans ceux de la mer.

- Éléonore, c'était la soeur d'Isak? C'était. Parce qu'elle n'a pas survécu, elle non plus, Mathilde l'a bien compris. Son doux pirate est entouré par les fantômes de son passé, fantômes qu'il tente de reléguer aux oubliettes sans jamais totalement y parvenir. Est-elle, elle aussi, un sujet délicat qu'on n'aborde qu'avec mille précautions au milieu de conversations anodines? Son évocation ravive-t-elle des souvenirs douloureux qui ont mal cicatrisé? La voix de la fermière, moins affirmée, plus douce, trahit son incertitude. Est-ce qu'elle pêchait des monstres d'eau douce ou bien elle passait son temps à dénoncer vos conneries à Isak et à toi? Mathilde sourit. La présence féminine d'une soeur aînée ne peut, d'après elle, que conduire à des dénonciations en bonne et due forme. Une fois encore le tableau qu'elle s'est fait de la vie du petit Darius se modifie. C'est toujours comme ça. A chaque fois qu'ils se retrouvent, une petite phrase anodine glissée dans une confidence vient bouleverser les certitudes que la fermière a au sujet de son amant. Elle ne s'en offusque pas, après tout elle connait l'essentiel : une immense blessure qu'il ignore la plupart du temps au lieu de la soigner. C'est là qu'elle intervient, patiemment, en entrouvrant les portes du passé, en écoutant les fragments de souvenirs racontés avec une certaine sérénité. C'est lui qui décide si oui ou non elle peut s'infiltrer dans ces temps heureux aujourd'hui révolu. Tant qu'il a ce regard tendre, elle sait qu'il lui permet de le questionner. Lorsque ses yeux s'assombrissent ou se voilent, il lui suffit de changer de sujet pour le ramener au présent en douceur.

Mathilde a renoncé à connaître toute l'histoire de Darius, du moins par sa bouche. Elle sait que si elle en ressent le besoin, Isak pourra répondre à ses questions. Encore faut-il qu'elle parvienne à lui... et qu'elle ait envie d'apprendre par un autre tout ce que son aimé a vécu.

Durant le court trajet de retour, Mathilde laisse filer sa main dans l'eau fraîche en souhaitant presque qu'une sirène l'attrape afin de voir si les légendes à leur sujet sont vraies ou totalement exagérées. Si Darius choisit de répondre à ses questions, elle l'écoutera en imaginant le visage sans doute doux et le regard décidé de la jeune Éléonore qui a peut-être pris le rôle de grande soeur sage pour les deux garnements qui deviendraient bientôt des pirates. Si au contraire, Darius garde le silence, Mathilde ne poussera pas plus loin les questions. Un jour, les réponses viendront d'elles-mêmes, elle le sait. Lorsqu'ils touchent enfin terre, d'un ton enjoué elle s'exclame Enfin le plancher des vaches! en sautant, comme une vraie pirate qu'elle n'est pas, les deux pieds dans l'eau... sans prendre garde à la vague qui retourne à la mer, et dont la force, pourtant pas si intense, lui fait perdre l'équilibre. Le pas qu'elle fait en arrière pour tenter de se rattraper est aussi vain que la main qui cherche à agripper la chaloupe. Tout au plus réussit-elle à tomber assise, les fesses dans l'eau, plutôt que de s'y vautrer totalement. D'abord interdite, Mathilde finit par exploser de rire alors qu'une autre vague enveloppe ses jambes pour ensuite se retirer.

- Je suis le pire matelot qui soit! Mathilde se relève entre deux rires et ne manque pas de tirer la langue à Darius qui ne s'est pas fait prier pour se moquer gentiment d'elle. Sois donc un gentilhomme et allume-moi un petit feu avant que je n'attrape froid! Octobre n'est sans doute pas le meilleur moment pour se baigner, tant le vent du large peut décider d'apporter une fraîcheur qui annonce l'hiver. Mathilde regagne le campement de fortune en trottinant pour aller s’emmitoufler dans une couverture, après s'être délestée de la jupe trempée. Le regard tourné vers la plage où Darius a poussé la chaloupe avant d'y prélever le poisson, elle sourit. Je sais que je ne devrais pas te poser cette question, parce que j'en connais déjà la réponse, mais... est-ce que tu as faim maintenant? On peut faire griller le monstre sur le feu et l'agrémenter des petits légumes que j'ai apportés!
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptySam 18 Juil 2020 - 18:07
Je t'interdis de me jeter à l'eau. Darius arque un sourcil avec une lenteur exagérée, laisse ses lèvres s'étirer en un sourire en coin mutin, comme s'il était en train de réfléchir à la question. Il finit toutefois par simplement ricaner à l'idée que lui soumet Mathilde : fourrer le poisson de panais pour créer un mets tout à fait irrésistible, en particulier pour un certain pirate.

« Très bizarre... », confirme-t-il à son amante d'un air moqueur tandis qu'il se saisit des rames pour les ramener vers leur refuge en pleine mer.

Mathilde précise alors qu'elle va s'assurer de bien arracher les yeux de cette « maîtresse » marine, ce qui provoque un grand rire chez Darius. Le pirate sait que cette blague revêt une part de vérité. Sa belle fermière a, tout comme lui, un brin de jalousie à se reprocher, et il ne donne pas cher de la peau de la femme qui osera mentionner une aventure ou lui faire des avances devant elle. Il se plaît un instant à imaginer la scène : son honnête fermière qui se transforme en véritable furie pour aveugler une catin avec sa fourche, le tout par amour pour lui. C'est une image étrangement agréable qui a de quoi flatter son ego.
La question de Mathilde tire Darius de sa rêverie. Tout en continuant de ramer, il regarde son amante dans les yeux. Il perçoit dans son regard une crainte, celle de se montrer trop indiscrète, de toucher un point trop sensible. Il le sent, cette peur l'anime depuis le début, comme si un mot de trop allait le pousser à partir et à ne plus jamais revenir. Aussi sourit-il légèrement pour la rassurer avant d'acquiescer.

« Un mélange des deux, poursuit-il. Elle s'amusait à pêcher des monstres marins jusqu'à ce qu'on décide de l'embêter et de glisser des bestioles dans sa robe comme deux petits cons. C'était généralement le moment où ma tante débarquait pour nous menacer avec sa célèbre cuillère en bois. »

Darius ricane, admettant sans honte aucune qu'il était un vilain garnement, un enfant terrible avant même de devenir un pirate encore plus terrible. Il n'ajoute cependant rien et rame pour les mener à bon port en observant Mathilde laisser glisser ses doigts contre l'eau. Même si elle reste une terrienne dans l'âme, la mer lui va bien. Mieux qu'à n'importe quelle sirène.

Une fois de retour sur le plancher des vaches, Darius ne peut que regarder sa belle fermière surestimer sa connaissance de la mer et se prendre de plein fouet une vague qui ne manque pas de la faire tomber à la renverse alors qu'elle saute de la barque.

« Il fallait le dire si t'avais envie d'une baignade automnale », dit-il en faisant bien exprès de sauter de l'embarcation en faisant une petite pirouette pour crâner devant sa pauvre amante malhabile.

Il tend la main à Mathilde pour l'aider à se relever, puis sourit devant l'ordre avant de tirer la barque sur terre et d'y retirer leurs précieuses prises. Le monstre marin entre les mains, il se dirige ensuite vers le campement, où Mathilde s'est emmitouflée dans l'une des couvertures.

« J'ai toujours faim, surtout quand on me fait miroiter un savoureux plat de filet de monstre marin avec de merveilleux légumes de belle fermière »[/b, répond-il en déposant les prises le temps d'allumer le feu.

Darius laisse planer un court silence, s'occupant d'aviver les premières flammes. Lorsqu'il se retourne vers Mathilde, il affiche une mine embêtée, puis regarde de nouveau leur énorme poisson. Il se saisit alors du monstre et rapproche son visage du sien pour qu'ils puissent se regarder droit dans les yeux.

[b]« T'avais de beaux yeux, tu sais... Désolé que ça doive se terminer comme ça pour toi. T'as déjà de la chance qu'elle ait pas sa fourche avec elle... »

Il caresse le poisson avec une tendresse infinie, le regard plein d'émotion, puis s'esclaffe en tendant à Mathilde leur futur repas.

« Son destin est maintenant entre tes mains », dit-il, solennel.

Darius s'étire et roule un peu des épaules avant de s'asseoir. La cuisine est le domaine de Mathilde, et il n'a pas l'intention de se mêler des projets gastronomiques de son amante, qui s'affaire dans ta tenue improvisée. Il se contente de détailler tranquillement les gestes de sa cuisinière préférée en profitant de la brise marine et en écoutant le crépitement du feu. Quand Mathilde se lève pour partir en quête de quelque chose, il ne manque évidemment pas de caresser sa hanche et ses fesses, qu'il sait délicieusement nues sous la couverture. Certes, il a toujours faim... mais pas uniquement de nourriture, et il est aussi inutile de lui demander s'il a envie d'elle que de lui demander s'il veut manger quelque chose. Entre eux, les braises ne sont jamais réellement éteintes. Il ne pousse cependant pas le geste plus loin pour le moment, entretenant seulement le jeu de séduction, flirtant d'un regard évocateur comme il aime tant le faire.

« On pourrait mettre les couvertures là pour pouvoir observer les étoiles sans obstruction tout à l'heure, suggère-t-il en désignant une partie de l'îlot particulièrement dégagée. Il faut un emplacement de choix pour admirer la constellation de la Fermière. »

Le pirate sourit, puis repose son attention sur le poisson qui cuit et qui a le potentiel d'être un délice... ou un désastre. Il n'a aucune idée de ce que peut bien goûter une bête pareille. Il est plutôt enthousiaste face à cette découverte, lui qui n'est pas tombé sur une espèce de poisson inconnue depuis un moment maintenant.

« C'est quoi le pire truc que t'as goûté ou cuisiné? », demande-t-il en pivotant vers Mathilde, qui ne paraît pas se laisser arrêter par le cadre plus ou moins pratique pour la préparation d'un repas digne de ce nom.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyLun 20 Juil 2020 - 3:43
A l'évocation des gamins qui tentent de fourrer des poissons dans les vêtements de leur cousine, Mathilde ne peut que hausser les yeux au ciel. Pourtant, elle ne garde pas longtemps son sérieux alors que s'impose l'image d'une tante qu'elle imagine sans doute un peu plus imposante que la réalité, brandissant vers le ciel une cuillère en bois démesurément grande. Alors, Mathilde éclate de rire et conclut d'un Petit con depuis la naissance... bah voyons ! sanctionné quelques minutes plus tard par un bain involontaire. Même lorsqu'elle a les fesses dans l'eau, il ne perd pas l'occasion de se moquer en jouant au parfait petit virtuose qui débarque avec aisance avant de lui tendre la main. Petit con et frimeur avec ça.

