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 Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]

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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyVen 10 Jan 2020 - 5:29
Mathilde termine son gobelet d'eau alors que Darius ravive les braises sous les bûches. Peu à peu, les craquements du bois qui s'embrasent se font entendre. Puis la flamme, jaune, claire, s'élève, alors que Darius continue à parler. Pas d'amis. Juste des gens qui l'entourent et dont il trompe la confiance sans scrupules. Uniquement de la méfiance nécessaire à sa survie. A part avec Isak. Se méfie-t-il d'elle? Non. Elle connait son nom. Elle pense qu'il lui a dit la vérité sur ce qu'il voulait bien partager de lui, ce qui est peut-être... non... probablement plus que nombre de personnes. Je suis pas un très bon ami à avoir. Elle sourit, amusée.

- C'est bien. J'ai pas envie d'être ton amie lui dit-elle alors qu'il se relève et se débarrasse de la chemise. Il ne veut pas être son ami, lui non plus. Il n'a jamais voulu l'être. Son ennemi, d'abord. Son geôlier, ensuite. Son partenaire commercial. Son protecteur. Son lien. Mathilde dépose son gobelet un peu plus loin sur le comptoir. Elle pourrait encore s'esquiver, mais elle préfère apprécier la vue qu'il lui offre, en songeant qu'elle aurait dû tricher, tantôt. C'est mieux, oui murmure-t-elle alors qu'il approche. Tu vois, tu as l'air beaucoup plus détendu tout à coup. Elle l'est moins. Jouer avec le feu... Mathilde... c'est pas sérieux...

Il s'arrête et dépose ses mains sur le comptoir, l'emprisonnant entre des bras musclés. Le silence est troublant, elle rougit. Elle ne devrait pas. Tu as renvoyé les gars au lieu de les inviter à partager un souper. Tu t'es laissée approcher plus que de raison. Cet homme partira demain au lever du jour et... et quoi? Rien. Ils poursuivront leur vie, chacun de leur côté. Il terrorisera des marins, elle récoltera des légumes. Et si la vie le veut, leurs chemins se recroiseront. Si la vie s'arrête, elle ne regrettera pas d'avoir passé une nuit avec lui. Ce n'est pas plus compliqué que ça.

Ah merde, Darius. Une gueule comme la tienne, c'est interdit chez les pirates. Tu ne respectes même pas cette loi naturelle qui veut que les pirates soient repoussants et infréquentables, et que les hommes charmants soient bons à marier car biens sous tous rapports. Il ne la touche pas. Il la regarde, et pour une fois, elle ne soutient pas son regard. Il est le prédateur qui piège sa proie, et la proie se pose beaucoup trop de questions. Est-il seulement possible de faire taire les pensées d'une femme, ne serait-ce qu'une minute?

- Je vois là des histoires à raconter murmure-t-elle en effleurant son torse du bout des doigts. Bon sang ce que sa peau peut être chaude! D'accord... plus tard ajoute-t-elle alors qu'il se penche pour l'embrasser. Longuement. Avec envie.

Si les feux d'artifice n'existent pas encore à cette époque, dans la tête de Mathilde, ils explosent pourtant gaiement. Quelque part au creux de son ventre aussi. Darius parle aussi à travers ses gestes, et son baiser trahit ses intentions. Plus de dérobades, Mathilde. Ça tombe bien, ce n'est pas dans ses intentions. Elle lui répond avec tendresse, glissant ses mains dans son dos, jusqu'au creux de ses reins qu'elle presse légèrement pour lui dire de ne pas s'éloigner. Que l'envie est partagée. Qu'elle ne se défilera pas.

Et toi, Mathilde, tu n'as pas peur d'être enfermée avec Darius le sanguinaire jusqu'au lever du soleil? Elle glousse de rire. Darius le sanguinaire. L'image de l'homme menaçant s'est presque effacée de sa mémoire. Le Sanguinaire est loin, très loin sur un bateau. Il attend que Darius le rejoigne éventuellement. Si tu te dépêches... Une dernière chance de s'esquiver... qu'elle ne saisit pas. De toute façon, elle n'est pas sérieuse cette proposition. Darius tire sur l'un des lacets de sa robe. Elle le regarde, un sourire en coin. J'en ai un peu marre de la pluie. Et puis ça ne se fait pas, de laisser un invité tout seul. Son sourire s'étire alors qu'elle tire elle-même sur le lacet garnissant l'autre épaule. Une dernière chose lui souffla-t-elle dans un élan de lucidité. En haut. Si un fangeux rôde, j'aimerais qu'il ne voit pas tes décorations dit-elle en pointant les cicatrices parsemée sur son torse. Elle fit une petite moue. Je voudrais pas qu'il ait peur, tu comprends? Elle rit, bien que l'avertissement soit sérieux. Il est impensable, pour elle, de baisser la garde un soir de pluie. Si un fangeux défonce la porte, être en hauteur est sa seule chance de survie. Elle le repousse, une fois encore, mais pour mieux lui revenir, elle le sait.

Darius monte le premier, saisissant son épée au passage. L'étage a le mérite de ne pas être garni de poutre menaçantes pour sa tête. Comme dans la grange, la trappe débouche directement sur une chambre, aménagée cette fois pour quelqu'un qui semble affectionner le confort une fois la nuit tombée. Meublée humblement de quelques coffres et d'une commode, c'est le lit qui semble être la pièce maîtresse des lieux, tant il paraît invitant. Mathilde émerge à moitié de la trappe, déposant son arc, son carquois et sa dague sur le plancher avant de finalement se hisser à son tour, aidée d'un Darius bien galant. C'est d'ailleurs lui qui remonte l'échelle et referme la trappe comme il se doit.

- Eh bien... Si on m'avait dit qu'il me faudrait autant ruser pour réussir à faire monter un si bel homme dans ma chambre... j'espère que le jeu en vaut la chandelle! dit-elle en riant, alors qu'elle allume une bougie afin d'y voir plus clair. Mathilde, dont la robe tient encore miraculeusement plus ou moins en place, en profite pour examiner Darius de haut en bas. Le verdict est navrant : Le pantalon. Trop court. Petite moue faussement dépitée tandis qu'elle le prend par la main pour l'attirer à elle. La moue se transforme en sourire, alors que les mains trouvent le torse joliment sculpté de Darius. Sous ses mains, la peau est chaude, étonnamment douce. Ses doigts saisissent les reliefs des trop nombreuses coutures du pirate. Combien d'entre elles sont racontables? Elle dépose un baiser sur l'une d'entre elle. Puis une autre.

- ...

Il n'y a plus rien à dire. Mathilde se hisse sur la pointe des pieds, passe les bras autour du cou de Darius et couvre son cou de baisers gourmands, jusqu'à finalement trouver sa bouche pour échanger avec lui un long baiser. Ses longs doigts plongent dans la chevelure de son amant pour l'agripper doucement. Aime-moi, pirate, un soir seulement aime-moi.

