D'un œil sévère, Sigfroi jugeait d'un œil sévère les scènes alentour. Le massacre venait de se terminer, et après avoir jaugé un long moment la tenture tâchée d'une colossale quantité de sang, surveillant qu'aucun ne bouge, il finit par relever les yeux. Il scruta chacune des personnes présentes, mais ne réagit pas au départ du Bailli. Lui et ses hommes seraient amplement suffisants, pour stopper ces bannis. Déjà, derrière lui, il entendait des bruits de cavalcade et des ordres criés à droite et à gauche. Un petit air satisfait se forgea sur son visage dur qui jusqu'à présent, était animé par la détermination, mais également par la colère. Il avait laissé ces bannis en vie. Il escomptait bien que la fange les dévore, mais visiblement, certains d'entre eux étaient tenaces. Et maintenant, sa propre armée se retournait contre lui ? Il eut un petit soupir exaspéré. Il faisait pourtant tout ce qui était humainement possible pour sauvegarder l'humanité. Ce qu'il en restait. Et voilà toute la reconnaissance, manifestée par des trahisons, des mutineries, des tentatives d'assassinat. Ce n'était pas la première fois, et il n'était pas assez stupide pour penser que ce serait la dernière. En revanche, il était certain que les mesures qui seraient prises dès son retour à Marbrume seraient drastiques, et sans équivoque.
Il leva les yeux vers les flammes du camp qui brillaient encore de l'autre côté de la tente, à quelques dizaines de mètres. Les silhouettes des miliciens de Duguéhan étaient déjà affairées à récupérer de l'eau dans le puits pour aller éteindre ce qui pouvait l'être. Le reste s'était groupé autour du sergent, et ils cherchaient encore les quelques survivants éventuels. C'était un triste paysage qui se déroulaient sous leurs yeux. Sigfroi serra les dents, et observa Zéphyr d'un œil dur.
« Avec moi, messire. Il est temps d'en finir pour de bon avec cette histoire. »Pour quelqu'un qui avait frôlé un nombre de fois faramineux la mort ces dernières heures, le Duc faisait montre d'une stabilité honorable et d'un calme olympien. D'un pas vif, il rejoint ainsi le gros des troupes, laissant à son bras droit et aux autres miliciens le sort des bannis. Ce qui l'inquiétait n'étaient pas ces sauvageons, mais bien les hommes qui étaient supposés le servir. Il déplorait la mort du capitaine de ce putsch. Mais la survie avant tout.
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Côté milice, quand ils étaient arrivés, les archers qui gardaient Alexandre de Terresang avaient tenté de battre en retraite et de fuir. Quelques flèches étaient parties, mais ils ne pouvaient rien faire. D'un côté cinquante miliciens armés jusqu'aux dents, qui bien que fatigués, disposaient encore de monture et d'excellente capacités de combat, et de l'autre… Un Arniel Bleu fort bien dissimulé, mais la proximité du Duc et de Zéphyr se firent de plus en plus présentes. Deux traits tirés de loin en fauchèrent deux d'entre eux avec une brutalité silencieuse, et le dernier jeta immédiatement son arme, en voyant qu'il était désormais seul contre tous.
« J- Je me rends ! »Il s'agenouilla immédiatement, accueillant l'arrivée du Duc, et de Duguéhan, encore perché sur sa monture, d'un couinement plaintif. Ils faisaient partie de ces personnes qui suivaient une personne parce qu'elle disposait d'un certain charisme, et non pas parce que lui-même disposait de solides convictions. Dès lors que leur meneur et leur source de courage mourrait, ils perdaient la face et leur vraie nature se révélait. Des couards.
Le Sergent descendit prestement de sa monture, et vint immobiliser le rebelle de mains solides et brutales, constatant avec un soulagement austère le salut visible de son seigneur.
« A terre, misérable. »Sa voix suait la haine, et personne ici n'irait lui commander de nuancer ses propos. Bien au contraire, parmi les miliciens déjà présents, on sentait que la hâte de voir cette souillure mise à mort était palpable. Dans un monde où l'on ne pouvait survivre qu'en étant solidement unis, la trahison était un péché capital. Ceux qui le commettaient méritaient les pires tourments.
Néanmoins, Sigfro calma tout le monde d'une main levée, réclamant une certaine attention. Il interrogea en premier lieu son sergent du regard.
«
Quid des survivants, sergent Duguéhan ?-
Faibles, et peu nombreux, votre Excellence. Les guérisseurs ont pu sauver quelques soldats avant que les flammes ne dévorent totalement la tente… Mais l'essentiel des survivants se trouvent être ceux qui ont été envoyés au renforcement des frontières, je le crains. Au moins, ceux parmi eux qui avaient été mordus ne se relèveront pas. »Un constat bien amer lorsque l'on savait la vie qui animait quelques jours plus tôt ce campement, mais pas de fangeux supplémentaires, la survie d'un suzerain, une rébellion déjouée, voilà qui avait de quoi faire office de victoire. Une petite, mais une victoire quand même.
Le duc comme le militaire saluèrent le retour d'Alexandre de Terresang et d'Arniel Bleu, qui l'avait libéré et escorté. Un hochement de tête sec du Duc accueillit les demandes du vicomte. L'idée avait été la même pour lui également. Quant à Arniel, le Duc, tout comme le Sergent, lui jetèrent un regard inquisiteur.