La fermière, morte de rire, saisit pourtant la main salvatrice pour se relever, tire la langue à son amant dans une impulsion très enfantine et remonte au campement pour se délester de la jupe trempée et s'envelopper d'une couverture de laine. J'ai toujours faim. Elle sourit en coin et ricane. Je ne sais même pas pourquoi je te pose encore la question.

Pendant un instant, le silence s'installe. Darius s'affère à allumer un petit feu tandis que Mathilde fait de son mieux pour ne pas grelotter. L'eau de mer est beaucoup trop froide à son goût en ce temps de l'année. Les jambes repliées contre sa poitrine, elle sent la fraîcheur de sa peau traverser la chemise qu'elle porte. La vie de marin n'est décidément pas pour elle. Quelle drôle d'idée de s'exposer à la brise fraîche et à cet air marin chargé d'humidité qui pénètre les vêtements, traverse la peau et se loge jusque dans les os. Mathilde songe à la proximité qu'impose le bateau, où les recoins solitaires sont rares et où les secrets sont difficiles à garder. Vraiment pas pour elle. Elle est tirée de ses pensées par un pirate qui fait ses adieux au monstre marin... et explose de rire.

- T'es con Darius! T'es vraiment con!

Elle se relève en écrasant une larme qui pointe au coin de son oeil et se rapproche du petit feu crépitant, ne jetant qu'un regard à la bête qu'elle va bientôt cuisiner. Elle reste plantée là quelques secondes, juste assez pour savourer la chaleur des flammes qui se fraye un chemin entre les pans de sa couverture, qu'elle tient serrée sur ses épaules. Les adieux avec ton monstre préféré sont terminés? Elle t'a dit quoi? Mathilde adopte une pose théâtrale et exagère consciencieusement le drame qu'elle imite, avec une voix chevrotante. "Non, pas si vite! Pas de farce aux oignons ni de julienne de carotte tout de suite! Ne me fourre pas, nettoie moi d'abord? Le dos d'une main posé sur le front, Mathilde regarde Darius avec ce drôle de regard qu'elle a à chaque fois qu'elle attend qu'il percute sur un jeu de mots. Ce n'est qu'après qu'il se soit esclaffé en bonne et due forme et qu'elle a regagné son sérieux qu'elle laisse tomber la couverture pour s'emparer du poisson.

- Je pensais le couper en filets et cuire du riz pour l'accompagner. Peut-être avec une algue pour entourer des bouchées? Elle fait une petite moue. Trop ambitieux pour le plan de travail qu'elle a, lequel consiste en une pierre plus ou moins plate qu'elle arrose d'eau pour la débarrasser du sable. J'essayerai ça un autre jour, si tu rapportes un monstre à la maison! Je crois qu'avec le joli petit feu que tu as démarré, je vais pouvoir le griller.

Ignorant tout à coup la petite brise sur ses jambes, Mathilde s'affère à préparer le repas. Elle coupe, tranche, assaisonne quelques légumes qui iront garnir la panse du poisson une fois celui-ci nettoyé. Remettant finalement sa couverture sur ses épaules, elle se relève et retourne à son panier pour y prélever une assiette en bois qu'ils partageront. Darius ne manque pas une occasion de flirter, comme à son habitude, d'un regard ou d'un geste qui, pourtant, ne semblent pas calculés. La fermière ne peut s'empêcher de sourire. Se sentir désirée est agréable, pourtant elle ne répond pas aux invitations silencieuses, trop occupée à ne pas rater la préparation du monstre pêché avec tant d'énergie. Elle imagine aussi -peut-être à tort- que le laisser un peu mariner ne fera qu'attiser un peu plus sa soif d'elle. Encore faut-il doser le tout correctement, et à ce jeu, elle n'est peut-être pas la meilleure.

- Hm. Elle hoche de la tête. Tu me montreras celle du pirate? Je suis curieuse de voir si elles ont décidé de se rapprocher dans le ciel. Mathilde sourit, accroupie près du feu au-dessus duquel elle agite la casserole dans laquelle cuit le poisson. Je sais qu'il y a une constellation du poisson, une vraie! Et si le pirate regarde le repas cuire doucement, Mathilde, elle, ne se prive pas pour y goûter une petite bouchée afin de savoir si ce qu'elle a préparé est mangeable ou s'ils devront se contenter de viande séchée et de pain.

- Dernièrement j'ai tenté de cuisiner un délicieux sauté de légumes frais du jardin, mais mon attention légendaire a été détournée par de beaux yeux verts et lorsque je suis redescendue pour tenter de sauver les légumes, le sauté avait carbonisé. Mathilde lance un regard malicieux à Darius, dont la présence à la ferme avait fini par lui faire faire des gaffes, la dernière fois. Heureusement le pain était bon conclut-elle en se disant qu'ils partagent peut-être ce même désastre comme étant le pire repas de l'histoire. Mais j'insiste, je ne suis pas totalement responsable de ça, et si mon invité pense à éventer l'histoire, il faudra que je le fasse taire d'une façon ou d'une autre. Il en va de ma réputation de gentille fermière qui cuisine pour de nobles marins.

Mathilde rit doucement et s'installe à côté de Darius, juste assez proche pour déposer un baiser léger sur la ligne de sa mâchoire. Elle ne peut s'empêcher de regretter de ne pas avoir emporté un baume pour soigner le coquard plutôt élégant du pirate et comprend que la parfaite petite femme ne commet jamais ce genre d'oubli. Elle le saura pour la prochaine fois.

- T'inquiète pas, cette fois-ci ça sera délicieux, la chair est vraiment bonne. La chair du poisson. Évidemment. Mathilde saisit une branche et joue un peu avec le feu en remuant les braises. Lorsque la branche prend feu, elle la retire et souffle dessus comme on soufflerait sur une bougie. J'ai plus envie de profiter des occasions qui passent, Dar. En t'embrassant, la première fois, je me suis dit que je m'emballais un peu mais que je saisirai sans problème la moindre occasion de romance qui se présenterait. Les occasions n'ont pas manqué, et en fait ça ne m'intéresse pas. Je te le dis parce que si un jour Serus se dit que m'affliger d'un ventre énorme serait une bonne blague, eh bah la blague sera de toi. Je te le dis aussi parce que j'ai une drôle de question à te poser et que quand j'ai de drôles de questions, j'ai tendance à prendre quelques détours. Mathilde prend une grande inspiration en regrettant de ne pas avoir sa bouteille de prune à portée de main. Admettons que j'ai ouvert la porte à adopter un enfant, un jour, et que je pense que ça soit une bonne idée parce que des orphelins il en pleut et que moi je suis vivante. Admettons qu'à moins d'une ou deux morts, qui seraient vraiment regrettables, le projet de Beauharnais prenne assez rapidement de la consistance. Tu le verrais d'un bon oeil, toi, un marmot à la maison? Un marmot qui ne soit si de mon sang ni du tien? Un peu comme ce qu'Helena et ton oncle ont fait, avec toi, mais bon... je vais pas le dire à voix haute parce que c'est pas forcément le moment de te rappeler la mort de ta mère.

S'il n'avait été qu'une amourette anodine, elle ne lui aurait pas posé la question et n'en aurait fait qu'à sa tête. Mais le pirate n'est pas qu'une amourette, elle le sait, elle le sent, et son avis compte parce qu'ils vivent maintenant à deux sous le même toit. Mathilde scrute Darius du regard, cherchant une fois encore à lire dans ses pensées... en vain. Lorsqu'il réfléchit, il est parfaitement indéchiffrable. Alors elle reporte son attention sur le poisson qu'elle ôte du feu. Question de prudence.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyMar 21 Juil 2020 - 0:09
« Heureusement que je suis con parce que t'en tiens une sacrée couche aussi, belle fermière », lance Darius en éclatant de rire en réponse à la nouvelle et savoureuse blague de panais théâtralement racontée par son amante.

Après qu'ils ont tous les deux retrouvé leur calme, la fermière énonce ses intentions concernant le repas. Darius acquiesce, n'ayant visiblement aucun doute sur la capacité de Mathilde à transformer leur surprenante prise en un repas savoureux. Il aurait été curieux de goûter à ces bouchées enrobées d'algues, mais il n'insiste pas lorsqu'elle renonce au projet pour le remettre à une autre fois, son estomac commençant à réclamer satisfaction.

« Bonne idée, je pourrais rapporter un peu de poisson et des algues la prochaine fois pour que tu puisses laisser libre cours à ta créativité culinaire », dit-il en la suivant des yeux tandis qu'elle entame la préparation de leur repas.

Mathilde apprête le poisson sous le regard attentif de Darius, qui ne manque pas de la caresser doucement lorsqu'elle passe près de lui. Il en reste à ce simple geste, témoignage de son affection et de son attirance pour elle, et sourit quand elle mentionne qu'ils devraient vérifier si les constellations du pirate et de la fermière se sont rapprochées. Son petit doigt lui dit que c'est le cas.

Le récit de Mathilde tire un ricanement au pirate. Il se rappelle parfaitement l'apparence et l'odeur des légumes carbonisés et, surtout, la mine déconfite de son amante en les découvrant. Il s'est particulièrement amusé à la distraire au cours de sa dernière visite, la voir accumuler les gaffes à cause de lui s'étant avéré un jeu aussi hilarant qu'amusant. Et plaisant.

« Ton invité est totalement innocent, déclare-t-il avec le plus grand sérieux du monde. T'es la seule responsable de ce désastre. C'est pas sa faute s'il peut pas s'empêcher d'être distrait et de te séduire en te voyant. »

Darius la désigne d'un geste lent, comme pour dire silencieusement qu'une telle déesse ne peut être ignorée. Il sourit ensuite avec amusement, volant un bref baiser à Mathilde lorsqu'elle prend place près de lui. Il reporte alors son attention sur le feu qui crépite et le poisson qui grille tranquillement, mais sûrement. Le fumet qui se dégage du repas laisse croire que celui-ci sera aussi bon que Mathilde l'espère. La chair est savoureuse, selon elle. La chair du poisson. Évidemment.

« Pas que », ajoute Darius en glissant un regard complice à la jeune femme.
Darius écoute la suite sans interrompre Mathilde, se contentant de lui jeter un coup d'œil de temps à autre tout en surveillant la cuisson du poisson. L'entendre dire qu'elle ne compte pas aller voir ailleurs, peu importe les occasions de romance qui se présenteront à elle, n'est pas pour lui déplaire. Le reste... Le reste le surprend.