Dehors, le vent se lève.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyVen 10 Jan 2020 - 20:31
C'est bien. J'ai pas envie d'être ton amie. Non, Darius ne veut pas être l'ami de Mathilde. Il ne veut pas non plus être son ennemi, son geôlier ou, même, son partenaire commercial, bien qu'il le soit par la force des choses. Son protecteur? S'il le faut. Son lien? Oui. Mais quel lien, exactement? Lui-même ne sait pas trop. L'évidence est pour lui trop flagrante pour qu'il puisse s'enfoncer la tête dans le sable : il y a, entre Mathilde et lui, quelque chose de particulier. Quelque chose d'unique. Ils n'ont, a priori, rien en commun, aucune base pour s'entendre. Pourtant, ensemble, ils rient. Ils parlent de tout et de rien, avec des mots avec le silence. Et ils sont attirés l'un par l'autre de façon inexplicable. Il y a une attirance physique, oui, mais il y a plus. Darius a des amantes et certaines sont sans doute bien plus jolies que Mathilde. La belle fermière n'a toutefois pour l'instant absolument rien à envier à ses femmes, car elle éveille chez lui un désir unique. Il la veut comme il n'a pas voulu quiconque depuis longtemps.

Alors qu'il est tout près d'elle, qu'il l'emprisonne de ses bras, Mathilde effleure ses cicatrices du bout des doigts. Des histoires à raconter, Darius en a. Mais pas maintenant. En ce moment, il a envie d'elle et il comprend qu'elle a tout aussi envie de lui lorsqu'elle se presse contre lui pendant leur baiser. Il lui donne malgré tout une dernière chance de se dérober, ce qu'elle ne fait pas, tirant plutôt elle-même sur l'un des lacets de sa robe. Lorsqu'elle le repousse, ce n'est que pour monter à l'étage. Il pleut, et même si les risques qu'un Fangeux défonce la porte sont infimes, c'est un risque à ne pas prendre. Il sourit moqueusement.

« C'est qu'il serait dommage de terroriser des créatures aussi charmantes... Elles n'ont rien fait pour mériter un tel sort. »

Darius blague, mais Mathilde a raison et il ne prend pas l'avertissement à la légère. C'est pourquoi il récupère son épée et même sa dague avant de monter l'échelle pour rejoindre l'étage. Une fois en haut, il tend la main à Mathilde pour l'aider et, pendant qu'elle s'occupe de les éclairer, il remonte l'échelle et ferme la trappe.

« Tant d'efforts. Il va falloir que je m'assure de les récompenser comme il se doit... »


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Mathilde VortigernFermière
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptySam 11 Jan 2020 - 3:40
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Darius VortigernPirate - Capitaine
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptySam 11 Jan 2020 - 5:54

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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptySam 11 Jan 2020 - 22:17
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyDim 12 Jan 2020 - 4:45


Darius replie un bras derrière sa tête et suit des yeux Mathilde tandis qu'elle récupère le drap, tristement délaissé au bout du lit. Si elle se couvre le bas du corps, il ne prend pas cette peine, le sien étant bouillant, encore plus qu'à l'habitude. Il accueille volontiers Mathilde contre lui lorsqu'elle vient se lover et la referme un bras sur elle, caressant tranquillement son dos du bout des doigts. N'attends pas d'avoir une excuse pour revenir. C'est un ordre. C'est panaisgociable.

« ... »

Darius éclate tout bonnement de rire. Maintenant qu'elle a donné une réponse à son jeu de mots douteux, il va devoir en trouver un autre. C'est la guerre! Elle a même dix points d'avance pour avoir choisi un moment aussi inattendu pour sa blague. Il va devoir faire mieux...

« Mon excuse va être que j'ai d'autres jeux de mots sur les panais à découvrir et que tu es visiblement une sommité en la matière. »

Mathilde se redresse brièvement, comme à la recherche de quelque chose, puis revient contre Darius. Que veut-elle? Il la questionne un peu du regard, mais ferme les yeux de bien-être quand elle explore son torse, savourant la sensation de ses doigts fins qui découvrent chaque détail de celui-ci. Il est bien ainsi. Il ne se rappelle pas la dernière fois où il s'est senti aussi paisible, aussi proche de quelqu'un. Il a l'impression qu'il pourrait rester longtemps dans cette chambre, à se concentrer uniquement sur la respiration et les battements de cœur de Mathilde, sur la douceur de sa peau et de ses caresses.

« J'ai pas besoin d'excuse, ajoute-t-il finalement après un moment de silence. Je vais juste revenir parce que j'ai envie de te revoir, belle fermière. »

Darius rouvre les paupières et se tourne vers Mathilde pour lui faire face. Il mêle un peu plus leurs jambes pour rapprocher leurs corps, puis glisse une main dans ses cheveux et ramène son visage près du sien. Il la fixe instant dans les yeux, déposant quelques baisers touristes contre ses lèvres, puis l'embrasse avec langueur, comme pour appuyer ses propos. Avant de se détacher d'elle, il lui mord moqueusement la lèvre inférieure, joueur, puis lui sourit avec sincérité.

Darius se redresse alors dans le lit, puis prend la couverture d'une main et l'étend sur Mathilde pour qu'elle n'ait pas froid. Sans rien dire, il se lève, flambant nu, sans pudeur. Il se dirige alors vers la trappe, qu'il ouvre pour placer l'échelle, et disparaît, partant en quête de quelque chose sans gêne aucune. Comme s'il était chez lui.

Une fois en bas, Darius, faiblement éclairé par l'âtre qui est en train de mourir, récupère ce qui reste du pain et du jambon séché qui a constitué une partie de leur repas plus tôt. Il fouille un peu et met la main sur la cruche d'eau qu'il a vu Mathilde prendre plus tôt. Il trouve également deux bouteilles remplies de liquides anonymes. Il plisse les yeux pour tenter de déterminer de quoi il s'agit dans la pénombre et se dit qu'il a peut-être en main l'alcool aux prunes dont Mathilde lui a parlé sur le navire. En tout cas, c'est ce qui doit être dans l'une des bouteilles. Dans l'autre, il ne sait pas trop. Il verra bien avec la fermière.

Darius prend la nourriture, monte l'échelle et la dépose en haut, répétant le même processus deux autres fois pour rapporter l'ensemble de son butin ainsi que deux gobelets. Après avoir repoussé le tout plus loin sur le plancher, il se hisse à son tour, remonte l'échelle et referme la trappe. Il attrape un bout de jambon séché qu'il mange, puis se relève en traînant le tout jusqu'au lit. Il prend quelques secondes pour admirer la vue – Mathilde nue parmi les draps est, après tout, une vision des plus agréables. Il a même un petit sourire charmant tandis qu'il la regarde. Après tout ça, il flirte encore. Il joue encore et il le fera sans doute toujours, que ce soit dans deux heures, dans deux semaines ou dans deux ans.

« Tu vois, je suis un vrai pirate : j'ai rapporté des trésors », ricane-t-il en déposant le tout du côté de Mathilde afin de pouvoir reprendre sa place près d'elle et retrouver la proximité de son corps.

Darius reprend sa place dans le lit et mêle de nouveaux ses jambes à celles de Mathilde. L'une de ses mains vient caresser longuement son ventre, effleurer du dos des doigts sa poitrine, puis sa joue.

« J'ai pas trop fouillé pour la bouffe, je me suis contenté de prendre ce qui restait du repas de tout à l'heure, mais j'ai trouvé de l'eau et ces deux bouteilles, explique-t-il. C'est ton alcool aux prunes, celle-là? »

Il désigne d'un vague coup de menton l'une des bouteilles.