« C'est donc vous la mystérieuse providence, qui a fait s'effondrer cette tente. Messire, qui que vous soyez, nous vous devons tous la vie. »Duguéhan ne put s'empêcher de jeter un regard ébahi au Duc, puis à Arniel. Lui, qui avait, l'air presque apeuré, fait pâle figure face à une femme, avait sauvé la vie de son Excellence ? Impensable. Et pourtant, les mots sortaient de la bouche de Sigfroi lui-même, difficile de contester leur véracité sans être horriblement insultant. Ainsi, malgré un certain scepticisme et surtout une grande surprise, il accorda un salut respectueux à Arniel. Il était buté, mais savait faire preuve de respect lorsque cela était nécessaire.
Lorsque son attention se retourna vers le pauvre captif, en revanche, elle se cristallisa en un bloc implacable, focalisant toute sa colère sur lui. La voix ducale s'éleva, grave et vibrante, et surtout autoritaire.
« Avant que je ne sépare votre tête du reste de votre misérable corps, je veux savoir si des poches rebelles existent encore sur ce maudit plateau. Et où elles sont. Si vous répondez franchement, je vous accorderai peut-être la clémence d'une mort rapide. » - Citation :
- Test de Persuasion
Sigfroi de Sylvrur – Charisme : 16.
Jet : 14. Réussi.
Milicien captif - Endurance : 8.
Malus pour Reddition apeurée (-2).
Jet : 3. Réussi.
Ah le con...
Saisi d'un éclair de bravade aussi stupide qu'inutile, il cracha par terre aux pieds du Duc, et fusilla tout le monde du regard.
« Je rends les armes, pas ma foi. Si vous voulez savoir quelque chose, trouvez-vous même, comptez pas sur moi pour vous dire quoi que ce soit. »Le Duc haussa le sourcil, et se tourna vers le sergent.
« Faites monter une pique au centre du camp et liez-y cet homme. Rossez-le, peu m'importe, mais je veux savoir ce qu'il sait. »Raymond hocha vivement la tête, et relâchant sa pression sur le dos de l'homme qu'il maintenait à plat ventre, il le saisit brutalement pour le traîner vers le centre du campement.
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Les miliciens, dont Xandra, arrivèrent de leur séance de chasse peu de temps après. Quelques patrouilleurs à cheval avaient été envoyés en poursuite au cas où, mais cela avait inutile. Le temps qu'ils arrivent, les trois corps gisaient au sol, massacrés par Xandra et le bailli, principalement. Leurs lames encore ensanglantées étaient des témoins largement assez éloquents de leur victoire. Le Duc pinça les lèvres en les voyant arriver.
« Et… Vous les avez tous tués ? Sans exception ? »Difficile pour lui de ne pas afficher sa déception. En sus du milicien, un banni en vie aurait été précieux pour connaître les emplacements de ces engeances, qui gangrénaient encore le duché de leur présence. Il aurait voulu pouvoir l'interroger. Restait plus qu'à prier pour que le milicien restant sache de quoi il en retournait, auquel cas ils auraient un problème durable sur les bras : des bannis étaient infiltrés au Labret, et personne ne savait qui ni où ils étaient. Le problème pouvait être facilement réglé, mais cela prendrait du temps. Et il avait la désagréable manie de filer à grande vitesse, ces derniers temps.
Lorsque tout le monde fut rassemblé, le Duc ajusta son armure et rangea finalement son épée dans son fourreau, et considéra toute l'assemblée.
« Je vais prendre immédiatement la route pour Usson. Reconstruisez ce camp, vous tous. Sergent Duguéhan, vous serez nommé à titre permanent ici. Vous autres… Il considéra Xandra, Zéphyr, Arniel, tout le monde.
Vous avez tous été d'une aide précieuse, sans vous qui sait ce que ces rebelles auraient fait après m'avoir exécuté. Aidez ces hommes à rebâtir ce campement. Lorsqu'il sera sûr, rentrez à Marbrume. Milicienne Erkal, je ne connais vos ordres, mais considérez les miens : dès que votre tâche ici sera accomplie, vous prendrez une semaine de permission. Vous la méritez. Vous autres chevaliers et Vicomte, vos terres et demeures vous attendent. Rentrez-y. Quant à vous, illustre inconnu – il tourna les yeux vers Arniel –
je ne sais qui vous êtes ni d'où vous venez, mais je vous dois la vie. Lorsque vous aurez fini votre mission ici, venez à Usson. Vous y serez récompensé. »Il considéra toute l'assemblée, puis les salua. Les retours furent respectueux et joyeux. Ils avaient défait leur ennemi et récolté au passage la gratitude de leur suzerain. C'était, malgré les pertes, une excellente journée.
Lorsque le cheval de Sigfroi fut harnaché et sellé, il ne perdit pas de temps, et partit avec le Bailli en direction d'Usson afin d'y finir sa visite, et de régler quelques affaires. Et elles commençaient par la rédaction d'un décret qui changerait beaucoup de choses pour beaucoup de monde.
- Citation :
- Félicitations à vous, non seulement vous avez sauvé le Duc, mais vous avez également permis l'échec d'un complot rebelle/banni visant à le renverser. Dans le post récapitulatif final, vous saurez ce qu'il est advenu de ce soldat laissé à la torture et l'interrogatoire.
En attendant, faisons les comptes !
Pour votre victoire, la zone défense gagne un bonus de +20 %.
Pour la mort d'un grand nombre de soldats, vous perdez 5 %.
Pour le sauvetage de quelques hommes et la santé parfaite du Duc, les Ressources Humaines bénéficient d'un bonus de 10 %. Le moral des hommes d'armes est fortement ragaillardi.
La Jauge défense s'immobilise donc pour de bon à 65 %, ce qui signifie une victoire !
Encore bravo à vous. Je déplore sérieusement les absents, mais nous en reparlerons une autre fois. C'était mon dernier post ici, merci à tous d'avoir participé.