Tu le verrais d'un bon œil, toi, un marmot à la maison? Un marmot qui ne soit si de mon sang ni du tien? Il pivote vers elle et la fixe en silence, l'expression impénétrable. La question l'a totalement désarçonné. Pourquoi parle-t-elle d'adopter un enfant? Et pourquoi bientôt? Et qu'est-ce qu'il vient faire dans cette histoire, le noble Beauharnais?

Mathilde reporte son attention sur le feu. Darius l'imite, en proie à une foule d'émotions conflictuelles, à une tonne des pensées qui s'entrechoquent. Ils ont déjà parlé de la possibilité que Serus leur joue un mauvais tour malgré la supposée infertilité de Mathilde. Il a déjà imaginé cet enfant, un petit terrien doublé d'un marin, un gamin ayant un sourire de petit con et les beaux yeux sombres de sa mère. Cette image lui a fait moins peur qu'elle aurait dû. L'image qu'évoque Mathilde, par contre... Il ne sait pas exactement ce qu'elle fait naître chez lui.

« Si je le verrais d'un bon œil? », finit-il par répéter après de longues secondes de silence.

Darius se tourne de nouveau vers Mathilde. Il marque une pause avant de reprendre. Son ton est calme, mais son expression reste presque totalement indéchiffrable. S'il ne parvient pas à masquer complètement son trouble, il semble s'être considérablement refermé.

« Comment je pourrais le voir d'un bon œil? demande-t-il. Mathilde, un gamin va débarquer du jour au lendemain à la ferme, un gamin qui va avoir du bagage, sûrement, qu'il va falloir apprivoiser et... C'est un enfant, il va te bouffer tout ton temps, ce qui est normal si tu deviens sa mère, mais quand même. »

Darius détourne le regard et attrape une branche pour secouer les braises à son tour. Les pensées se bousculent dans son esprit, des pensées qu'il voudrait partager avec elle, mais qui ne franchissent pas ses lèvres. On n'aura plus de moments ensemble. Je pourrai pas être le père de ce marmot parce que suis juste le marin de passage à la ferme. Ce gamin va être le parfait petit fermier, mais ne mettra jamais un pied sur un navire de sa vie, probablement. Et c'est trop tôt, trop soudain. Beaucoup trop.

Deux visages s'imposent à son esprit. Deux enfants. Annelise et Dagher. Son cœur se serre, son corps se crispe. Lorsqu'il se rend compte qu'il est en train de secouer les braises avec un peu trop de vigueur, il lâche la branche.

« Pourquoi si vite? continue-t-il. Pourquoi il tient à te refiler un gamin dès son projet mis en branle, ton ami noble? »

Il se mêle de quoi, ton ami noble? Vous le choisiriez ensemble, le marmot? Ou tu irais avec Philippe ou Gauthier, peut-être? La vision est insupportable. Stupide, sans doute, mais insupportable, et il crève de jalousie juste à s'imaginer qu'un gars de la ferme ou le Beauharnais puisse accompagner Mathilde dans ses démarches, que cet enfant en sache moins sur celui qui partage la vie de sa mère adoptive que sur les travailleurs de la ferme ou le comte du coin. Trop tôt. Trop soudain. Trop surprenant. Trop douloureux.

Les questions de Darius restent en suspens un instant, sans doute parce qu'il ne semble pas avoir terminé. Et il est loin d'avoir terminé. Je t'aime. Je veux pas te perdre. Pourtant, il conclut ainsi en reposant son regard sur son amante :

« Je sais pas ce que tu attends de moi par rapport à ça, Mathilde. Je sais pas. »
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyMar 21 Juil 2020 - 2:56
C'est long, parfois, un silence. C'est pesant aussi. Les gentilles moqueries semblent bien loin, tandis que Darius s'enferme dans un mutisme parfait, dont il ne sort que pour répéter sa question. Le verrait-il d'un bon oeil, cet enfant un peu perdu, un peu maladroit, un peu apeuré qui débarque à la ferme pour y commencer une nouvelle vie loin des rues de Marbrume? Son visage fermé répond bien avant qu'il ouvre la bouche : non. Et c'est exactement ce qu'il lui dit.

Il va te bouffer tout ton temps.

Elle y a pensé, évidemment. Elle a été catégorique avec Aymeric : pas de morveux fraîchement né. Pas d'enfant incapable de courir. Sept ans, c'est pour elle le minimum, hors de question d'exposer un petit être innocent aux dangers du Labret. Le petit orphelin doit être débrouillard, dégourdi, et sans doute être capable de faire preuve d'une grande tolérance face aux débordements d'amour qu'elle porte déjà à ce gamin sans visage. Souvent, elle l'a imaginé courir dans les champs, les bras chargés d'un gros bouquet de fleurs cueillies juste pour elle. La mine fière, il lui tend son cadeau avant de s'attabler pour manger de bon appétit les mille et unes choses qu'elle lui a préparées. Une fois repus, il s'en va rentrer les animaux pendant qu'elle range la cuisine, avant de le border bien comme il faut dans son lit et de déposer un baiser sur son front. Il n'a ni visage ni nom, mais les dieux savent à quel point elle l'attend. Darius, lui, a vu ces belles images brisées... sans doute par la Fange, du moins c'est ce qu'elle imagine parce que le sujet d'Annelise et Dagher est plus souvent abordé dans ses rêves que lorsqu'il est éveillé.

Mathilde le regarde, se demandant à quel moment on recommence à vivre, quand sa vie a été brisée, quand on a tout perdu. Le pirate vit au présent, c'est à peine s'il entrevoit, de temps en temps, une bribe d'avenir. Et alors qu'il détourne le regard pour jouer avec le feu, elle s'interroge. Il va falloir l'apprivoiser... il va te bouffer tout ton temps. L'enfant sans nom ni visage est à ses yeux une charge dont il ne veut pas. Une charge qui va tenir Mathilde loin de son amoureux, en plus de demander des efforts de gentillesse. Les gestes du pirate sont secs, son poing se referme un peu plus fort sur la branche qu'il manipule. L'enfant réveille les blessures du passé.

Pourquoi si vite?

Vite... cela fait plusieurs mois déjà que l'idée a été lancée. Plusieurs semaines qu'Aymeric est revenu à la charge. Darius est en quelque sorte l'intrus dans cette histoire, l'élément qu'on n'avait pas vu arriver dans le plan initial et qui peut bouleverser les projets. Mais il n'a pas tort. Pour l'étrange couple qu'ils forment, c'est plutôt rapide. Et c'est parce que ça arrive vite qu'elle veut lui en parler.

Je sais pas ce que tu attends de moi par rapport à ça, Mathilde.

La tension qui l'habite est palpable. Pendant un instant, elle a envie de s'écarter, de reculer, de le laisser aller dans ses pensées secrètes qu'elle ne déchiffre pas. Mais un Je ne sais pas, c'est d'une certaine façon un appel à la discussion. Alors au lieu de s'écarter, Mathilde pose une main sur le poing de Darius et le regarde avec une tendresse infinie. Curieusement, là où elle devrait craindre qu'il se lève et parte seul comme un sale con avec sa barque en la laissant crever sur l'îlot, là où elle devrait se maudire d'avoir osé soulever un sujet si sensible qu'elle risque de le perdre, Mathilde semble paisible.

- J'attends pas une réponse ferme et définitive maintenant. J'attends pas un débordement d'enthousiasme, ni un mensonge pour me faire plaisir. Je t'en parle parce que je veux entrevoir l'avenir de la ferme, je veux un héritier, une descendance qui pourra assurer la relève. Je veux pouvoir pourrir un gamin de baisers, jouer dans ses cheveux, lui apprendre les chansons d'antan et lui transmettre ce qu'on se passe de génération en génération. Si c'est une fille, je veux pouvoir lui dire qu'elle a le droit d'avoir des ambitions démesurées. Si c'est un gars, j'espère qui sera un aussi bon pêcheur que moi. Mathilde sourit en sachant pertinemment qu'elle doit son succès à la chance et non à un talent quelconque. Je veux surtout donner une chance à un enfant d'avoir autre chose que les rues de Marbrume comme horizon. Je veux que malgré son bagage, il sache qu'un avenir est possible. Qu'il peut le bâtir, avec beaucoup de travail, de patience et de persévérance. Qu'il a le droit de rire même si il a vu des choses terribles. Je ne sais pas si je pourrai le choisir ni comment ça pourrait se passer, parce que je n'ai pas encore donné ma réponse. En fait, à part me dire que ça pourrait aller vite, Beauharnais ne m'a pas vraiment donné de date. L'hiver, peut-être. Il sait que je ne suis pas intéressée par un enfant trop jeune. Il sait aussi que je réserve ma réponse pour le moment.

Mathilde fait une petite moue. Elle parle beaucoup, mais ne s'anime pas plus que de raison. Elle réussit s'en tenir au côté pragmatique, sans évoquer sa stérilité, le désaveu de Serus, et cette envie qu'elle a, malgré toutes les peurs que cela implique, de devenir mère. Elle jette un oeil vers la besace, un peu trop lointaine. Plutôt avoir la gorge sèche que de s'éloigner de Darius. J'attends juste que tu sois honnête. Que tu me dises si tu marches avec moi ou si tu préfères ne pas t'aventurer là-dedans. Parce qu'un jour ou l'autre, Dar, notre lien va s'ébruiter. A cause d'un baiser qu'on aura échangé le plus naturellement du monde au milieu de la place publique, à cause d'une caresse qu'on croyait discrète mais qu'un petit malin relève, à cause de regards trop appuyés parce que les dieux savent à quel point je te regarde sans aucune discrétion quand tu travailles et que tu décides que ta chemise te tient trop chaud. Toi, tu vis au présent. Moi j'entrevois encore et toujours l'avenir. Mon avenir, il devrait ressembler dans pas si longtemps à des balades à ton bras, sous les regards médusés des femmes d'Usson. Je vois des nuits d'amour, des gueules de bois, des jeux de mots pourris, des confidences, des inquiétudes, des retrouvailles pleines d'émotions. Tu es entré dans ma vie, dans ma chaumière, et tu fais pleinement partie de mon avenir. J'ai une chance inouïe de pouvoir choisir avec toi si ça se passe à deux ou à trois. Avec toi tout court ou avec toi et un bonhomme ou une bonne femme qui nous emmerde à cause d'un cauchemar ou d'un bobo insignifiant, ou qui refuse de manger les trucs verts dans son assiette, mais qui déborde d'amour au point réclamer des câlins tout le temps, et qui a encore un soupçon de cette innocence qui rend magiques les choses les plus insignifiantes. Je peux choisir d'être ta Mathie, ou bien on peut choisir ensemble d'être les pires parents adoptifs de l'histoire de Marbrume.