« L'autre est un véritable mystère, mais je l'ai apportée quand même en me disant que c'était peut-être une merveille à découvrir. Ou un remède de grand-mère potentiellement dégueulasse pour guérir les maux de ventre causés par une surconsommation de panais. »

Darius sourit avec amusement et laisse ses mains courir contre Mathilde. Maintenant qu'ils ont de la nourriture et de quoi boire, il n'a plus l'intention de bouger de là. Pas tant que Mathilde ne bougera pas non plus.
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyDim 12 Jan 2020 - 21:19
Je vais juste revenir parce que j'ai envie de te revoir, belle fermière. Mathilde ne peut s'empêcher de sourire et de déposer un petit baiser sur le morceau de peau le plus près de ses lèvres, quelque part entre l'épaule et le torse. Elle n'aurait pas pu espérer de meilleure réponse que celle-là. Elle le reverra, quand il pourra, et pas uniquement pour une histoire d'informations. Darius remue pour la rapprocher de lui, si cela est encore possible, puis se redresse, joue un peu et l'embrasse. Un baiser langoureux qui pourrait remettre le feu aux poudres s'il ne se terminait pas sur une morsure taquine.

- Hey! Elle ne proteste que pour la forme, il le sait. A moins que ce ne soit parce qu'il quitte le lit, dans toute sa nudité, pour partir en exploration. Elle hausse un sourcil. Qu'est-ce qu'il va faire en bas? Par les Trois faites qu'il ait lu dans mes pensées! Allongée dans le lit, Mathilde tend l'oreille, guettant le moindre bruit qui pourrait lui donner une indication sur ses activités nocturnes. Elle croit percevoir de la vaisselle déplacée sur le comptoir de bois. C'est à peu près tout.

Mathilde remonte la couverture sur elle. Elle songe qu'ils vont devoir trouver une façon de communiquer rapidement et efficacement. Souvent, le départ des bateaux se décide à la dernière minute, selon l'importance des chargements, la météo, l'état de la mer... en septembre et en octobre, les convois sont plus fréquents. C'est la période des grandes récoltes. Les grains s'ajoutent aux légumes et aux fruits des maraîchers du Labret. Un mouvement attire son attention vers la trappe. Il remonte. Et disparaît. Et remonte. Mais qu'est-ce que...?

Mathilde se redresse sur ses coudes pour mieux le voir avec ses trouvailles. Il se hisse -jolis muscles!, referme la trappe -jolies fesses!, et revient avec des trésors -Bordel de merde qu'il est beau!. Il s'arrête, prend le temps de la regarder avec un sourire qui a le don de la faire fondre. Darius, tu flirtes encore! Elle lui sourit, mi-gênée, mi-malicieuse. C'est un homme vraiment bien bâti qui se tient devant elle, sans aucune pudeur, et avec un sourire tout à fait charmant qu'il maîtrise à la perfection, tellement qu'il lui fait monter le rouge aux joues.

J'ai rapporté des trésors ... Tu ne peux décidément pas t'empêcher de t'en prendre à mes vivres, hein? lui lance-t-elle, l'air faussement dépitée. Tandis que Darius reprend sa place, Mathilde se redresse dans le lit, saisit une bouteille et la débouche. Hmm... oui! Il lit dans ses pensées! Elle en prend une gorgée directement au goulot et ferme les yeux. Le nectar coule dans sa gorge en traînant une délicieuse impression de chaleur derrière lui, alors que Darius lui arrache un léger frisson, le temps d'une caresse légère et innocente. Mathilde se délecte de l'instant présent.

- Affirmatif, capitaine. Tu veux goûter? lui propose-t-elle en lui tendant la bouteille. L'autre, c'est du vinaigre de pomme. C'est une idée originale mais ne m'en veux pas si je le laisse de côté, d'accord? Elle rit doucement et se retourne pour attraper le pain et quelques morceaux de jambon qu'elle dépose sur elle, par-dessus la couverture. Merci, pirate. J'avais justement un petit creux, sers-toi.

En réalité, elle n'a pas vraiment faim mais elle se méfie de l'alcool de prune qui, sucré, a tendance à monter rapidement à la tête. Elle garde un instant le silence, le temps de grignoter un morceau de pain et de reprendre la bouteille des mains de Darius pour y voler une autre goulée. Autrefois elle ne lui aurait jamais ouvert la porte. Elle se serait jetée à la mer, préférant la mort aux pirates. La Fange l'avait profondément changée. Elle l'avait obligée à nuancer sa vision des choses. À chercher à comprendre pourquoi l'être humain pouvait en arriver à faire des choses contraires à la morale, par nécessité ou par envie, parce qu'il n'avait rien connu d'autre. A travers ses mauvaises rencontres, elle avait eu à prendre des vies, et pas de gaieté de coeur. Elle avait aussi eu à négocier pour la sienne, et avait eu le flair pour trouver ce dont son ennemi avait précisément besoin. Lentement, les frontières que Mathilde avaient établies entre le bien et le mal devenaient floues, perméables, au point de laisser entrer un pirate dans sa couche, et d'espérer que son retour ne tarderait pas trop.

Darius a-t-il fini de grignoter? Sans doute, parce que Mathilde finit par remettre la nourriture restante à sa place, à côté du lit et de la bouteille de vinaigre. Elle sourit en la regardant. Il avait eu une belle attention en se levant pour aller chercher de quoi les ravitailler. Peu d'hommes l'auraient fait, attendant que la femme le fasse pour eux. Pas lui. Elle se tourne vers lui, son amant, pour le regarder un moment. Elle a mille questions en tête, mais toutes lui paraissent trop indiscrètes, trop intrusives. Quel est son nom? Où est-il né? Pourquoi a-t-il grandi avec son oncle? A quel moment a-t-il su qu'il serait un pirate? Comment a-t-il rencontré sa femme? D'où vient cette cicatrice qui lui barre le front, et qu'elle dessine maintenant du bout des doigts sans même s'en rendre compte? Assez. Elle interrompt son geste, une seconde seulement, puis soupire. Peut-être pourrait-elle le séquestrer une semaine ou deux à la ferme. Peut-être pas.

- Dar? Raconte-moi quelque chose de toi qui ne soit ni intrusif, ni indiscret. Quelque chose qui ajoute à ton mystère, et qui ne me coûtera pas la vie si un jour tu décrètes que tout s'arrête. Quelque chose qui n'apporte pas trop de questions, parce que j'ai pas envie d'être cette amante trop curieuse dont tu finis par te méfier, alors que je suis juste intéressée par... toi.

Elle paraît presque gênée. Elle l'est. Parce qu'elle ne veut pas poser des questions qui dérangent. Parce qu'elle ne veut pas de mensonges. Parce qu'elle n'a pas envie qu'il ne revienne pas, par peur d'avoir à affronter des questions anodines qui, finalement, se révèlent être bien trop intimes. Sont-ils intimes? A ses yeux, ils sont bien plus que ça, mais qu'en est-il pour Darius? Encore des questions. Trop de questions. Elle prend une gorgée d'alcool. Il est temps que son cerveau retrouve le calme qu'il avait quelques minutes plus tôt. Et si t'as rien qui te vient à l'esprit, embrasse-moi pour m'empêcher de parler. Tu fais ça très bien ajoute-t-elle avec un brin de malice dans le regard. Elle dépose la bouteille à côté du lit, se rallonge tout contre lui, et l'écoute, une main caressant distraitement son flanc.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyDim 12 Jan 2020 - 23:44
« Cette fois, c'est pour la bonne cause », réplique Darius quand Mathilde lui reproche sans sérieux de s'attaquer à ses vivres.