Mathilde regarde Darius avec une moue qu'elle juge irrésistible et de grands yeux de biche.

- En fait, je veux juste que tu m'aides à choisir. Que tu me dises si tu marches avec moi ou si c'est trop compliqué pour toi. Parce que je t'aime, que ça te brusque, que ça réveille deux blessures, que j'en suis parfaitement consciente et qu'entre un orphelin imaginaire et un crétin de pirate, mon choix est fait. Elle sourit, se sentant obligée de préciser Je choisis le crétin de pirate, évidemment. Il fait soif non?
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyMar 21 Juil 2020 - 20:49
Après s'être tu, Darius fixe Mathilde, puis pose les yeux sur les flammes qui dansent devant lui. Il ne revient à son amante qu'en sentant sa main contre la sienne. Il ne dit rien, se contentant de plonger son regard clair dans le sien, plein de tendresse. Et il écoute.

Mathilde veut prendre soin d'un enfant, être mère. Si Serus l'a jusqu'ici privée des joies de la maternité, elle n'a rien perdu de son désir de s'occuper d'un petit garçon ou d'une petite fille qui l'appellerait Maman, qui serait dans ses pattes alors qu'elle tente de cuisiner, qui reprendrait un jour la ferme lorsqu'elle serait trop vieille pour manier sa fourche. Peu importe si le gamin est de son sang ou non. Peu importe s'il a été brisé par cette vie qui l'a rendu orphelin. Peu importe comment il s'appelle ou d'où il vient. Elle a trop d'amour à donner pour ne pas en inonder un petit être qui ne demande qu'à être aimé.

J'attends juste que tu sois honnête. Darius sourirait presque en coin à cette déclaration. Avec elle, il est honnête. Il n'arrive pas à tout dire, mais il ne ment pas. Il ne voit pas d'un bon œil la venue prochaine d'un enfant inconnu, et ce, pour mille et une raisons qu'il n'a finalement peut-être pas besoin d'expliquer à son amante. Elle trouve toujours la faille pour s'immiscer même lorsqu'il se ferme et elle s'y aventure avec prudence, mais sans regarder derrière. Elle le comprend. Elle sait qui il est et ce qu'il pense sans qu'il ait à lui expliquer, et ce, depuis le début.

Mathilde conçoit leur avenir à deux. Darius ne prend la peine de penser à l'avenir que lorsqu'il est avec Mathilde. Entre un orphelin imaginaire et un crétin de pirate, mon choix est fait. Je choisis le crétin de pirate. Le marin considère son amante en silence. Pour être avec lui, elle est prête à renoncer à un rêve qu'elle caresse sans doute depuis qu'elle joue avec des poupées. Parce qu'elle l'aime, parce qu'il a des blessure profondes qui peinent à cicatriser malgré le temps qui passe.

Il fait soif, non? Darius acquiesce et se lève lentement pour aller récupérer l'alcool aux prunes que Mathilde a pris soin d'apporter dans sa besace. Dès que la bouteille est entre ses mains, il l'ouvre pour boire une gorgée directement au goulot. Restant debout, immobile face à la fermière, il l'observe un instant en silence.

« Je marche toujours avec toi, Mathilde, finit-il par lâcher. Je marche toujours avec toi, mais je vais être honnête : j'ai pas envie d'un gamin dans la chaumière. Pas tout de suite. Parce que c'est compliqué pour moi, mais pas juste pour ça. »

Darius marque une pause et prend une autre gorgée d'alcool, comme pour rassembler ses idées.

« Parce que je suis égoïste, Mathilde. Parce que je te veux juste pour moi encore un peu, parce que j'ai pas eu le temps de t'aimer assez pour avoir envie de gérer un môme entre deux des moments privilégiés que j'ai avec toi. Parce que je veux que ce môme, quand il arrivera, il fonce dans des machins qui m'appartiennent quand il court comme un démon dans la chaumière. Parce que je veux qu'il envoie chier les apprentis fermiers qui te disent comment gérer ta ferme et qu'il leur dise que son père va leur défoncer la tronche quand il va revenir de son voyage. Parce que je veux pas que t'as adopté ce marmot avec un de tes gars. Parce que je veux avoir le temps de me préparer, de prévoir quoi faire s'il m'arrivait quelque chose, d'assimiler et... le reste. »

Le reste. Le reste, c'est guérir, envisager de se rebâtir une vie, aussi étrange et incertaine peut-elle être. Le reste, c'est réussir à ouvrir la porte du passé complètement, ne serait-ce que de temps en temps. Et le reste, c'est compliqué et c'est trop pour le moment.

« Je suis un crétin de pirate, mais je suis pas le crétin de pirate qui va t'empêcher d'être mère si c'est ce que tu veux, Mathilde. En fait, je serais déçu que tu me laisses être celui qui va t'empêcher de faire quelque chose. Pour moi, ça existe pas, une personne qui est capable d'aller contre la volonté de Mathilde Dumas. »

L'ombre d'un sourire apparaît au coin de ses lèvres alors qu'il repense à sa belle fermière en train de défendre ses panais avec véhémence à bord d'un navire grouillant de pirates.

« Je te veux juste pour moi encore un peu, réitère-t-il. Je veux pas te partager. Je suis égoïste et je m'en fous. Je t'aime trop pour pas l'être. »

Il prend une nouvelle gorgée. Cette fois, c'est lui qui parle beaucoup, ce qui peut étonner, car il est rarement aussi volubile lorsqu'il discute de sujets sérieux.

« Épouse-moi, Mathilde, continue-t-il en fixant Mathilde droit dans les yeux. Ici. Tout de suite. Peu importe s'il y a des gens ou non, s'il y a un prêtre ou non. On n'a besoin que d'Anür, et Anür est partout, ici. »

D'un geste, il désigne l'étendue vaste de la mer, dont seules les vagues viennent briser le court silence qui suit ces paroles. Nouvelle gorgée d'alcool aux prunes. Nouveau regard insistant, intense. Léger sourire en coin.

« Épouse ton crétin de pirate avant qu'il finisse ton alcool aux prunes. »
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyMer 22 Juil 2020 - 3:20
Pas tout de suite. C'est trop tôt. Mais quand le bon moment arrivera-t-il? Demain, une fois que l'idée aura eu le temps de faire son chemin? Dans un mois, après une dramatique prise de conscience survenue alors qu'il est seul dans un coin du bateau ? Dans un an, s'ils survivent jusque là? Pour Mathilde, trop tard semble bien plus proche que trop tôt, même si leur petite romance le temps d'une croisière a pris beaucoup plus d'importance qu'elle ne l'avait anticipé. Combien de temps leur reste-t-il à chacun? Qu'est-ce que les dieux ont bien pu leur réserver comme sort? Autant de questions silencieuses qui resteront sans réponse. La fermière le sait, personne ne peut prétendre à deviner l'avenir. Ceux qui s'en croient capables ne sont que des charlatans.

Je suis égoïste. Mathilde ne peut s'empêcher de lui répondre par un air faussement surpris alors qu'il garde la bouteille pour lui seul, trop concentré à mettre des mots sur ses pensées que pour songer un instant à partager le divin breuvage. Rapidement, elle retrouve pourtant son sérieux. Qu'il s'ouvre ainsi à elle n'est pas si rare, ils ont des discussions aussi sérieuses depuis le début, depuis qu'ils ont eu conscience qu'ils devaient s'apprivoiser mutuellement. Mais ces moments plus graves sont aussi importants, si ce n'est plus, que tout le reste. Loin de partager un souvenir ou de créer des moments à deux, ces échanges sont autant de portes ouvertes sur leur propre essence, sur ce qu'ils sont réellement, en dehors des apparences. C'est d'ailleurs là que la confiance qu'ils se portent l'un à l'autre se solidifie, alors qu'ils se confient.

Darius ne veut pas d'un orphelin dont il ne soit pas le père adoptif. Je marche toujours avec toi. Même si c'est de façon épisodique, entre deux raids, il veut lui aussi avoir un rôle dans l'histoire. Être père, à nouveau, protecteur et plein de mauvaises idées à inculquer à ce petit être qui ne demandera probablement que ça. Lui aussi a perdu la possibilité de transmettre un héritage, qu'il soit palpable comme le bateau ou insaisissable comme le sont la somme de ses connaissances sur la mer. Le fait qu'il imagine un instant seulement que Mathilde désigne l'un de ses gars pour tenir ce rôle est à mourir de rire, mais elle n'en fait rien. Certains partiront au printemps, pour s'occuper de leurs terres, d'autres arriveront... les gars, même s'ils survivent, n'ont rien de permanent sur la ferme et c'est pour cela qu'aucun d'entre eux ne se considère chez lui.

Mathilde sourit. Elle l'embrasserait si elle le pouvait, mais il est debout, elle n'a pas bougé en espérant qu'il se rassoit. Darius ne rejette pas l'idée, du moins pas s'il a le temps de l'assimiler et s'il prend pleinement part à l'éducation de ce petit inconnu.

Ça existe pas, une personne qui est capable d'aller contre la volonté de Mathilde Dumas. Son sourire s'étire un peu plus. Elle pourrait lui en citer une bonne dizaine avec lesquelles elle bataille régulièrement, mais elle se garde bien d'en dire quoi que ce soit pour ne pas briser l'image qu'il se fait d'elle. C'est drôle, lui aussi sourit un peu. Peut-être parce que l'alcool de prune trace doucement son chemin dans le corps qui semble se détendre un peu. Je veux pas te partager. Au moins, il a le mérite d'être très clair, bien que Mathilde ne voit pas vraiment en quoi elle serait plus partagée qu'elle ne l'est déjà lorsqu'ils sont à la ferme.

Patiente, Mathilde garde le silence même lorsqu'il prend une autre gorgée. Il n'a pas fini. En temps normal, elle aurait probablement protesté, se serait même laissée emporter dans des explications sans fin, mais l'instant lui paraît tellement important qu'elle se tait. Le regard qui se pose sur elle lui confirme son impression. Jusqu'à ce que... Épouse-moi, Mathilde. Une mâchoire peut-elle tomber plus bas que celle de Mathilde à ce moment précis? Probablement pas. Ici, tout de suite. Mathilde referme la bouche et reste muette. Suivant le geste de Darius, elle contemple la mer. Anür est partout, ici.

- Oui!

Le mot a franchi ses lèvres avant même qu'elle n'ait pu stopper le flot de ses pensées qui se bousculent dans sa tête.

- Non! A... Attends une minute! Quoi?! Sur le visage de Mathilde se lit l'incertitude. Elle n'est pas sure d'avoir bien compris. La minute d'avant, ils parlaient d'adopter ensemble un orphelin, et du temps nécessaire à Darius pour guérir ses blessures, et le voilà qu'il la demande en mariage. Elle se retourne sur lui et le dévisage. Elle n'a pas rêvé. Il a bien fait ce qu'elle croit qu'il a fait.

- Dar... C'est pas parce que je parle d'adopter un enfant que tu vas me perdre. T'as pas besoin de me demander en mariage sous prétexte que t'as peur que je m'éloigne. Je suis là, avec mes idées saugrenues, mes questions indélicates et mon irrésistible chevelure. Mathilde sourit, mais visiblement c'est un peu forcé. Elle cache son malaise derrière une pointe d'humour, plus pour se détendre elle que le faire rire lui. Tendue, elle l'est. Parce que la proposition résonne comme un avertissement des Trois. C'est la troisième demande en mariage qu'elle reçoit cette année. La flamboyante rousse a disparu le lendemain et est probablement morte. Le milicien, lui, n'est jamais rentré de son expédition, deux mois après avoir fait sa demande. Et comme le dit l'adage, Jamais deux sans trois. Elle grimace. Non. Darius ne sera pas le troisième qui disparaît, elle n'imagine même pas avoir à survivre à ça. Mathilde se lève pour lui faire face. Le regard de Darius est d'une intensité rare.

Je t'aime Dar, mais si tu m'épouses là devant Anür, dis-toi bien qu'il va falloir qu'on aille voir un prêtre demain pour que ça soit officiel. Parce que si tu t'engages envers moi, devant les dieux je veux dire, je compte bien me pavaner à ton bras et faire jaser tout Usson. Il y a un fond de sérieux dans tout cela. Profondément croyante, malgré sa tendance à remettre en question tout ce qui peut sortir de la bouche d'un prêtre, Mathilde ne considère pas de se marier autrement que devant un représentant des Trois. Elle prend doucement le visage de Darius entre ses mains. C'est sérieux, Darius. C'est vraiment sérieux. Si t'as juste la trouille de me perdre, tu peux arrêter tout de suite, t'as bien vu que j'étais capable de te retrouver même à Marbrume. Et tu sais que je ne compte pas te lâcher. Mais si tu veux vraiment que je sois ta madame Vortigern, alors épouse-moi là, maintenant, devant Anür, et demain devant un prêtre, et fais-moi la promesse de ne jamais disparaître sans que je ne le sache. Et arrête de picoler la bouteille tout seul, ptit con.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyMer 22 Juil 2020 - 23:59
Oui! Non! Attends une minute!

Darius regarde Mathilde, probablement aussi confus qu'elle, qui le fixe maintenant avec un air incertain. Elle n'a pas vu venir la demande. Lui non plus, en fait. Elle lui est venue spontanément, naturellement, même si elle paraît être en contradiction avec tout ce qu'il vient de dire, avec tout ce qu'il a cru lorsque lui et Mathilde ont commencé leur étrange histoire. Il n'aurait jamais pensé demander à une autre femme de l'épouser. Et pourtant, les mots se sont échappés seuls, sans qu'il ait à y réfléchir, comme témoignant d'une envie profonde, celle qu'ils s'appartiennent réellement l'un l'autre. Ils ont encore bien des mystères pour l'autre, mais c'est sans importance. Leur lien est déjà trop fort pour être brisé par un secret.

Mathilde n'y croit pas. Elle pense qu'il agit par crainte, par obligation. Dans son regard, par contre, Darius perçoit aussi sa peur. Est-ce trop tôt pour elle? Pense-t-elle que cette avenue est pour eux trop dangereuse? Craint-elle de le perdre comme elle a perdu tous les autres avant lui, de revenir une amante éplorée, une veuve endeuillée?

Darius continue de regarder Mathilde et sourit en coin à ses paroles. Elle a raison, s'ils souhaitent officialiser leur union aux yeux des autres, il leur faudra demander la bénédiction d'un prêtre. Que feront-ils? Il n'est pas Darius Vortigern, à Usson, mais bien Dartagnan... Dartagnan quelque chose. Peut-il se marier en utilisant son nom d'emprunt? Mathilde prendrait alors un nom d'emprunt. La chose lui paraît compliquée, mais il la laisse de côté pour l'instant. Parce que Mathilde accepte de l'épouser, même si c'est une idée aussi folle qu'inattendue.

La fermière se lève et vient encadrer le visage du marin de ses longs doigts. Elle réitère qu'elle ne veut pas qu'il l'épouse uniquement parce qu'il craint de la perdre si elle adopte un enfant – voire s'il manifeste son désaccord à ce qu'elle en adopte un. Elle ne compte pas le lâcher, quitte à remuer ciel et terre pour le retrouver s'il disparaît. Il sourit en coin.

Et arrête de picoler la bouteille tout seul, p'tit con. Son sourire s'élargit et se fait plus moqueur. Il a effectivement pris quelques gorgées d'alcool aux prunes en omettant de partager avec sa belle fermière pendant qu'il parlait.

« T'as raison, peut-être qu'il vaut mieux que j'arrête tout de suite, murmure-t-il, marquant ensuite une longue pause. Si t'épouser veut dire que je dois te donner cette bouteille, ça remet tout en question. »

Darius ricane tout bas, puis offre finalement une gorgée à Mathilde avant de déposer la bouteille par terre près d'eux et d'enlacer son amante. Il glisse une main le long de ses fesses et de son dos pour la laisser se perdre dans son irrésistible chevelure.

« Je te demande pas de m'épouser parce que j'ai peur de te perdre, Mathilde, je te le demande parce que j'ai envie que tu sois ma femme. Je sais que les choses sont pas simples avec moi et que je suis un puits infini à emmerdes. Je sais que ça va peut-être être compliqué à gérer à Usson et que c'est pas raisonnable d'unir nos vies officiellement. Mais rien de ce que je fais est raisonnable avec toi. J'étais supposé te terroriser et voler tes panais, j'ai fini par dormir enlacé avec toi et t'embrasser dans une barque. Bon, j'ai quand même volé tes panais, mais c'est pas nécessairement le point principal de ce que je dis... »

Un léger silence plane. Darius rit un peu, puis beaucoup trop. Impossible de parler de panais sans glisser une petite blague, même dans un moment aussi sérieux. Entre deux rires, il se saisit toutefois du visage de Mathilde et vient chercher ses lèvres des siennes pour l'embrasser longuement, geste qui achève de calmer sa propre hilarité. Le baiser est passionné, amoureux. Épouse-moi, paraît-il répéter silencieusement.

« Deviens Madame Vortigern ce soir, sous les étoiles, et demain encore, demande-t-il une nouvelle fois. Je disparaîtrai pas. Je t'ai dit que je te lâcherais pas, belle fermière. Et je te lâcherai pas. »

Pour le meilleur et pour le pire... Probablement pour le pire, mais tant pis.

Madame Vortigern. Les mots résonnent un instant dans son esprit, lui donnent un vertige à la fois exaltant et terrifiant. Le passé refait légèrement surface. Le visage de Catharina se dessine petit à petit dans sa tête. Il n'y a pas si longtemps, c'était elle, Madame Vortigern. Un frisson lui parcourt l'échine. L'image s'estompe. Il n'arrivera rien à Mathilde. Il ne laissera rien lui arriver.

Darius dépose un baiser plus tendre contre les lèvres de Mathilde. Quelque part, il partage sa peur, celle-là et mille autres sans doute. Malgré tout, cette union s'impose à lui comme une évidence, à la manière du lien qu'il a tissé avec Mathilde peu après leur rencontre. Il n'est peut-être pas prêt à avoir un enfant dans sa vie demain, mais il est au moins prêt à être avec elle. Il en a la certitude.

« Tu veux te faire une belle robe d'algues? murmure-t-il dans un sourire contre ses lèvres. Mettre des coquillages dans tes cheveux? Te marier complètement nue devant Anür? Te... »

Darius est interrompu par son estomac qui lâche un grondement particulièrement sonore et disgracieux. Il fait mine de ne pas y toucher et continue :

« ...T'évader avec moi dans la nuit pour t'unir au beau milieu de la mer sous le regard bienv... »

Nouveau grondement. Darius grimace, ayant perdu le fil de ses pensés. L'organisation de l'escapade et les petites balades en bateau lui ont réellement creusé l'appétit et la pomme qu'il a engloutie n'est plus qu'un lointain souvenir.

« ...Peut-être même m'épouser l'estomac plein? », tente-t-il avec son air le plus innocent.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyVen 24 Juil 2020 - 4:32
Si t'épouser veut dire que je dois te donner cette bouteille, ça remet tout en question. Mathilde rit doucement. T'es vraiment un petit con! Il était temps que je m'en rende compte, j'ai failli te donner le oui le plus naïf qui soit murmure-t-elle en prenant la bouteille qu'il lui cède enfin. Elle ne la lui rend qu'après y avoir pris une grande rasade qui, à défaut de lui remettre les idées en place, lui fait un bien fou.

Je te le demande parce que j'ai envie que tu sois ma femme. Le frisson qu'il lui a arraché, d'une seule caresse, n'est rien au regard de celui que provoque cette seule phrase. Darius est sérieux. Sa demande n'est pas une histoire de peur ou d'égoïsme, elle est aussi sérieuse et irréfléchie que l'est toute leur histoire. Et s'ils se marient réellement, oui, il est à parier qu'en officialisant le tout, le mariage de la veuve Dumas va faire jaser, va susciter des questions et attirer peut-être quelques curieux qui finiront par se trouver un autre sujet de discussion. Un vol quelconque, le début de l'hiver un peu trop hâtif, la dramatique mort d'une femme revenant d'Usson, tout est bon à discuter quand on mène une vie ordinaire et que le seul moyen de s'en sortir de temps en temps est de raconter la vie peu banale des autres.

J'ai quand même volé tes panais. Mathilde fait une petite moue désapprobatrice. Il ne les a pas volés, elle les lui a donnés. La nuance est importante. Mais elle l'enlace quand même, même s'il enjolive un peu la réalité, avec un petit sourire amusé... et un jeu de mots, en plus. Quel con alors, mais quel beau con. Les doigts de Mathilde jouent dans la chevelure de Darius alors que son sourire s'étire et que le grand rire du pirate s'élève une fois encore. Elle pouffe une fois, deux fois, puis finir par le suivre dans son rire. Pourtant, malgré l'hilarité, leurs lèvres se trouvent naturellement pour échanger un baiser d'abord léger, puis, à mesure que le sérieux les gagne à nouveau, gagne en intensité. C'est un baiser amoureux, comme ils pourraient en échanger des milliers d'autres. Un serment silencieux qui semble dire Je t'aime maintenant et pour toujours.