Il s'amuse de voir la jeune femme boire directement au goulot et devine que, tout le long de son absence, elle avait probablement espéré qu'il revienne précisément avec cette bouteille. Il la regarde savourer, puis acquiesce et prend la bouteille qu'elle lui tend. À son tour, il prend une gorgée et goûte. C'est beaucoup plus sucré que de ce qu'il a l'habitude de boire, mais ce n'est pas désagréable. Il prend une deuxième gorgée et rend la bouteille à Mathilde, riant un peu quand il apprend qu'il a rapporté du vinaigre de pomme.

« L'idée de t'en vouloir me traverse même pas l'esprit. J'avoue que j'ai pas pris le temps de sentir, j'ai juste pris les deux bouteilles pareilles après les avoir brièvement regardées. »

Darius a, pour sa part, réellement un petit creux – après tant d'efforts, comment le blâmer? – et se sert volontiers. Parfois, pour rigoler, il va en quête d'un morceau de jambon ou d'un morceau de pain en faisant marcher son index et son majeur comme un petit bonhomme sur Mathilde, un petit bonhomme qui apprécie particulièrement la randonnée en montagne – ça tombe bien parce qu'il y a deux jolis monts sur les terres qu'il explore. Il ne dit rien pour appuyer cette blague silencieuse, se contentant d'un sourire moqueur à Mathilde entre deux bouchées de jambon ou de pain.

« Pas mal du tout ton alcool, ça change de la bière et de l'eau-de-vie », commente-t-il en reprenant la bouteille des mains de Mathilde pour s'y abreuver à son tour.

Darius continue de grignoter sans ajouter quoi que ce soit. Mathilde non plus ne parle pas pendant un moment. Il aime ces silences entre eux. Certaines personnes parlent constamment parce que ne rien dire lorsqu'ils sont avec quelqu'un les rend mal à l'aise, mais il n'y a rien de cela entre lui et Mathilde. Ils ont, depuis le début, des instants de calme, où ils restent tous deux avec leurs propres pensées. Ils ne se sentent pas obligés de se parler ou de se divertir. Être ensemble suffit.

Quand Darius a terminé de grignoter, il se réinstalle un peu plus paresseusement dans le lit. Mathilde semble avoir compris qu'il ne mangera plus, car elle se débarrasse de la nourriture et de la bouteille de vinaigre aux pommes pour les déposer sur le plancher. Ils échangent un regard et, tandis qu'elle semble pensive, Mathilde effleure du bout des doigts la cicatrice qui lui traverse le front. Il sourit un peu. La blessure l'intrigue, il peut le voir. Elle est, après tout, l'un des traits distinctifs de son visage. Nombreuses ont été les personnes à lui demander comment il l'a eue – les femmes, en particulier. Cette cicatrice impressionne et éveille l'imaginaire. Elle lui permet de faire naître la peur avant même qu'il ouvre la bouche ou sorte son épée. Alors lorsqu'on veut savoir comment il s'est retrouvé avec pareille balafre, il invente une histoire qui donne à son public ce qu'il souhaite entendre. Il raconte un combat violent où il a vaincu, seul, un certain nombre d'assaillants qui lui ont laissé en souvenir cette blessure. Il ne dit évidemment pas la vérité, qui est bien trop banale.

Dar? Darius a un léger sourire en coin. Ça lui fait étrange de se faire appeler ainsi. Hormis ses gars, les gens qui connaissent son vrai nom sont si peu nombreux, et seul Isak se permet d'utiliser ce surnom. Sa famille l'appelait comme ça, avant. Sa femme aussi, de temps en temps. Oui, c'est bizarre. Pourtant, il ne dit rien. Il veut que Mathilde continue à l'appeler de cette façon, ou juste Darius. Il aime quand elle le fait.

Mathilde veut qu'il lui raconte quelque chose. Elle apporte beaucoup de précisions à sa demande et semble même un peu gênée. Elle veut apprendre à le connaître, mais semble avoir peur de le repousser en posant trop de questions. Elle ne veut pas être cette amante trop curieuse, peut-être parce qu'elle pense qu'il les éconduit. Beaucoup d'amantes sont curieuses, et beaucoup posent trop de questions, sans doute. Se débarrasse-t-il d'elles pour autant? Parfois, mais pas nécessairement pour cette raison. Il se contente de leur mentir pour les satisfaire. C'est quelque chose qu'il fait bien et qui arrange tout le monde. Elles pensent le connaître et ils peuvent continuer à coucher ensemble. Tout le monde y gagne.

Mais avec Mathilde... Avec Mathilde, il ne veut pas mentir. Et elle lui donne toujours l'option de ne pas répondre s'il n'en a pas envie, soit en gardant le silence, soit en l'embrassant, comme en cet instant. Mathilde le connaît déjà plus qu'elle peut se l'imaginer. Elle le connaît lui, pas une des innombrables versions de lui qu'il a inventées. Ce n'est peut-être pas raisonnable, mais il n'a pas envie de faire marche arrière. Il veut qu'elle continue à apprendre à le connaître et faire pareil avec elle. Cela prendra assurément du temps, car ils ont chacun leurs barrières – mais ils se comprennent déjà avec une drôle facilité, et c'est une base non négligeable. C'est un terrain dangereux... mais il est téméraire. Et elle aussi.

Darius caresse le dos de Mathilde lorsqu'elle se rallonge contre lui. Il glisse ensuite une main dans sa chevelure et ramène son visage vers le sien pour l'embrasser. Pour la peine, il fait ça très bien.

« Pourquoi se priver de l'un quand tu peux avoir les deux? », dit-il, la malice dans le regard et le sourire alors qu'il se détache lentement.

Il repose sa tête contre l'oreiller et reprend ses caresses le long du dos de Mathilde, sa main finissant toujours sa course contre ses fesses, sur lesquelles il ne manque jamais de s'attarder longuement. Après un léger silence, il désigne sa fameuse cicatrice. Il a décidé de lui dire la vérité puisqu'elle semble l'intéresser. C'est anodin, au fond. Et elle n'a déjà pas peur de lui. Enfin, pas toujours – peut-être qu'elle serait craintive s'il se mettait en colère comme sur la navire. Il n'en sait rien.