Deviens Madame Vortigern ce soir, sous les étoiles, et demain encore. Il réitère sa demande, confirmant ainsi sa demande spontanée.Et je te lâcherai pas. Mathilde reste muette, le souffle court. Comme s'il la savait en lutte avec ses propres peurs -chacun son tour!-, Darius lance une énième boutade au sujet d'une robe d'algues à laquelle elle sourit à peine. Elle le regarde, cherche à déchiffrer l'avenir sur son visage. L'épouser? Une grosse bêtise. Marius Dumas, son père, le lui interdirait formellement. Ses gros sourcils s'agiteraient frénétiquement pour ponctuer ses remontrances, tandis que sa fille, penaude, ne ferait qu'écouter sans même oser protester plus de deux fois. Un pirate, un voleur, un traître, un coureur de jupons qui a autant de bâtards que d'orteils. Un hors-la-loi qui tue sans scrupules et qui utilise le travail des honnêtes gens pour son propre profit. Et qui ne pense qu'à manger. Cette fois, à la musique des gargouillis de l'estomac, elle répond par un sourire moqueur.

- L'estomac plein, hm? Ça veut dire que si je t'épouse, je vais être obligée de partager mon monstre marin avec toi? Laisse-moi y penser... Mathilde rit doucement et dépose quelques baisers furtifs sur les lèvres de Darius.

Darius, le pire mari dont elle aurait pu rêver. Le meilleur. Parce qu'il la respecte telle qu'elle l'est sans vouloir la changer. Parce qu'elle en connait les travers autant que les qualités. Parce qu'il la charme constamment et qu'elle adore ça. Parce qu'il est son opposé, et quelque part, son complément. Parce qu'elle se sent en sécurité, même sur l'eau, lorsqu'elle est avec lui. Parce qu'elle sait déjà que s'il tombe, elle préférera tomber avec lui plutôt que de feindre l'innocence. Parce que rien n'est raisonnable dans cette histoire mais que tout est naturel. Rapide, si on prend un peu de recul, mais naturel.

- Darius Vortigern murmure-t-elle en laissant ses mains glisser le long des bras de son amant pour lui prendre les mains, je crois qu'on a un banquet de fiançailles à honorer. Elle sourit, prise d'une émotion qui étreint sa gorge et fait briller ses yeux, et l'embrasse tendrement. Mathilde Vortigern, épouse de Darius le sanguinaire. Marius Dumas doit se retourner dans sa tombe. Elle prolonge le baiser, un instant seulement, jusqu'à ce que l'estomac de Darius proteste à nouveau, provoquant l'hilarité de la fermière. D'accord d'accord, j'ai compris, mangeons d'abord, marions-nous ensuite.

Mathilde s'écarte de Darius, et le regarde un instant dans ce décor marin où le bruit des vagues et la brise au goût de sel sont omniprésents. Ils se sont rencontrés dans ce même décor où rien n'existe si ce n'est eux, et se marieront là, à l'abri de tout, là où ils peuvent faire tomber les masques sans craindre d'être découverts. Bon sang et en plus il est beau! Mathilde sourit de sa chance et, du pied, repousse légèrement le poisson vers le feu pour qu'il retrouve la température parfaite.

- Ne bois pas toute la bouteille sans la partager. Cette fois elle rit, et s'en va chercher de quoi accompagner le poisson : un peu de pain, un morceau de fromage, et une galette en guise de dessert. Un vrai repas de fête. Lorsqu'elle revient en chantonnant, elle ôte le poisson du feu et s'affère à préparer deux belles portions. Je crois qu'il va falloir un peu batailler avec les arêtes... Elle s'assoit à nouveau près du feu, et lorsque Darius l'imite, elle étend ses jambes par-dessus celles de son amant fiancé et dépose dessus le bol de bois qu'ils partageront.

- Bon appétit, homme affamé. Mathilde rit. Les discussions sérieuses semblent loin derrière eux. Darius a retrouvé sa bonne humeur et est détendu, elle aussi. L'orage est passé. Admettons que ce bon Dartagnan épouse Mathilde devant un prêtre... il va bien lui falloir un nom, non? Est-ce que tu vas réellement donner celui de Vortigern, avec tous les risques que ça comporte, ou est-ce que tu vas nous en inventer un à la hauteur de ton prénom d'emprunt? Mathilde jette un oeil moqueur à Darius avant de prendre une bouchée. Une fois avalée, elle reprend Parce que sinon, on peut aussi bien dire que, fils de père inconnu, ta mère étant morte très tôt, tu n'as pas de nom. Et je te donne le mien. Dartagnan Dumas, ça passe bien. Elle fronce les sourcils. Le nom de ton oncle, ça serait trop dangereux par rapport à Iz j'imagine? Hmmmm ch'est bon! ajoute-t-elle en prenant une autre bouchée. Chure que ch'est de la chébachte!
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyLun 27 Juil 2020 - 4:11
L'estomac plein, hm? Ça veut dire que si je t'épouse, je vais être obligée de partager mon monstre marin avec toi? Laisse-moi y penser... Darius sert son regard le plus irrésistible à Mathilde tout en répondant aux baisers furtifs qu'elle dépose contre ses lèvres. Chaque contact est une nouvelle invitation à se laisser entraîner toujours plus loin dans cette aventure déraisonnable, à faire un pied de nez aux convenances, qui voudraient qu'une gentille fermière épouse un gentil fermier et qu'un pirate n'épouse personne. Comme si les convenances avaient déjà véritablement eu une place dans leur relation...

L'émotion gagne Mathilde et illumine son regard. Darius lui sourit et l'embrasse tendrement en retour. Il aurait volontiers prolongé le baiser si son estomac n'avait pas choisi ce moment précis pour se manifester de nouveau et provoquer les rires de la fermière. Il rit aussi, tout simplement incapable de faire taire les gargouillis de plus en plus sonores qu'il laisse échapper malgré lui.

« Un sens des priorités exemplaire, comme toujours », dit-il, l'air moqueur, non sans arracher un dernier baiser à Mathilde avant qu'elle s'écarte.

Tandis que Mathilde part en quête de quoi accompagner leur repas, Darius se penche et ramasse la bouteille, faisant mine de la vider cul sec avant d'aller s'installer auprès du feu. Le repas est prêt et il se dit intérieurement qu'il ne pourrait véritablement rêver de meilleur banquet de fiançailles : un monstre marin attrapé à deux, au beau milieu de nulle part, et préparé avec soin par Mathilde. Un repas avec une histoire dont ils reparleront assurément souvent si Anür leur permet de devenir vieux et ridés ensemble.

Bol de bois en main, Mathilde prend place près du feu, et Darius s'assoit près d'elle. D'un sourire, d'un regard, il la remercie du repas et attaque aussitôt le poisson, retirant sans trop de mal les arêtes sur lesquelles il tombe. À la première bouchée, il hoche la tête avec une visible satisfaction : le monstre marin est grillé à la perfection. Mathilde a fait des miracles avec le peu qu'elle avait sous la main.

Tout en écoutant Mathilde, Darius mange avec appétit, faisant encore une fois honneur à la cuisine de sa belle fermière, évoquant la question du nom qu'elle prendra une fois leur union officialisée. Il reprend alors sa réflexion là où il l'avait laissée, mâchant d'un air pensif. Chure que ch'est de la chébachte! Il sourit en coin, amusé d'avoir compris quelque chose à cette élégante intervention.

« Ah oui, de la chhhébaccchte, tu crois? », la raille-t-il en mordant dans un morceau de pain.

Après avoir englouti croûte et mie, Darius revient sur la question de Mathilde :

« J'ai le nom de mon oncle. Ma tante a tenu à ce que je le prenne aussi. C'était plus simple comme ça. »

Darius hausse les épaules et se coupe un morceau de fromage, puis en offre un à Mathilde. Il marque une pause, réfléchissant aux diverses options qui s'offrent à eux.

« Je pourrais être un sans nom et devenir Dartagnan Dumas, mais peut-être que ça ferait jaser. Enfin, encore plus. On pourrait inventer un nom de toute pièce, aussi, c'est une option sans risque, mais sans signification particulière. Et il faudra trouver quelque chose de pas trop con. »
Darius sourit, mutin. Il a l'habitude de se créer mille et un personnages et de donner à chacun un nom différent, mais ses créations sont parfois loufoques. Et décider du nom que porterait Mathilde lui paraît nettement plus compliqué que de s'affubler d'une fausse personnalité dont il peut se débarrasser dès qu'il quitte son interlocuteur.

« Il y a le nom de ma mère, sinon, continue-t-il. Dulac. Dartagnan et Mathilde Dulac, c'est pas si mal. Quant à Vortigern... Au final, c'est un nom assez sûr, tu sais. Les gens qui connaissent mon nom complet sont assez rares. De ce que j'en sais, il est pas parvenu aux oreilles des autorités, et le contraire aurait été étonnant. Je l'utilise jamais et Isak non plus. Il y a peut-être une poignée de personnes pas recommandables qui l'ont déjà connu, mais je peux même pas te dire qu'ils sont encore vivants. Probablement pas pour la vaste majorité d'entre elles. »

Darius regarde Mathilde et lui replace doucement une mèche folle qui virevolte au vent et cherche constamment à s'inviter dans les bouchées qu'elle tente de prendre. Mathilde Vortigern. Un nom étrange, mais qui sonne bien à ses oreilles. Un nom unique, à l'image de leur lien.

« Je pense pas que t'appeler Madame Vortigern est ce qui t'apportera des emmerdes. Le risque, c'est être avec moi. Depuis le début. Mais ça, tu le sais déjà. »

Mathilde sait qui il est, elle l'a su dès les premières secondes de leur rencontre. Elle aurait dû fuir, mais elle l'a affronté. Elle aurait dû le repousser, mais elle l'a laissé approcher, encore et encore. Elle a eu l'ultime occasion de reculer lorsqu'il lui a demandé de l'épouser, mais elle a dit oui. Il est un risque qu'elle ne craint pas de prendre.

Darius laisse sa main courir contre la cuisse de Mathilde, son regard plongé dans celui de son amante. De sa fiancée. De sa femme, bientôt. Isak n'en croirait pas ses oreilles.