« Je vais briser le mythe et le mystère plutôt que de les nourrir, mais bon, commence-t-il, un sourire amusé au coin des lèvres. Cette cicatrice, je l'ai depuis que je suis gamin. J'avais... huit ans environ et mon oncle nous montrait à nous battre, à Isak et à moi. Ça faisait pas très longtemps qu'on avait commencé avec de vraies épées – de petites épées, évidemment – et on était seulement censés s'en servir lors des entraînements avec mon oncle. Il les avait même rangées dans un coffre verrouillé à clé pour qu'on puisse pas y accéder. Tu te doutes qu'à huit ans, j'étais pas exactement un enfant sage, alors j'ai remué la maison sens dessus-dessous jusqu'à ce que je trouve la clé et, un jour qu'il état parti en mer, Isak et moi, on a sorti les épées et on est allés se battre dans un petit bois où on allait jouer. On se pensait tellement forts et invincibles. On était pas mal pour des gamins, mais tu devines la suite : Isak m'a foutu un coup dangereux, j'ai pas eu le temps de parer, et il m'a presque tué. On peut plus loin et je perdais mon œil, aussi. Ma cousine nous espionnait parce qu'elle ne manquait jamais une occasion de jouer à la rapporteuse quand on faisait quelque chose de mal et ma tante est arrivée en panique. En revenant de la mer, mon oncle a foutu les claques les plus monumentales que j'aie vues à Isak – t'inquiète, j'ai eu les miennes en différé, quand j'étais plus à l'article de la mort – et on a été privés d'entraînement pendant des semaines. »

Darius marque une pause et ajoute :

« Tu pourrais croire que ça nous a découragés de recommencer, mais non. On a attendu que la poussière retombe et on a refait la même connerie à plusieurs reprises. Et moi, j'ai gardé cette cicatrice. Elle terrorise pas mal de gens sans que j'aie rien à faire, alors... merci Isak, j'imagine. »

Il ricane. Ça l'amuse de raconter cette histoire, finalement.

Darius regarde Mathilde dans les yeux tandis qu'il caresse ses cheveux, jouant un peu avec ceux-ci.

« À ton tour de me raconter quelque chose. N'importe quoi, tant que c'est sur toi. Ça peut être indiscret, je suis curieux et je m'en cache pas. Sinon, tu peux juste m'embrasser aussi... Idéalement en étant assise sur moi, parce que c'est encore mieux. Je dis ça comme ça, hein... »

Darius lui sert un sourire faussement innocent. Aucune crédibilité. Même son air innocent ressemble à une invitation à la luxure. Aucune. crédibilité.
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyLun 13 Jan 2020 - 3:31
Il choisit de l'embrasser. Est-elle déçue? Non, pas vraiment. D'abord parce qu'elle adore sa façon de l'embrasser. Il est à la fois tendre et joueur. Elle n'est ni son épouse qu'il embrasse pour plaire à Serus, ni la farouche Dumas qu'il croyait ne jamais séduire et aux pieds desquels il se roule. Elle est juste la femme qu'il a envie d'embrasser, et comme un bon pirate qu'il est, il prend ce qu'il convoite, sans chichis, sans manières superficielles, avec un naturel un peu désarmant et un soupçon de malice. Ensuite parce qu'elle préfère cette réponse à un mensonge, qu'elle ne relèvera probablement pas mais qui ouvrirait la porte à d'autres, qui appartiendraient au personnage du capitaine et non à l'homme qu'il est.

Pourquoi se priver de l'un quand tu peux avoir les deux? Mathilde sourit. Elle aurait dû s'en douter... Mais elle ne l'avait pas vu venir. Il se réinstalle et, pour ne pas le laisser filer, elle décide d'en faire son oreiller en déposant sa tête sur son torse. Durant de longues secondes, elle n'entend rien d'autre que sa respiration, lente et profonde, et les battement réguliers de son coeur. L'une de ses mains repart en exploration de son corps, s'attardant sur la ligne de sa clavicule avant de retrouver la rondeur de son épaule. Rien ne presse, la nuit commence à peine.

Je vais briser le mythe. Elle redresse la tête pour le regarder, interloquée. Est-il sérieux? Quel mythe? Darius raconte l'origine de cette cicatrice que l'obscurité de la cale lui avait cachée, un moment durant. Un épisode de son enfance, qui lui permet d'imaginer le jeune enfant qu'il était, déjà malicieux, aventurier, assoiffé de victoires épiques et de jeux de grands, comme bien des jeunes garçons de son âge. Son cousin, les épées, le combat qui tourne évidemment au drame, l'inquiétude de sa tante et de son oncle qui, à travers quelques mots, lui donnent l'impression de l'avoir aimé comme leur propre fils.

Merci Isak j'imagine. Elle rit doucement. Voilà une belle façon de pardonner une grosse bêtise à celui qui a fini par devenir son associé, son bras-droit, et peut-être l'une des rares personnes auxquelles il fait confiance. C'est une façon plutôt intéressante de voir les choses. Au moins, cet incident sert ta cause. Ça fait vraiment peur aux gens? Moi je trouve que ça te va plutôt bien. C'est juste... Je sais pas. Un trait de ton visage, c'est tout. Et puis en ces temps un peu plus agités, qui ne portait pas de cicatrice, à part les femmes issues de la haute société?

À ton tour de me raconter quelque chose. N'importe quoi, tant que c'est sur toi. Est-ce qu'elle rêve ou bien est-ce que le propriétaire de ce corps chaud et invitant vient de lui proposer une autre danse, en jouant l'air de rien avec ses cheveux? Et ce regard totalement innocent qui se pose sur elle... Elle remue et s'interrompt. Non. Elle en crève d'envie, il s'amuse depuis tantôt à distiller ça et là des petites douceurs anodines qui ont le don de garder ses sens en alerte, mais non. Il joue à faire durer l'interlude? Elle aussi. Elle son contente de se réinstaller un peu plus confortablement et entremêle ses jambes aux siennes.

- Quand j'avais neuf ans, j'étais loin, très très très loin d'être la jeune fille qu'on espérait que je sois. On était quinze dans la famille et je traînais toujours avec mes frères. Ma mère ne savait plus quoi faire de moi. Je détestais la couture, je ne voulais rien savoir de cuisiner, et je passais le plus clair de mon temps à courir la campagne plutôt que d'apprendre à être une bonne femme d'intérieur. Je ne sais plus pour quoi exactement mais j'ai fini par être enfermée dans la maison, en guise de punition, pendant plusieurs jours. Une torture, une véritable torture. Et puis un matin tout le monde est parti : une partie de la famille à Usson pour le marché, et l'autre dans les champs pour travailler. Je me suis retrouvée toute seule dans la chambre des filles. J'ai pris des draps, je les ai noués entre eux pour me faire une corde et je me suis enfuie par la fenêtre. Ils n'ont remarqué mon absence qu'on moment du repas du soir. Le soleil se couchait, alors à part hurler mon nom autour de la maison, ils n'ont rien pu faire avant le lendemain. Elle rit. Quelle peur elle avait du leur faire. Elle ne les avait même pas entendus l'appeler, elle était trop loin.

Elle reprit. De mon côté j'avais passé une partie de la journée dans la forêt. Je m'étais gavée de baies, c'était la belle saison pour ça, et j'avais même bricolé un collet après avoir repéré une piste. Mon père m'avait montré comment faire. Je me suis endormie contre un arbre, et au petit matin, j'avais un magnifique lièvre qui m'attendait. J'étais tellement fière que je n'avais qu'une envie : rentrer leur montrer ma prise. Je suis arrivée comme une fleur à la maison. Un peu sale mais indemne. Avec un lièvre vivant sous le bras. J'avais pas eu le courage de le tuer, il était tellement doux. Je lui avais parlé pendant tout le chemin du retour en lui disant de ne pas s'inquiéter et qu'il aimerait notre ferme. Ma mère était tellement en colère qu'elle lui a rompu le cou. J'ai rarement autant pleuré... Quelques jours plus tard, mon père avait décidé que m'enfermer ne m'apporterait rien de bon et que j'apprendrais bien mieux à ses côtés, dehors. Il avait assez de filles pour s'occuper de la maison et trop peu de gars pour les champs, alors j'ai travaillé comme mes frères... pour finalement réaliser que chaque lièvre qui arrivait sur cette ferme était finalement tué et consommé par la famille. Pauvre Patapon. Moi qui voulais lui offrir une belle petite cage.

Air faussement navré pour la petite créature que, par la grâce des Trois, elle n'avait pas été obligée de dépouiller. Maintenant, elle cultivait les baies autour du verger pour ne pas avoir à courir la forêt, où le danger pouvait se cacher derrière n'importe quel arbre. Le goût n'était pas tout à fait le même. Elle hausse un sourcil.

- Oh pardon... tu voulais des indiscrétions et je te raconte les aventures trépidantes de la jeune Dumas. Je suis désolée, je vais devoir passer mon tour ce coup-ci. J'ai peur que mes petits secrets ne te fassent fuir. Le ton est léger, presque moqueur. Elle se retient de rire et se redresse pour attraper la bouteille d'alcool dont elle prend une gorgée.


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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyLun 13 Jan 2020 - 5:17
« J'imagine que c'est une question de circonstances. Elle doit faire plus peur quand je débarque avec une bande de pirates épée au poing, l'expression menaçante, que si j'entre dans une auberge en étant d'humeur guillerette. »

Darius hausse vaguement les épaules. Il est aussi habitué à sa cicatrice et il a même appris à l'aimer, étrangement. Elle fait partie de qui il est. Et elle plait aux femmes en général – dont Mathilde, visiblement. Ça ne gâche rien... Merci, Isak!

Darius réclame une histoire de la part de la belle fermière et celle-ci choisit aussi de lui raconter un épisode de son enfance. Il apprend qu'elle est issue d'une famille de quinze – une armée! – et que, dans sa jeunesse, elle a donné bien du fil à retordre à sa mère en refusant d'être comme les autres jeunes filles. Il sourit en coin en imaginant cette petite Mathilde fuguer grâce à sa corde de fortune, puis partir à l'aventure dans la forêt pour manger des baies et chasser le lièvre. Il se dit que s'il l'avait connue à cette époque – elle semble avoir sensiblement son âge, peut-être est-elle légèrement plus ou moins âgée -, il aurait probablement réussi à la convaincre de faire les quatre cents coups avec lui. Ils se seraient sans doute fait pincer des tonnes de fois et ils auraient été punis autant de fois. Et ils auraient malgré tout recommencé.

« Patapon, pouffe-t-il. Très mignon... Dommage que son histoire ne s'est pas terminée aussi bien que la tienne. Elle a été avantageuse pour toi, ta petite fuite improvisée... Et après on dit que de sortir du rang n'apporte jamais rien de bon. »

Darius la regarde avec amusement. Elle a toujours été là, au fond, la Mathilde qui fait un pied de nez aux convenances, qui plonge tête première dans le danger, qui veut vivre à sa façon. Tandis qu'il la regarde, il a du mal à la visualiser mener une vie rangée avec un mari ordinaire, une existence sans aventures, sans surprises, sans sensations fortes. Mais peut-être a-t-elle aimé cette vie simple, sans trop d'insécurités – à défaut d'avoir des sentiments pour son mari, sans doute. Peut-être qu'elle aimerait parfois retrouver cette tranquillité, même si elle a pu devenir indépendante après l'arrivée de la Fange. Ou peut-être pas. Peut-être qu'elle veut seulement continuer à fréquenter des pirates, aussi, et que si on lui donnait le choix, elle ne retournerait pas à la Mathilde qu'elle présentait avant.

Mathilde hausse un sourcil et explique qu'elle ne lui partagera pas d'indiscrétions parce que celles-ci pourraient le faire fuir. Le torse de Darius se soulève dans un rire étouffé. Elle ne veut pas l'effrayer... C'est évidemment la raison de sa retenue. Évidemment.


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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyMar 14 Jan 2020 - 2:44

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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyMar 14 Jan 2020 - 5:20

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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyMar 14 Jan 2020 - 16:36


Tu as réussi à éteindre la chandelle avec ta folle chevauchée. Mathilde sourit. C’est ton souffle d’homme qui lutte pour repousser encore un peu le moment fatidique qui l’a éteinte. Ce souffle est très agréable, dans mon cou. Elle rit doucement et ferme les yeux. Comment deux étrangers peuvent-ils si bien s’entendre à la faveur de la nuit? Comment peuvent-ils déjà se connaître aussi bien que de vieux amants au point de partager l’instant de jouissance dans une communion parfaite? Comment peuvent-ils déjà ne plus vouloir se séparer? Attention, Mathilde. C’est un homme charmant, jusqu’à ce qu’il remette son costume de pirate. Une fois qu’il passera le seuil de cette porte, il redeviendra tout ce que tu exècres. Un parasite. Un pilleur. Sans scrupules. Un sombre connard qui détourne le fruit du travail des honnêtes gens pour soutirer des biens à d’autres honnêtes gens. Un homme qui n’hésite pas à tuer.

Un charmant sombre connard. Qui n’a peut-être pas connu d’autre voie que celle de la piraterie. Qui a grandi avec pour unique but de reprendre les activités de son oncle, avec son cousin qui est comme un frère pour lui. Mathilde songe que la notion de droit chemin est finalement un simple héritage transmis par les générations. Pour certains, il s’agit d’être bon avec son prochain, de suivre les lois et les règles, de travailler durement et d’être reconnaissant pour chaque jour qui se lève. Pour quelqu’un comme Darius, peut-être est-ce de mener à bien l’affaire familiale, de permettre à d’autres marins et à leur famille de vivre décemment et d’être plus ou moins clément avec les autres.

Tu me donnes pas envie de repartir demain. Tant mieux, se dit-elle. Est-ce qu’au moins je te donne envie de revenir vite? murmure-t-elle. Elle ne le retiendra pas, elle ne peut pas le faire. Ils ont chacun leur vie, chacun leur élément. Il appartient à la mer houleuse et au vent salin qui claque dans les voiles. Elle est une femme de la terre et des brises légères aux odeurs d’humus et de fleurs. Leurs chemins se sont croisés par hasard, parce qu’un beau matin, la terre a décidé de rencontrer la mer. Cela n’aurait jamais dû arriver. Tout les oppose. Leurs mystères, leurs valeurs, leurs éléments, leurs vies. Et pourtant. Isak m’en voudrait si je te retenais pour une histoire de panais. Je voudrais pas qu’il soit jaloux dit-elle en souriant.

La pluie s’est tue. Mathilde aussi. Sa respiration est profonde, régulière. Son corps est complètement détendu, lové contre celui de son amant. Elle s’est endormie.