« T'en penses quoi? En toute objectivité, je trouve que ça te va plutôt bien, Mathilde Vortigern. Je dis ça comme ça... »

Darius donne un baiser furtif à Mathilde, puis ajoute, comme réalisant soudain quelque chose :

« T'as toujours eu le nom de Dumas? Je veux dire... Philibert était un sans nom ou t'as juste décidé de reprendre ton nom de jeune fille? Je me suis jamais posé la question avant maintenant, j'avoue. M'dame Dumas, ça semble venir naturellement aux gens d'ici. »
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyMar 4 Aoû 2020 - 22:04
Ainsi, Vortigern est le nom des parents d'Isak qui, par conséquent, est un Vortigern lui aussi... éventuellement l'un des derniers. Mathilde saisit le morceau de fromage tendu par Darius et regarde l'homme en songeant à la douce ironie que représente sa position vis-à-vis d'une adoption d'enfant. Le couple a-t-il réellement eu le temps de réfléchir à ce que cela impliquait d'accueillir leur neveu à la maison? Ont-ils décidé de l'adopter pleinement dès son arrivée ou ont-ils pris le temps d'y penser avant? Plus simple, en effet... se contente-t-elle de souligner doucement.

Trouver quelque chose de pas trop con est un défi pour le dénommé Dartagnan, dont elle ne peut qu'imaginer les autres appellations fantaisistes. Mathilde peine à imaginer un autre nom de Vortigern, ne serait-ce que parce qu'elle a peur de ne pas réussir à mentir. Un nom s'échappe si spontanément dans une discussion. Et puis Vortigern c'est aussi l'une des premières confidences, l'une des premières choses qu'il lui a partagées, baissant lentement le masque du capitaine pour dévoiler cet aspect de lui que peu de gens connaissent.

Dartagnan Dumas... Mathilde fronce légèrement le nez en se le répétant silencieusement. Un double mensonge, qui aurait pourtant l'avantage de simplifier les choses : Dumas, c'est le nom qu'elle a toujours porté, impossible de se tromper et tout porte à croire que même complètement ivre elle ne fera pas d'erreur. Mais Dumas n'est pas Vortigern. Dumas représente l'ancrage séculaire à la terre, le travail ardu des hommes et des femmes dans les champs, et le savoir des plantes et des animaux transmis de génération en génération. Dumas n'a rien à voir avec l'océan à perte de vue. Le nom n'évoque ni les embruns ni les claquements des voiles dans un vent violent. Dumas est sage, serein et trace le sillon de sa vie dans le droit chemin. Secrètement, elle est la première à dévier de cette honnêteté qui caractérisait sa famille jusqu'ici. Dumas n'est pas pour Darius, ni pour Dartagnan le marin.

Dartagnan et Mathilde Dulac. Mathilde a à peine de temps de faire tourner le nom dans son esprit pour en apprivoiser les sonorités que Darius poursuit ses réflexions à haute voix, indiquant que Vortigern est probablement un nom très sûr compte tenu de la discrétion dont il fait preuve sur sa véritable identité. D'abord surprise, la fermière songe qu'elle aurait dû y penser : à force d'inventer des identités pour mener à bien ses affaires, son véritable nom demeure peu connu de ses partenaires d'affaires. Darius Vortigern est presque un parfait inconnu, à l'inverse de Dartagnan et des autres dont il ne lui parle pas et dont elle ne veut rien savoir. Mathilde prend alors conscience de l'ampleur du privilège qu'elle a de savoir qui il est, sans mensonge ni tricherie. Madame Vortigern. Elle rit doucement. Je te rappelle que je ne t'ai pas attendu pour être la baronne des emmerdes. Je suis Mathilde-Même-Pas-Peur Dumas, après tout.

Même pas peur... ou presque, parce qu'elle avait eu peur en l'entendant descendre les marches de la cale. Tout comme elle avait eu peur lorsque l'un de ses gars l'avait presque violentée. Tout comme elle aurait peur à chacun de ses départs de ne jamais le revoir. La peur était devenu un sentiment familier et quotidien qu'elle avait appris à tempérer selon la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle en avait découvert les différents stades, allant de la petite appréhension à la panique désarmante, et toujours essayait-elle de l'affronter pour prendre le dessus.

- On prend chacun un risque. Mathilde Vortigern sonne très bien. Ça parle d'aventure et de refuge, et il n'y a aucun mensonge derrière ce nom. Seulement une multitude de secrets.

Le baiser est si furtif qu'elle fronce les sourcils de mécontentement. Jamais trop, jamais assez. Et alors qu'elle étire légèrement le menton pour lui voler un vrai baiser, elle s'interrompt. Une question vient de traverser l'esprit de Darius, une question au sujet de feu son mari qui choisit bien mal son moment pour s'inviter dans la conversation. Mathilde soupire légèrement.

- Philibert est la victime de mon père. Papa a beaucoup insisté pour que je me marie. Vraiment beaucoup. Jusqu'au jour où j'ai cédé et où je lui ai promis de bien me tenir lorsqu'il me présenterait quelqu'un qu'il jugerait apte à reprendre ma ferme. Parce que c'était ma ferme, dans mon esprit, évidemment, et qu'il était hors de question que j'en perde le semblant de contrôle que j'avais vaguement acquis à l'époque. Papa vieillissait, j'étais la dernière prête à prendre sa relève, mais il tenait à mettre un homme dans l'affaire et à voir grandir des bébés Dumas avant de mourir. Elle leva les yeux au ciel. Comme si élever des enfants aurait dû être sa priorité. Non, sa priorité avait toujours été les champs, les bêtes, les récoltes, l'amélioration du rendement. L'aspiration maternelle n'était arrivée que lorsqu'elle avait réalisé que Serus ne bénirait pas son union. Alors papa s'est lancé à la recherche du parfait gendre et est revenu avec quelques propositions, dont Philibert que j'ai choisi d'une certaine façon. Il présentait bien, était gentil, bon travailleur et acceptait de prendre le nom de Dumas pour faire perdurer la tradition. Si nous avions eu des enfants, ils auraient porté le nom de Dumas, auraient repris la ferme et seraient devenu la sixième génération. C'était important pour papa, assez que pour qu'il réussisse à persuader Philibert que ses parents ne lui en tiendraient pas rigueur. Un petit sourire moqueur se dessine sur les lèvres de Mathilde. Bon en même temps, les parents étaient morts et à l'époque on ne crevait pas encore de trouille à l'idée de voir un mort se relever. Alors papa a adopté Philibert, qui m'a épousé sous le nom de Dumas. J'ai toujours conservé mon nom, tout comme la ferme. Tous ces efforts pour rien... c'est un peu ironique hein? Pauvre papa. Parfois je me dis que c'est pas à moi que Serus en veut, c'est à papa. Et qu'il s'est vengé à travers moi.

Mathilde sourit. Il ne manquerait plus que les Trois confirment cette hypothèse par la naissance d'un bébé Vortigern à l'automne prochain. Un bébé dont le sexe tracerait son avenir, sur les flots ou dans les champs. Sans doute serait-ce là un sujet de dispute entre eux.

- Est-ce que tu voudrais que ton cousin soit là, à notre mariage? Parce que l'air de rien, il va devenir mon cousin. Et que vous allez être ma famille, tous les deux.

Sa famille... des pirates. Qui aurait pu croire que l'honnête Mathilde succomberait au charme d'un brigand des mers? Personne, pas même elle, et pourtant malgré les occupations fort peu recommandables de son fiancé, elle ne peut que se réjouir de vivre enfin ce moment où elle choisit celui qu'elle aime sincèrement pour être son époux, pour être sa famille... une famille qui est à l'exact opposé de ses valeurs tout en incarnant pourtant une droiture et une honnêteté sans faille à l'égard de ceux qu'ils aiment. Qui inviterait-elle à leur mariage, si elle le pouvait? Peut-être le jeune Arthur, qui est le seul, parmi ses travailleurs, à être un peu plus qu'un simple apprenti. Sans doute parce qu'ils se connaissent depuis plus longtemps. De Terresang est encore alité, et bien qu'elle l'aime beaucoup, elle n'attendra pas sa guérison pour épouser officiellement Darius. Attendre, c'est jouer avec la mort. De Beauharnais peut-être? Elle aurait aimé qu'il l'emmène au Temple pour y rejoindre Alcide, mais Alcide était un milicien à la carrière prometteuse, alors que Darius est un marin qui ne veut pas trop attirer l'attention. Il faudrait pourtant songer à un témoin.

- Es-tu rassasié? Je compte sur toi pour dire à notre cousin à quel point ce poisson était monstrueux, tu sais. Mathilde rit. Elle ne pourra jamais les jeter à l'eau et ne fera probablement pas de concours de pêche avec eux, mais l'idée d'entrer dans la légende des pêcheurs de monstres marins la fait rire. Lovée contre Darius, elle finit par enfouir son nez dans le cou du marin pour y déposer un baiser en soupirant Je t'aime tellement Dar. Je pensais pas qu'on pouvait aimer quelqu'un à ce point.
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyMer 5 Aoû 2020 - 2:01
Mathilde-Même-Pas-Peur-Dumas. L'appellation arrache un sourire amusé à Darius. Sa belle fermière a en effet un don pour s'attirer les emmerdes, et elle a tendance à faire face à celles-ci avec courage et aplomb. Mais elle a peur, parfois. Elle n'a pas besoin de lui mentionner, car il le sait. Il a rapidement appris à déceler la crainte dans son regard noisette, l'inquiétude dans son expression. Cependant, ici, maintenant, elle est sereine. L'idée de devenir une épouse de pirate ne l'effraie pas, malgré tous les risques que cela implique. Mathilde Vortigern sonne très bien. Darius sourit, visiblement heureux de la décision prise par Mathilde.

« Nos secrets », murmure-t-il avant de voler un baiser à sa fiancée et de l'interroger au sujet de son nom.

Ainsi, poussée par son père, Mathilde avait choisi Philibert, un homme bon qui avait accepté de prendre le nom de Dumas et de l'épouser. Darius sourit vaguement en songeant que le paternel, borné et insistant, avait réussi à garder en vie le nom de Dumas malgré les règles établies et l'arrivée violente de la Fange. C'est un véritable tour de force qui s'apprête à prendre fin. La fermière deviendra Mathilde Vortigern et leurs enfants seront aussi des Vortigern. La ferme Dumas gardera cependant son nom, sauf si Mathilde souhaite le changer. C'est l'héritage d'une famille de terriens, pas celui de marins qui ne savent pas planter un panais.

Tandis que Mathilde poursuit ses explications, Darius se dresse un portrait de ce Philibert avec qui il n'a probablement aucun point commun. Il tente de s'imaginer leur vie, à cet homme et à Mathilde. Ils travaillaient dur toute la journée, il en est certain. Mais le soir venu, à quoi ressemblait leur intimité? Philibert avait-il fini par tomber amoureux de Mathilde? Y avait-il de la tendresse, du désir entre eux? Darius se rend compte qu'il ne sait pas grand-chose sur le mariage précédent de sa belle fermière. Il en sait toutefois assez pour ne pas douter une seule seconde que le leur sera complètement différent. De tout, y compris de sa propre union avec Catharina.