***

Bruit de la porte qui se referme, en bas. Le jour se lève à peine. Mathilde est déjà levée, a pris le temps de faire sa toilette, a relevé ses cheveux dans un chignon soigné et a glissé un brin de lavande en son centre. Elle s’est habillée de la même robe que la veille, un peu chiffonnée par la nuit qu’elle a passée à terre mais qui conviendra très bien pour la journée aux champs. Par mesure de précaution, elle est montée dans l’autre chambre, qui occupe la moitié de l’étage, pour défaire une paillasse et offrir à d’éventuels curieux la confirmation qu’elle a passé sa nuit seule. Mathilde soigne ses secrets.

Une délicieuse odeur de beurre fondu et d’œufs qui cuisent s’élève dans la chaumière. Le lait fraîchement trait est encore chaud. Elle y ajoutera une pointe de miel, par gourmandise. En temps normal, elle aurait sans doute préparé un petit paquet de galettes d’avoine, mais elle n’en a pas eu le temps. Elle ne sera donc pas la bonne femme de pirate qui ravitaille son compagnon avec des vivres de la maison. Accroupie près des braises, elle surveille la cuisson des œufs en chantonnant. Si Darius se lève, il pourra manger à table. Sinon, elle ira le réveiller en riant, à la manière d’Isak, avant de lui offrir un petit déjeuner au lit.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyMer 15 Jan 2020 - 0:56
Est-ce qu’au moins je te donne envie de revenir vite? La réponse est simple : oui. Et c’est ce que Darius, sans s’embarrasser de formules quelconques, murmure à l’oreille de Mathilde. Un oui pur et simple qui dit tout. Elle lui donne envie de revenir. Pour partager de nouveau sa couche, oui, mais surtout partager d’autres moments aussi uniques qu’inattendus. Un baiser dans une barque au milieu de la mer. Un repas silencieux à ses table. Une sieste improvisée dans sa grande. Des histoires et des confidences de toutes sortes sur l’oreiller. Des moments à être eux-mêmes, qui ils sont lorsqu’ils ne sont pas Darius le pirate et Mathilde la fermière. Des instants d'accalmie et félicité si précieux dans un monde comme le leur, où la mort attend à chaque détour.

Dans l’obscurité qui les enveloppe, Darius sourit à la remarque de Mathilde concernant Isak.

« Pas besoin de t'en faire… Isak a bon caractère », répond-il moqueusement.

Peut-être aimerait-il être retenu. Juste un jour, le temps de profiter encore de la présence de Mathilde, de son rire, de son regard noisette teinté de malice, de ses histoires, de son sens de la répartie, de ses baisers, de ses étreintes. Peut-être peut-il s’attarder. Il y songe en écoutant le respiration régulière de son amante, totalement détendue dans ses bras. Mathilde ne bouge plus, ne dit plus rien. Darius comprend qu’elle s’est endormie et, même s’il lui a promis de la tenir éveillée toute la nuit, il la laisse à son repos. Ce n’est pas la première promesse qu’il brise, de toute façon.

Darius reste éveillé un moment. Son esprit vagabonde entre le passé et le présent, entre la mer et les champs, entre lui et Mathilde. Un frisson inexplicable lui parcourt l’échine. Il n’essaie pas d’en identifier la source. Il se contente de faire le vide et de se laisser emporter par le sommeil, au cogne à sa porte depuis de longues minutes déjà. Et il est bien.

***


« Mmrhm… j’arrive… »

C’est ce à quoi Mathilde a droit lorsqu’elle quitte les bras de Darius. Il ne se lève toutefois pas immédiatement, profitant du sommeil confortable que lui offre le refuge. Pendant que Mathilde se prépare, il bouge dans le lit et marmonne à quelques reprises. Bien peu de ce qu'il dit est intelligible. Une fois, par contre, il semble parler à un enfant du nom de Dagher – il lui grommelle vaguement d'arrêter de filer ses carottes à sa sœur... ou quelque chose du genre.

Darius paresse quelques instants encore avant d’ouvrir l’œil. Couché à moitié dans les couvertures, il hume la bonne odeur de nourriture qui se dégage du rez-de-chaussée. Il constate alors que Mathilde a quitté la chambre et écoute celle-ci s’activer dans la cuisine, chantonner en préparant le repas. Il passe une minute ou deux ainsi à s'imprégner de cette atmosphère calme et simple, puis décide de se lever pour aller rejoindre la fermière. Il retrouve sur le sol le pantalon que Mathilde s'est hâtée de lui retirer la veille et l'enfile. Il ramasse ensuite son épée et sa dague, puis descend l'échelle.

En arrivant dans la cuisine, Darius voit que Mathilde est accroupie près de l'âtre en train de surveiller la cuisson de ce qui sent comme des œufs. Il la regarde et lui sourit. Elle est déjà habillée et coiffée – elle est jolie avec son chignon, mais il regrette un peu de ne pas voir sa belle chevelure sombre couler dans son dos.

Darius va déposer ses armes sur la table tout en jetant un coup d'œil à l'extérieur. Le soleil n'est pas encore tout à fait levé, mais il se doute que les gars de Mathilde ne vont pas tarder à revenir d'Usson pour commencer leur journée de boulot. Il vaut donc mieux être présentable, au cas où l'un d'eux ne résisterait pas à l'envie de passer sa tête par la fenêtre pour s'assurer qu'il n'a pas assassiné la belle fermière.

En passant près de Mathilde pour aller récupérer ses vêtements, Darius laisse traîner sa main contre sa nuque et la laisse dévier brièvement contre son dos. Un bonjour silencieux avant qu'il poursuive sa trajectoire pour prendre son pantalon et sa chemise, qui sont maintenant secs. Après s'être placé dans un angle mort pour les potentiels curieux observateurs, il retire le pantalon emprunté, met le sien, puis se glisse dans sa chemise. Il ajuste le tout rapidement et passe une main dans ses cheveux pour les dompter – une technique éprouvée, visiblement, car ils ne portent plus les traces laissées par une nuit d'étreintes et de sommeil.

Une fois décent, Darius vient retrouver Mathilde. Quand elle se lève – probablement pour faire il ne sait quoi -, il vérifie brièvement qu'elle n'a rien de dangereux entre les mains et l'enlace pour l'embrasser. Un deuxième bonjour, un vrai, cette fois-ci. Une salutation en bonne et due forme entre deux amants. Enfin, entre deux amants qui sont plus que des amants sans trop savoir ce qu'ils sont réellement. Mais bref.

« Tu t'es lâchement endormie, belle fermière, lui reproche-t-il faussement, moqueusement. À cause de toi, j'ai dû briser une première promesse. »

Darius se détache d'elle et va s'appuyer dos au comptoir. Il voit la cruche d'eau et attrape un petit gobelet plus loin pour s'en servir. Il demande du regard à Mathilde si elle en veut et, si c'est le cas, il remplit un deuxième gobelet et le lui tend. Il fait comme s'il était chez lui, sans sembler se demander ce qu'il peut faire ou non dans cette demeure. La question ne se pose pas pour lui.