Catharina. Il n'a jamais prononcé son nom en la présence de Mathilde. À peine a-t-il laissé la porte de son esprit assez ouverte pour permettre à son image de refaire brièvement surface. La fermière ne pose pas de questions. Parfois, il aimerait peut-être qu'elle ose, même s'il sent qu'il peut se braquer sans parvenir à se maîtriser. Un jour, Mathilde devra savoir, et elle a ce don pour lui tirer des confidences qu'il n'aurait jamais pensé partager avec quiconque. Elle demande toujours les informations avec douceur et n'exige jamais de réponse, se contentant de ce qu'il veut bien offrir. Le passé est douloureux et il préfère normalement l'oublier, mais Mathilde est parvenue à ouvrir une petite brèche dans laquelle elle s'aventure de temps à autre, sans exagérer. Peut-être celle-ci la mènera-t-elle à rencontrer Catharina.

Darius est tiré de ses pensées par la question de Mathilde, qui souhaite savoir si Isak assistera à leur mariage. Il réfléchit, puis laisse finalement tomber :

« Ça pourrait être une idée. On a besoin de quelqu'un et ça lui fera plaisir de pas rater l'événement de l'année. »

En réalité, il ne tient pas particulièrement à ce que son cousin soit présent, mais il pourrait agir à titre de témoin et il connaît déjà la nature de la relation qui l'unit à Mathilde. Il ne sera pas surpris, pas tout à fait. Et lui et Mathilde s'entendent bien, ce qui ne gâche rien.

« T'inquiète, il saura tout sur ta magnifique prise, belle fermière, souffle-t-il en riant tandis que Mathilde enfouit son nez dans son cou. Et oui, je suis rassasié. Façon de parler. »

Darius sourit moqueusement et, même si sa fiancée n'en voit rien, il sait qu'elle s'imagine parfaitement son expression. Comme pour appuyer ses dires, il referme ses bras autour de Mathilde et la ramène encore davantage contre lui, glissant une main chaude contre ses jambes encore nues.

Je t'aime tellement Dar. Je pensais pas qu'on pouvait aimer quelqu'un à ce point. Un léger frisson lui parcourt le corps à cette déclaration. Il garde le silence, s'imprégnant de la perfection du moment, laissant les mots et la voix de Mathilde se graver dans son esprit pour pouvoir les rappeler à son souvenir lorsqu'ils sont séparés.

D'un index, Darius relève le menton de Mathilde pour rapprocher leurs visages. Il la regarde un instant dans les yeux, puis vient cueillir ses lèvres des siennes, l'emportant dans un langoureux baiser d'une étonnante tendresse.

« Je t'aime, murmure-t-il contre ses lèvres. Tellement que j'en perds souvent la tête. »

Il n'a qu'une façon d'aimer : à la folie. Son amour est imparfait, truffé de défauts, mais il est de ces amours explosifs et enivrants qui ne faiblissent jamais. Peu importe le nombre de départs, la durée des séparations, Darius reviendra et aimera toujours Mathilde un peu plus chaque fois. C'est la promesse silencieuse qu'il lui fait tandis qu'il l'embrasse maintenant avec passion et qu'il glisse ses mains sous son haut pour caresser la peau de son dos.

« Comme maintenant », souffle-t-il en pouffant entre deux baisers.

Darius mordille doucement la lèvre inférieure de Mathilde et plonge son regard clair dans le sien.

« Je fais généralement pas de promesses, Mathilde, mais je peux t'assurer que personne réussira à t'aimer autant que je t'aime. Ça, c'est une promesse que je peux facilement tenir. »

De plus en plus fiévreux, Darius reprend les baisers. L'idée de retenir son désir jusqu'à leur union devant Anür lui a traversé l'esprit, mais cette résolution est décidément en train de fondre comme neige au soleil.

« Tu veux un moment pour te préparer pour tout à l'heure? », demande-t-il dans une ultime tentative de ne pas succomber, non sans se dire qu'il n'aurait jamais réussi à faire la cour à Mathilde correctement du temps où elle était chaperonnée.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] - Page 2 EmptyVen 7 Aoû 2020 - 5:03
D'une main, Mathilde dépose le bol contenant les quelques restes du repas auquel la fermière a finalement à peine touché, trop occupée à écouter le marin, à s'imprégner de sa chaleur, à lui parler. C'est une journée parfaite, où aucun impératif ne semble prendre le dessus sur la simplicité du moment qu'ils passent à deux. Aucun, sauf l'estomac de Darius, momentanément comblé... jusqu'à l'heure de la collation. Le monde semble avoir cessé de vivre. Il n'y a que le soleil qui refuse d'arrêter sa course dans le ciel, marquant discrètement que le temps passe à mesure que les ombres tournent et s'allongent sur le sol.

Si Isak joue le rôle du témoin, Mathilde songe qu'elle devra au moins lui préparer une tarte rien que pour lui, histoire qu'elle ait le plaisir de le voir narguer Darius. Voir les deux cousins dans un environnement autre que celui de la piraterie risque bien d'être plaisant à vivre. Elle masque un sourire malicieux en le réfugiant contre le cou de Darius, et préfère lui murmurer des mots d'amour qui ne lui semblent jamais assez forts que pour exprimer ce qu'elle ressent pour lui. Immanquablement, elle réalise que les mots ne suffisent pas alors qu'une émotion s'empare d'elle, menaçant de la submerger. Péniblement, elle la réfreine en se demandant si cela cessera un jour. Immédiatement, la réponse lui apparaît clairement : non. Elle l'aime. Trop. De la façon la moins rationnelle et la plus déraisonnable qui soit. De tout son être, de toute son âme, à un point tel qu'elle pourrait trouver cela douloureux si la séparation s'éternisait. Elle n'a pas d'autres mots que les Je t'aime qu'elle susurre à son oreille en espérant qu'il en saisisse la portée.

Instinctivement, alors qu'il l'enferme dans ses bras, elle se love un peu plus contre lui. La chaleur de la paume qui se pose sur sa cuisse fraîche laisse derrière elle un léger frisson. Sa main libre rejoint le cou du marin et se faufile dans son col pour en effleurer l'épiderme. Les mots qu'ils échangent ne suffisent pas à combler le temps qu'ils passent loin l'un de l'autre, du moins pas autant que les silences durant lesquels les peaux s'effleurent. Mathilde savoure cet instant, les yeux clos, complètement apaisée, jusqu'à ce que d'un geste doux, il la sorte de son refuge pour la regarder avec cet air grave qui la fait rougir. Elle s'attend à une autre discussion sérieuse, une réflexion importante, mais c'est un baiser infiniment tendre qui la cueille, avant de murmurer un Je t'aime qui achève de la faire succomber.

Tellement que j'en perds souvent la tête. Mathilde sourit, affichant un air mi-surpris mi-amusé avant qu'il ne l'emporte dans un autre baiser, cette fois passionné. Si les mots ne peuvent exprimer l'ampleur de ce qu'elle ressent, les gestes eux le peuvent. Comme cette main qui s'engouffre dans la chemise du pirate sans aucune retenue. Comme cette bouche qui trahit toute l'envie de partager un autre moment d'amour. Comme les peaux qui s'échauffent à mesure que les souffles s'intensifient. Mathilde pouffe de rire à son tour. Jamais rassasiés. C'est d'une indécence totale. Et c'est on ne peut plus normal, les Trois n'ont qu'à fermer les yeux.

Mathilde le regarde alors que, le regard sérieux et profond, il énonce une rare promesse : celle de l'aimer plus que quiconque. C'est une promesse aussi étrange que magnifique. En quelques mots, il balaye les ambitions que pourraient avoir des prétendants imaginaires, et lui dépose sur un plateau d'argent ce qu'aucune autre ne pourra espérer de lui : son coeur. Et si pour certains, aimer est un détail, Mathilde sait que pour Darius, habitué à jouer et à jongler avec ses identités multiples, vient une forme d'honnêteté sans faille qu'il ne réserve qu'à de très rares personnes.

Les baisers reprennent sans qu'elle n'ait rien pu répondre d'autre qu'un sourire. Ça tombe bien, parce qu'elle n'aura pas à trouver une excuse pour expliquer ses yeux tout à coup embrumés par des larmes d'émotion.



- Hm. Tu as raison. Mathilde dépose un baiser léger sur les lèvres de Darius et fait mine de ne pas contempler son visage se décomposer. Elle défroisse machinalement la chemise du pirate et murmure. Donc, tu rêves de me voir dans une robe d'algues, avec quelques étoiles de mer ici et là, et une couronne de coquillages? Bon... eh bien ça va prendre du temps à fabriquer tout ça. Mathilde dépose un petit baiser moqueur sur le nez de Darius et se relève pour ne s'éloigner que de quelques pas afin de ramasser quelques coquillages abandonnés par la mer.

D'humeur taquine, Mathilde continue son petit manège pendant quelques longues minutes en chantant, prenant soin de rejeter ses cheveux libres dans son dos de temps à autres, ou de remonter un col de chemise bien impudique glissant, on ne sait comment, sur son épaule. Lorsque le soleil d'automne ne suffit plus à la réchauffer, elle revient auprès du feu avec ses trouvailles et se glisse dans le dos de Darius, qu'elle étreint.

- Ou alors, si on est vraiment trop impatients, on pourrait réserver les tenues de fête pour le Temple et se marier ici, maintenant, comme ça. Dans le dos de Darius, Mathilde sourit. Après tout, il n'y a pas de masque, pas de petit mensonge ici. Le prêtre mariera Dartagnan et Mathilde, le vaillant marin et la vertueuse veuve. Mais ici, on est nous. Et je crois que même si c'est pas vraiment habituel, tu pourrais fermer les yeux sur le fait que je ne porte qu'une chemise et que mes cheveux soient un peu plus sauvages que le voudrait la bienséance. Hm? Je devrais pouvoir survivre à ta barbe mal rasée et à ta chemise tachée.

Mathilde dépose un baiser dans le cou de Darius, puis un autre, puis un troisième, plus appuyé. Elle murmure Tu crois qu'Anür nous pardonnerait cette entorse au protocole? Tu veux m'épouser, Dar?

Mathilde jette un oeil à la mer, à peine agitée. Elle sait que l'eau est froide, mais les flots lui paraissent être le meilleur endroit où lier définitivement sa vie à celle de Darius. Elle n'a pas de ruban, mais elle n'en a pas besoin : les promesses qu'ils se sont déjà échangées suffisent amplement.
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