« Il fait beau, ça va changer des derniers jours, dit-il en s'attardant brièvement le ciel, qui se colore tranquillement, mais sûrement de teintes de bleu. J'imagine que tu as pas mal de travail à abattre avec tes gars aujourd'hui? »

Un regard, une question silencieuse. As-tu encore un peu de temps pour un pirate, belle fermière? Est-ce que je dois manger, prendre mes affaires et partir sans attendre, sans savoir quand je vais revenir?
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] - Page 2 EmptyMer 15 Jan 2020 - 3:10
Mathilde est plongée dans ses pensées lorsque Darius descend l'échelle. Elle l'entend, d'une oreille, mais ne bronche pas, même lorsqu'il caresse sa nuque. Qu'est-ce qu'elle va bien pouvoir lui dire? Faire? Ça se passe comment un matin avec un pirate qui repart piller des bateaux? Un bisou et s'en va pour trois ou quatre mois de mer? Elle n'est pas son épouse, tout au plus est-elle sa maîtresse, son amante. Avec un début de complicité. Non Mathilde, c'est bien plus que ça, tu le sais. Tu le sens. D'accord... peut-être le début d'une histoire qui s'annonce compliquée.

On se retrouve à l'entrepôt dans deux jours. Là-bas, à Marbrume, elle savait qu'elle le reverrait. Elle savait quand. Mais là... Combien de temps attendra-t-il avant de revenir? Deux jours? Deux semaines? Deux mois? Reviendra-t-il pour la voir, ou bien parce qu'il a besoin de son aide pour recoudre une blessure? A moins qu'elle ne fasse en sorte de ne pas trop attendre. Elle pourrait trouver un milliard de prétextes pour qu'il revienne, ou même pour qu'il reste. Elle ferme les yeux. Non. Elle ne doit pas le retenir. Elle ne peut pas. Elle va simplement profiter de l'instant présent, c'est ce qu'elle peut faire de mieux. S'il ne revient pas, il restera un agréable souvenir qui occupera ses nuits solitaires. Allez Mathie, c'est pas le moment d'être triste. Triste? Pourquoi le serait-elle?

Elle se relève pour aller chercher un linge dont elle entourera la poignée de la poêle dans laquelle les oeufs cuisent. Elle sursaute presque. Darius est sur son chemin. Comme par hasard! Elle ne l'avait pas vu approcher, trop occupée à se perdre dans mille et un questionnements. Elle sourit alors qu'il l'enlace pour l'embrasser. Un doux baiser, tendre à souhait, sans autre désir que celui de se retrouver l'un contre l'autre pour un instant seulement. Ses doigts se perdent dans sa chevelure abondante. Salut beau brun. C'est une belle façon de commencer la journée, elle pourrait s'y faire. Si les lèvres se séparent, Mathilde traîne un instant dans les bras de Darius. Finies les idées tristes, un baiser suffit à les faire s'envoler.

J'ai dû briser une promesse lui dit-il, non sans laisser sous-entendre que c'est de sa faute à elle. Évidemment, elle s'est endormie comme une masse, mais quel être humain aurait été capable de ne pas s'endormir après tant d'aventures? Et de caresses, Mathilde.Elle le regarde malicieusement, un sourire amusé aux lèvres. J'ai simplement mis au point un plan machiavélique pour t'obliger à revenir, afin que tu la tiennes, cette promesse. Tu es tombé dans le piège, amateur. Battement de cils et sourire triomphal. Évidemment il n'en croira pas un mot, même s'il y a un fond de vérité là-dedans : il y aura peut-être d'autres nuits sans sommeil, et d'autres matins tendres. Elle le souhaite. Elle sait que c'est le genre de chose qu'elle ne doit pas espérer, mais ce matin, elle ne peut pas s'en empêcher.

Mathilde profite du fait que Darius verse de l'eau dans deux gobelets pour attraper un linge et l'enrouler autour de la poignée de la poêle qu'elle ôte des braises. Elle les laissera mourir, pour ne pas surchauffer la maison en cette dernière journée d'août. La poêle rejoint la table sur laquelle trônent déjà deux tranches de pain et du lait. De quoi remplir l'estomac d'un vaillant marin avant qu'il ne rejoigne l'amour de sa vie : l'océan.

Mathilde prend le gobelet que lui tend un Darius dont la conversation est étrangement anodine. J'imagine que tu as pas mal de travail à abattre avec tes gars aujourd'hui? Elle plisse les yeux, croit saisir un regard empli de questions et penche la tête sur le côté en fronçant les sourcils. Elle répond sur un ton quasi monocorde On laisse les champs se reposer après la pluie, pour éviter de tasser la terre autour des légumes. C'est mauvais pour les racines. Les gars vont surement travailler à aménager leur dortoir, et on va probablement planifier les récoltes et les dernières plantations. Ils devraient bientôt arriver, à moins qu'ils ne déjeunent à Usson. Elle a répondu à sa question, mais pas à l'autre, celle qu'il tait, celle qu'elle croit deviner. Elle s'approche de lui et l'enlace de nouveau. Elle le regarde un instant, caresse sa joue, joue avec les poils de sa barbe et finit par murmurer Tu n'as pas besoin de prétextes pour rester, tu sais. Si tu as envie de traîner un peu par ici... C'est ton refuge, rien ne dit que tu dois partir dès le lever du soleil. Elle se hisse sur la pointe des pieds et lui vole un baiser du bout des lèvres. Après tout, il paraît qu'Isak a bon caractère. Elle rit doucement... et se tait. Un instant seulement.

Derrière son petit sourire amusé se cache une évidence qu'elle n'a pas envie de taire. Les silences, les regards complices, c'est bien un moment, mais parfois exprimer les choses a quelque chose de bon. Je ne veux pas te retenir, Dar. Je sais que tu as des choses à faire, des choses dont je ne veux pas spécialement entendre parler parce que ça ferait de moi la complice d'activités qui sont à l'opposé de mes valeurs, mais je comprends que tu doives partir à un moment donné. Aujourd'hui, et à chaque fois que nos chemins se croiseront, je prendrai le temps que tu as à m'accorder. Une heure, un jour, une semaine. Je te laisserai partir parce que je n'ai pas envie d'être une obligation ou un poids encombrant. Je veux, j'espère que tu aies envie de venir, et que tu débarques tel que tu es, avec ton petit sourire charmeur, tes yeux pétillants, ton allure nonchalante et tes petits mystères que tu me permettras d'élucider, de temps en temps. Parce que tu me plais beaucoup, tel que tu es, même quand tu fais des trucs que ma morale devrait totalement réprouver... Enfin pas quand tu tabasses à mort quelqu'un, là c'est juste affolant, mais... Elle rougit. Elle s'embrouille. Ce n'est pas tout à fait ce qu'elle voulait dire, et elle a l'impression de s'enfoncer complètement dans un océan de mièvrerie face à un homme qui va simplement boire son verre d'eau et partir sans se retourner. Et si elle s'était trompée? Et si elle avait cru comprendre quelque chose qu'il ne pensait absolument pas. Elle soupire et baisse les yeux. Merde. Autant aller jusqu'au bout, personne n'est mort d'avoir été ridicule un jour, si? ... le fait est que tu me plais, et que j'espère encore pouvoir te découvrir et euh... explorer ce petit lien que je crois qu'il y a entre toi et moi.

Mathilde se tait et cale son verre d'eau en souhaitant qu'il se soit transformé en eau-de-vie bien forte. Manqué. Darius lui répondra certainement quelque chose, avant qu'elle ne finisse par lui dire de s'asseoir à table pour manger avant que ça ne soit froid. A ce moment-là, peut-être, la discussion ne portera plus sur la pluie, le beau temps ou le compactage des racines.
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